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Michel Wieviorka : fragments d’une pensée flagorneuse et inquiétante d’un intellectuel macronien

Michel Wieviorka : fragments d’une pensée flagorneuse et inquiétante d’un intellectuel macronien

Pourquoi diantre Michel Wieviorka ? Parce que, si vous avez regardé ne serait-ce qu’un instant le show du télé-évangéliste de l’Elysée avec 64 intellectuels, le 18 mars 2019 (https://www.dailymotion.com/video/x74fk8z), vous n’avez pas pu le manquer avec son air de grand-père attentif : assis juste à droite du président (donc à gauche sur votre écran), mais un rang derrière, il a pu figurer sur tous les cadrages centrés sur E. Macron ; un peu comme un ange tutélaire ou un aide de camp à disposition. En bonne place en tout cas.

Et puis parce que son nom revient souvent dans Histoire de l’islamisation française 1979-2019 : il est recensé exactement 12 fois dans l’index des noms de ce livre. Seules des personnalités politiques sont citées plus fréquemment (Jacques Chirac tenant la pole position en étant cité 21 fois). Et seul autre personnage non politique cité aussi fréquemment que M.Wieviorka : Tariq Ramadan. Aurait-on les voisinages qu’on mérite ?

Et puis parce que Michel Wieviorka est représentatif d’une gent intellectuelle française légèrement secouée en ces temps de débat et manifestations publics multipliés. Son C.V. est prestigieux : directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (qui est un peu, aux disciplines sociales, ce qu’est l’école Polytechnique aux écoles d’ingénieurs : un must). Son domaine est la sociologie. Il est docteur d’Etat ès Lettres et Sciences Humaines. Il dirige quelques organismes et collections éditoriales, après avoir été de 2006 à 2010 Président de l’Association internationale de sociologie AIS/ISA. Il est aussi membre depuis 2014 du Conseil scientifique de l’ERC (European Research Council). Une pointure. Arrivé à maturité puisque né en 1946 : il pourrait être le père du Président de la république.

Ses recherches ont porté ou portent sur la notion de conflit, le terrorisme et la violence, sur le racisme, l’antisémitisme, sur les mouvements sociaux, la démocratie ainsi que sur les phénomènes de différence culturelle ; et ont été matérialisées par de nombreuses publications, dont Le séisme. Marine Le Pen présidente (2016), L’antisémitisme expliqué aux jeunes (2014), L’avenir de l’islam en France et en Europe (2003), Une société fragmentée. Le multiculturalisme en débat (1996), La France raciste (1992). Tous thèmes d’actualité qui doivent lui donner sur ces sujets une pertinence forte.

Faisons alors la liste des citations attribuées à M.Wieviorka et reportées dans le livre sur l’islamisation de la France, par ordre chronologique croissant :

  • En 1989, dans une plaquette éditée par le ministère de l’Education nationale Composition française. Les apports étrangers dans la culture française, il écrit :

« Le thème de la France, de la culture française est tout à fait l’illustration de ce que l’on peut appeler un mythe, car ou bien il existe ce que l’on peut appeler une culture française en elle-même et qui, par conséquent, pour perdurer lorsque d’autres cultures se manifestent, serait bien amenée à les broyer, les écraser, les laminer ; ou bien il n’existe pas ce qu’on peut appeler une sorte d’éternel qui serait cette culture française et, par conséquent, il existe simplement une culture qui se transforme au fur et à mesure d’apports successifs ».

  • En 1994 :

« Ou bien on s’efforcera à l’avenir de maintenir le modèle français d’intégration au prix d’une incapacité croissante à gérer et entendre la diversité culturelle et sociale, ce qui est difficilement acceptable ; ou bien on saura l’amender de façon à ouvrir la démocratie à des demandes qu’il est injuste de rejeter et souvent faux de réduire aux images de l’intégrisme, du fanatisme et du sectarisme ».

  • En 1996 :

« Le refus du multiculturalisme se nourrit de peurs et de méconnaissances… Le multiculturalisme est un principe politique assurant la possibilité pour des individus et des groupes qui se réclament d’une identité culturelle particulière de coexister démocratiquement avec d’autres individus et d’autres groupes qui se réclament d’autres identités particulières».

