En perspective de la session pour couples Louis & Zélie Martin, du 26 au 29 août à Notre-Dame du Laus, animée par Mgr Livio Melina, ancien président de l’Institut Jean-Paul II, sur le thème « La famille, demeure de l’amour et de la miséricorde », nous avons interrogé Mgr Melina :
Comment construire la vie de famille sur le roc ?
La pierre sur laquelle la famille peut être construite est la mise en pratique de la Parole que Dieu nous a adressée. Par extension, je dirais que ce roc c’est aussi la reconnaissance que l’amour n’est pas seulement un sentiment passager, issu du hasard et de la nécessité, mais qu’il s’agit d’une vocation, d’un appel qui peut façonner la totalité de la vie d’une personne dans le temps qui passe. Cela signifie que notre réponse à une telle vocation ne peut être qu’un don de soi renouvelé, engageant la liberté dans le temps, avec une dimension publique et avec une référence transcendante à Dieu, l’origine de l’appel. Olivier Clément s’est demandé: comment puis-je, moi qui change constamment dans le temps, promettre d’être fidèle pour toujours à une autre personne, aussi fragile que moi, qui change aussi dans le temps ? Et il répondit : je peux le faire si j’aime en elle non pas ce qui passe, mais ce qui demeure, ce qui est éternel, le “nom” intime et secret que Dieu lui donne, écrit comme sur un caillou blanc (cf. Ap 2,17).
Que diriez-vous aux couples qui désespèrent devant les difficultés qu’ils rencontrent ?
La tentation de désespérer face aux difficultés de la vie devient insurmontable quand on perd la mémoire du don reçu et quand on se sent seul face aux épreuves. Il est possible de trouver l’espérance dans les difficultés si nous n’oublions pas les débuts, ces débuts que non pas nous mais Dieu a placés dans la rencontre et qui sont devenus définitifs dans le sacrement célébré. Aux familles en difficulté, saint Jean-Paul II écrivait dans une lettre en 1994 : “N’ayez pas peur : l’Époux est avec vous !”. En d’autres termes, l’Époux met toujours à la disposition des époux chrétiens les réserves de son amour inépuisable pour l’Église, un amour scellé sur la croix.
Il est également décisif d’être accompagné et soutenu dans une communion fraternelle de personnes, issues d’autres familles, qui, sans violer la confidentialité et l’intimité nécessaires, savent rappeler prudemment l’objectif dans les moments de crise et offrir leur aide si nécessaire.
Que diriez-vous aux jeunes adultes qui cherchent à construire sur du solide ?
Apprendre à aimer à l’école de Jésus signifie apprendre à se donner, sans chercher en premier lieu à sauver sa propre vie, car “celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera” (Mc 8,35).
Comme je l’ai déjà dit, le mariage et la vie familiale ont la nature d’une vocation, dans laquelle la primauté doit être donnée à la mission, à la tâche objective. Paradoxalement, si vous faites cela, vous atteignez également le bonheur subjectif. Je porte dans mon cœur le témoignage de mes parents, qui pendant de nombreuses années ont peiné tous les jours avec une famille nombreuse à s’occuper et peu de moments pour eux ; et je me souviens de leur vieillesse quand ils ont enfin eu le temps de se regarder dans les yeux, mais avec la sérénité d’avoir accompli leur mission et la joie des fruits qu’ils ont récoltés.
Apprendre à aimer, c’est apprendre à promettre et à être fidèle à la promesse. Mais nous pouvons promettre parce que nous sommes avant tout l’objet d’une promesse, qui façonne notre avenir. Saint Paul nous dit que Jésus est le oui définitif de Dieu à toutes les promesses, à celles de la création, que nous portons dans notre cœur, et à celles de l’ancienne alliance (cf. II Co 1,20). Sur cette promesse accomplie, nous pouvons nous aussi faire confiance et promettre à notre tour.