Extrait de l’entretien du cardinal André Vingt-Trois du 21 novembre sur Radio Notre-Dame.
"Quarante ans, cela fait une génération, donc on a un peu de recul par rapport aux intentions exprimées par la loi Veil et aux espérances qu’elle avait pu susciter chez un certain nombre de gens. On voit qu’elle n’a pas répondu à cet objectif. Si l’on considère, ce qui est toujours sujet à discussion, que les chiffres donnés au moment de la loi Veil sur les avortements clandestins -c’est toujours difficile de déchiffrer les avortements clandestins par définition- mais enfin, si on accepte les chiffres donnés à ce moment-là, on s’aperçoit que contrairement au souhait qui avait été exprimé par Mme Veil et par la loi qu’elle a fait voter, les avortements ne sont pas en régression. Et donc, le fait d’avoir dépénalisé l’avortement n’a pas été une mesure palliative, cela a été au contraire une mesure incitative.
Deuxièmement, c’est la dérive qui s’est produite depuis la loi de dépénalisation jusqu’à l’affirmation de l’avortement comme un droit fondamental de la liberté féminine. Or l’avortement, que je sache, n’est pas simplement une question qui concerne le corps des femmes, c’est une question qui concerne un couple, qui concerne au moins deux personnes, et qui concerne l’ensemble de la société. Et donc présenter l’avortement comme un acte égalitaire et libérateur, c’est une entreprise idéologique mais elle ne résiste pas à l’examen.
Troisièmement, c’est l’oubli, l’occultation et la dissimulation complète des conséquences tragiques de l’avortement que nous connaissons bien quand on rencontre des femmes qui l’ont subi."