Le Secrétaire du Conseil Pontifical pour la Famille répond à Famille chrétienne :
"Le mouvement
né en France le 13 janvier est-il observé attentivement à Rome ?
Non seulement ce qui s’est passé le 13 janvier a
été observé à Rome avec la plus grande attention, mais le mouvement qui a été
enclenché a suscité admiration et espérance. La mobilisation contre le
soi-disant « mariage pour tous » a montré qu’aucune force de
dissuasion n’est en mesure d’empêcher une personne d’agir selon sa conscience
et de refuser d’agir contre elle. Se mobiliser ainsi dans une démarche
collective, et de façon pacifique, est un service éminent au bien commun de la
société. Cela contribue à sauvegarder une véritable culture de l’amour et de la
vie. C’est l’honneur des citoyens de vouloir défendre le bien commun, et c’est
l’honneur des chrétiens que de vouloir participer à cette défense. Pour ce motif, je ne peux qu’encourager tous
ceux qui le pourront à être présents le 24 mars pour manifester dans le même
esprit que le 13 janvier. J’ajoute que tout chrétien est un citoyen à part
entière, et le souvenir de son baptême ne peut que le stimuler à être
exemplaire aussi dans l’édification d’une société juste.Comment
résister politiquement en France à l’idéologie du gender, qui réclame et obtient des « droits » de Londres
à Buenos Aires ?
Il s’agit de montrer le caractère fallacieux des
arguments juridiques qui veulent fonder ces prétendus droits. L’invocation du
principe d’égalité est en ce sens une véritable imposture juridique, car
l’égalité entre deux personnes ne peut se référer qu’à leur dignité personnelle,
et non à des droits relatifs. Se marier est un droit, certes, mais c’est une
démarche publique soumise à des conditions, la première étant de s’unir dans
une communauté de vie et d’amour avec une personne diversement sexuée, en vue
de fonder une famille. Deux personnes de même sexe ne peuvent prétendre accomplir
une telle démarche, sauf à changer le sens et la nature même de l’institution
du mariage, ce qui ne peut se faire que par une violence législative, comme on
peut l’observer aujourd’hui dans le cas de la France. Les premières victimes
sont les enfants privés arbitrairement et a priori de la présence d’un père et
d’une mère. Leur intérêt n’est simplement pas pris en considération.Il convient de résister en face d’une telle
violence qui se dissimule derrière des apparences de tolérance. Pour résister,
il convient de s’engager dans des associations, de travailler avec d’autres, et
d’exercer une grande vigilance à l’égard de ce qui est enseigné aux jeunes et
aux enfants. Je rappelle que c’est à la suite d’une protestation de parents
d’élèves scandalisés de ce qu’ils venaient de découvrir dans les programmes
scolaires de Sciences de la Vie de la Terre (SVT), que le débat sur le gender a été ouvert en France. Il y a
urgence à lire, à s’informer et à approfondir les thèmes relatifs au mariage et
à la famille. Toutes les initiatives dans cette direction sont les bienvenues.
Quant le débat démocratique est absent , il est alors légitime de dire
publiquement son désaccord.Comment l’Eglise peut-elle fédérer des
populations hétérogènes autour d’exigences éthiques et anthropologiques ?
La liberté d’expression vous semble-t-elle restreinte sur ces sujets, par des
lois comme celle sur l’homophobie ?Les chrétiens, quand à eux, doivent prendre
l’habitude d’interpeler leurs députés et sénateurs chaque fois que les questions
débattues contiennent un enjeu important. Cela vaut pour l’institution du
mariage, pour la défense et la protection de la vie humaine , du moment de la
conception à la mort naturelle, sans oublier toutes les questions liées à la
fin de la vie ; en particulier les projets de légaliser l’euthanasie
doivent nous maintenir vigilants. Parmi toutes les questions agitées
aujourd’hui, le gender revêt une
importance spécifique, car il touche aux structures les plus fondamentales de
la nature humaine dans son altérité, et remet en cause le droit des enfants à
être accueillis dans un foyer constitué par un père et une mère. Il y a donc un
engagement nécessaire pour éviter toute discrimination grave à l’égard des
enfants. Ces impératifs, les chrétiens les partagent avec tous les hommes de
bonne volonté.Il y a enfin une tentative de réduire la liberté
d’expression des citoyens en les culpabilisant par de nouvelles normes morales
qui, parce qu’elles ne sont pas définies rigoureusement à partir de la loi
naturelle, les marginalise arbitrairement. On a entendu des responsables
politiques dire que n’être pas d’accord avec le « mariage gay » était
une expression d’homophobie ! Il y a dans ces procédés une atteinte grave
à la liberté des citoyens. Quand cela touche des questions aussi fondamentales,
il est légitime et parfois nécessaire moralement d’invoquer l’objection de
conscience."