Mgr Kalist, évêque de Limoges, publie un texte sur le mariage :
"«L'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme et tous
deux ne feront plus qu'un» (Mt 19,5). Ces paroles de Jésus, citant le
livre de la Genèse (Gn 2,24) en réponse à ceux qui le questionnent au
sujet du mariage, sont souvent choisies par les fiancés qui préparent la
célébration de leur union à l'église. Ils y reconnaissent une
expression de leur projet commun, bâti selon le projet de Dieu qui «les
fit homme et femme» (Gn 1,27).A l'écoute de l'Evangile, l'Eglise
catholique retient que l'union d'un homme et d'une femme, constituant
une communauté de vie et d'amour, en toute liberté, dans le don
réciproque de soi-même et dans une fidélité totale, est un chemin de
bonheur et de fécondité qui ouvre à la transmission de la vie, à la
capacité de mettre au monde et de faire grandir un être humain, et de
lui permettre de trouver sa place dans la société, dans une juste
relation aux autres.C'est pourquoi l'Eglise catholique s'oppose au
projet de loi sur l'accès au mariage et à l'adoption pour les couples
homosexuels, qui a été présenté le 7 novembre 2012 au conseil des
ministres, et qui sera débattu au Parlement en janvier 2013. Mais en
s'opposant à ce projet, elle ne cherche pas à défendre «sa» vision
religieuse du mariage. Elle souhaite seulement servir la société
française, dans laquelle les chrétiens vivent en citoyens, se rappelant
que, selon Gaudium et Spes, l'institution du mariage est «en vue du bien
des époux, des enfants et de la société» (n° 48).Il s'agit donc
aujourd'hui d'alerter la société sur les enjeux et les risques d'un tel
projet de loi. Le Conseil «Famille et société» de la Conférence des
Evêques de France a publié fin septembre un document de réflexion
intitulé «Elargir le mariage aux personnes de même sexe ? Ouvrons le
débat». Ce document fait
le point sur la question, développe des arguments, et conclut en
appelant à chercher une solution «qui fasse droit à la demande de
reconnaissance des personnes homosexuelles sans pour autant porter
atteinte aux fondements anthropologiques de la société». Car le
véritable enjeu, au-delà d'une réforme du droit matrimonial pour
satisfaire des revendications particularistes, c'est aussi, par
contrecoup, une profonde mutation concernant la filiation, l'identité de
la personne, le statut des époux, des parents et des enfants. Peut-on
construire durablement une société où chacun cherche d'abord à
satisfaire ses propres désirs, au mépris de l'intérêt commun ? Le
cardinal Vingt-Trois, dans son discours d'ouverture de la dernière
Assemblée plénière des Evêques à Lourdes, affirmait que le prétendu
«mariage pour tous» n'est que le «mariage de quelques-uns imposé à tous.De
nombreux fidèles se demandent quelle conduite tenir, devant
l'arbitraire de ce projet idéologique. Il faut assurément continuer de
rendre témoignage à la Bonne Nouvelle du mariage selon le projet de
Dieu. Il importe que les disciples du Christ offrent sans concession
l'image du modèle familial dont ils se recommandent, en matière de
fidélité et de natalité, de choix éducatifs et d'éveil à la foi, de
rapports entre les différentes générations. Mais il importe également
qu'ils refusent toute parole ou comportement discriminatoire, et qu'il
manifestent, à l'égard des personnes qui vivent d'autres réalités ou
qui font d'autres choix, comme à l'égard de leurs proches, une plus
grande attention fraternelle.D'autre part, sur une aussi grave question de société, il est nécessaire que les catholiques appellent
au débat public et y fassent entendre leur voix. Peut-on se contenter
de dire : «c'est la promesse du candidat Hollande et l'élection de
celui-ci à la Présidence de la République vaut ratification par le
peuple français», comme si voter pour un programme impliquait la pleine
acceptation de tous les éléments qui le composent ? Il serait indigne
d'un pays démocratique de faire passer si vite une loi qui déplace si
profondément les repères de toute la société, en l'absence de véritable
concertation. Il est encore temps de saisir les parlementaires, les
maires et les élus locaux, les responsables d'associations familiales.
D'autres moyens d'action, manifestations publiques notamment, sont
organisés par divers mouvements ou associations. Que les catholiques
prennent les initiatives qui leur semblent opportunes, individuellement
et collectivement. Que chacun cependant agisse avec discernement et
prudence, en évitant les pièges d'une récupération politique.Par-dessus
tout, il convient que l'engagement des fidèles du Christ soit porté
dans la prière. Nous approchons du temps de l'Avent, temps préparatoire à
Noél, fête de la naissance, fête de la vie donnée et reçue dans un
parfait consentement au projet de Dieu pour le salut du monde. Ce temps
sera marqué, dans notre diocèse, par une proposition significative.
Chaque vendredi de l'Avent, à commencer par la veille du 8 décembre, les
fidèles qui le souhaitent pourront se joindre à la veillée de prière et
de jeûne organisée pour la famille et pour la vie, sous la
responsabilité du Service diocésain de la Pastorale familiale, et avec
la participation des différents mouvements et associations catholiques
que le Service diocésain sollicitera à cet effet. Cette proposition sera
diffusée auprès de toutes les paroisses du diocèse, qui recevront
prochainement un schéma de célébration, afin de pouvoir s'associer à ces
temps forts. La Veillée pour la vie, qui aura lieu à Limoges, en
l'église Saint-Pierre du Queyroix, le 7 janvier 2013, au lendemain de
l'Epiphanie, montrera la détermination des fidèles du Christ à continuer
le combat spirituel au cours de la nouvelle année."