  • Il écrit aussi, un peu plus tard (année non précisée) :

« Le racisme a changé de visage. Il n’est plus seulement biologique, il est culturel. On ne s’attaque donc plus à des personnes qu’à cause de leur culture et, de plus en plus, de leur religion : c’est ce qui est en train de se passer pour l’islam».

  • Face à l’antisémitisme musulman et les actes antisémites accomplis en France à partir de 2001, il diagnostique l’œuvre de « loups solitaires s’inspirant d’un antisémitisme d’extrême-droite».
  • En 2004, il félicite Nicolas Sarkozy (qui venait de déclarer : « Nous avons aujourd’hui moins à craindre de l’expression des différences entre les religions que de leur négation») :

« Sarkozy est l’homme politique qui a le mieux compris qu’on était entré dans une nouvelle configuration ».

  • En 2005, devant l’évidence de la croissance d’un antisémitisme nouveau en France, il le minimise dans un livre collectif La tentation antisémite: l’antisémitisme est

« moins puissant, moins présent, moins évident aussi que ce à quoi nous pouvions nous attendre ».

  • En 2006, il diagnostique :

« Dans notre pays, le rejet de l’islam est d’abord un rejet des immigrés, des arabes, c’est-à-dire le rejet de l’Autre, davantage que la hantise d’une religion».

  • Enfin, dernière citation qui lui est attribuée dans le livre, en 2012, il signe une tribune collective Urgence pour une politique d’hospitalité qui explique :

« L’intégration des immigrés est devenue une injonction généralisée, visant à discriminer les étrangers en s’appuyant sur l’argument de l’assimilation à de supposées valeurs communes qui ne sont que le masque d’un nationalisme d’exclusion ».

Si nous résumons :

  • la culture française n’existe pas, c’est un mythe (on dirait du Macron dans le texte) ;
  • il faut assurer aux individus et aux groupes la possibilité de coexister, chacun avec ses spécificités, sans chercher à l’intégration (masque d’un nationalisme d’exclusion) ;
  • l’antisémitisme est moins développé qu’on ne pouvait le craindre (ça rassurera certainement les français juifs) ;
  • la France est indécrottablement raciste et l’islam est injustement attaqué.

Nous sommes éblouis par autant de clairvoyance.

Et qu’en est-il lors de la sauterie élyséenne pendant laquelle chacun de ces intellectuels était invité à questionner le Président de la république ? Après tout, M.Wieviorka est sociologue ; la crise des Gilets Jaunes battait encore son plein ; son analyse pouvait être intéressante.

D’abord, retenons dans son propos sa vue sur la société française : « Nous savons tous, notre société est fragmentée, individualiste, beaucoup de solitude, on se demande comment faire France ». Allons bon, lui qui professe donc depuis trente ans que la culture française n’existe pas, qu’il faut accepter tous les individus avec leurs particularités et ne rien imposer, qu’il faut être multiculturel, voilà maintenant qu’il déplore qu’on ne puisse pas faire France ? Il se moque de qui, l’intellectuel ?

Et puis vous voulez sans doute connaître son analyse des Gilets Jaunes ? La voilà :

« Je pense que ce que nous venons de vivre avec les Gilets Jaunes, ce n’est pas toute la société qui s’est cabrée, c’est une partie ; ce n’est pas les chômeurs ou très peu, ce n’est pas les syndiqués ou très peu et quand ils se sont cabrés, c’était en marge ou à côté. Ce n’est pas les lycéens mêmes s’ils se sont parfois mobilisés et caetera, et caetera. Mais c’est une partie de la population, et ce genre de groupes sociaux qui sont sensibles aux discours qui les flattent et donc qui vont croire les fake news, qui vont accepter les discours mensongers les plus éhontés pour peu qu’ils viennent de gens qui savent leur parler et qui les touchent ; et qui symétriquement développent beaucoup de méfiance par rapport à ceux qui ne sont pas du même groupe : politiques, journalistes, scientifiques, médecins qui leur parlent de vaccins, intellectuels ».

Avez-vous compris qui étaient les Gilets Jaunes ? On sait seulement ce qu’ils ne sont pas : pas des chômeurs, pas des syndiqués, pas des lycéens, pas des politiques, pas des intellectuels…. On n’en saura pas plus. Des zombies peut-être.

Ah, si, on sait que ce sont des têtes de piaf : pensez-donc, « ils sont sensibles aux discours qui les flattent ». Et le plus drôle : vous voulez savoir comment M.Wieviorka a commencé son intervention ? Il a dit texto : « Merci Monsieur le Président pour cette invitation. On imagine mal aujourd’hui une telle rencontre à la Maison Blanche ». C’est pas beau ça comme flagornerie ? Peut-être prend-il E.Macron pour un vulgaire Gilet Jaune sensible aux discours qui le flattent…

Bon, ce n’est pas tout, il était censé poser une question. Cette question, il finit par y arriver. La voici :

« Alors, moi, ma question elle est très simple, mais c’est une question de fond. Est-ce que cette image que j’ai de votre positionnement, elle est le fruit simplement d’une analyse, d’un héritage qui est celui-là : tout était vermoulu, c’est un vieux monde, tous ces corps intermédiaires représentant des choses qui n’ont plus tellement leur place aujourd’hui, il n’y a aucune raison d’essayer de revitaliser tous ces univers. Ou bien, ce qui vous rapprocherait parfois un peu de ce que dans d’autres univers on appelle la démocratie illibérale, ou bien vous pensez que le seul modèle favorable à terme est un modèle dans lequel il faut avoir un exécutif fort, suivi par son parlement si je peux dire, et puis une capacité de dialogue direct avec la société, mais sans les médiations.

Autrement dit, est-ce que vous êtes l’héritier d’une longue décomposition que tout le monde peut percevoir ou est-ce que vous pensez que le modèle durable, politique, c’est des systèmes qui disparaissent ou qui s’étiolent, qui n’ont pas beaucoup d’avenir. Voilà, j’aimerais avoir votre vision de ces choses-là ».

Très simple, il avait annoncé. Peut-être que le plus simple à comprendre, c’est que c’est une bonne question pour permettre à E.Macron de se mettre en valeur.

En tout cas, le Président a paru intéressé et a renvoyé la balle en deux mouvements : « Je pense que les intellectuels ont une responsabilité car ils ont une notoriété dans la société » ; et « Je pense absolument que la société pour vivre a besoin de ces médiations à la fois territoriales, d’intérêt et de rapport à la vérité ». Un président qui pense beaucoup, nous voilà rassurés ?

En tout cas, le journal Le Monde ne s’y est pas trompé qui, le 19 mars, commençait son compte-rendu de cette réunion en reprenant exactement l’introduction de M.Wieviorka :  « « On imagine mal une telle rencontre à la Maison Blanche ! » Par ces mots, le spécialiste de l’identité et de l’immigration Michel Wieviorka a remercié Emmanuel Macron d’avoir réuni, lundi 18 mars, des intellectuels de tous les horizons à l’Elysée ». Finalement, Le Monde prendrait-il à son tour ce sociologue éminent qui croit que la culture française est un mythe pour un vulgaire Gilet Jaune, sensible aux discours qui le flattent ?

Mais les Gilets Jaunes de l’origine du mouvement savent justement que la culture française existe. Et que si M.Wieviorka est, en France, un spécialiste de l’identité et de l’immigration, cette culture est alors en grand danger.

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5 commentaires

  1. Michel Wieworka est le type même du sociologue germanopratin égrenant des platitudes et les lieux communs de la bienpensance. Un sociologue comme beaucoup d’autres donc.

  2. encore un qui parle pour ne rien dire et s’il tient tellement aux musulmans pourquoi ne les prend-il pas chez lui , car avec la tête qu’il a il doit avoir une paye en conséquence,et en plus il fait son lèche babouche, au lieu de faire payer aux autres ses propres délires.

  3. C’est bien la peine de faire des écoles et d’avoir des diplômes pour débiter autant de niaiseries affligeantes…

  4. Cet homme est dangereux. Sa naïveté feinte mène à la guerre. On dirait les pacifistes français qui, refusant de voir la réalité en face dans les années 30 (si chères à Macron), défilant pour la paix, ont permis la guerre et le désastre et ont connu le déshonneur.

    La meilleure réponse lui a été donnée indirectement par Gérard Collomb : « Aujourd’hui on vit côte à côte… Je crains que demain on vive face à face ».

  5. son fils n’est pas mal non plus, la doxa officielle rabachée ad nauséum

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