Sœur Yvonne-Aimée de Jésus, fut tour à tour maîtresse des novices, Supérieure puis fondatrice et première Supérieure Générale de la Fédération des monastères des Augustines. Patrick Mahéo est auteur, en collaboration avec le Père René Laurentin, de plusieurs livres sur la résistante Mère Yvonne-Aimée, à l’origine de miracles toujours inexpliqués. Médecin généraliste, il est chargé de son dossier médical. Le magazine « Bretons » l’a interrogé sur ce personnage :
Comment vous êtes-vous retrouvé en charge du dossier médical de Mère Yvonne-Aimée ? Parce que vous êtes né après sa mort…
Oui, tout à fait. Mère Yvonne-Aimée est morte en 1951 et moi je suis né en 1954. L’une des raisons est que je suis originaire de Malestroit, tout comme Sœur Odile, la sœur archiviste. Nous sommes des locaux. Et d’autre part, quand le Père Laurentin a pris le dossier d’Yvonne-Aimée en main, en 1980, il a voulu une caution médicale au vu de l’immensité du dossier. J’ai été contacté en 1984.
Influencé par des opposants à Mère Yvonne-Aimée, j’avais un a priori tout à fait négatif. Et je me suis dit que ce dossier médical allait être traité très rapidement, expédié, même. J’allais trouver des failles et l’affaire serait classée. Mais je n’ai pas trouvé de faille, pas de contradiction dans son parcours, tant psychologique que médical proprement dit. Ni de falsification. Et donc, cela fait quarante ans désormais que je travaille sur ce dossier, d’abord avec René Laurentin, puis depuis une douzaine d’années avec la sœur archiviste.
Alors, expliquez-nous. On peut lire dans différents témoignages qu’elle est morte d’une hémorragie cérébrale mais qu’elle était déjà atteinte de plusieurs autres maladies mortelles. Qu’en est-il exactement ?
Après la biographie Un amour extraordinaire, parue en 1985, le Père Laurentin a publié des dossiers sectoriels sur la vie d’Yvonne-Aimée, sur ses stigmates, ses bilocations. Nous avons publié ensemble en 1992 un dossier intitulé L’amour plus fort que la souffrance. Histoire médicale d’Yvonne-Aimée de Malestroit. Toute sa vie a été une vie de souffrance, souffrance physique due à ces maladies dites naturelles.
Nous avons la preuve bactériologique d’une tuberculose pulmonaire, puis d’une tuberculose rénale, puis d’une insuffisance rénale qui lui fait prendre trente kilos en quelques mois. C’était une jolie jeune fille et l’œdème va complètement la défigurer, lui faire prendre trente kilos. À l’époque, il n’y avait aucun traitement pour ces maladies-là. Les traitements antituberculeux efficaces sont arrivés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. Donc, comment a-t-elle pu vivre avec ça ? Nous n’avons pas la réponse à cette question. Nous avons la preuve bactériologique des pathologies.
Mais comment a-t-elle pu en réchapper ? Nous avons non seulement les témoignages des médecins qui se sont succédé, mais aussi les analyses de crachats ou d’urine. Les documents ont été conservés. C’est assez extraordinaire. C’est pour ça qu’il y a 60 000 documents d’archives conservés à Malestroit.
Il y a donc ces maladies authentiquement diagnostiquées, mais aussi à côté toute la vie mystique. Comment a-t-elle pu endurer autant de souffrances, pendant autant de temps ? Comment n’en est-elle pas morte, eh bien ça, c’est un vrai mystère. La science ne peut pas l’expliquer. On sèche…
Vous avez aussi forcément approché de près ces fameux cas de bilocation, des moments où Mère Yvonne-Aimée était présente dans deux endroits différents en même temps…
Oui. Nous avons d’ailleurs publié avec René Laurentin un livre sur ses bilocations. On en a recensé 151. Et sur ce total, il y en a onze où on peut attester de façon formelle qu’elle est aux deux endroits, au même moment. C’est-à-dire qu’il y a des gens qui la voyaient d’abord, et qui pouvaient même la toucher. Donc ce n’est pas une vue de l’esprit. Elle ne biloquait pas pour son propre plaisir, mais pour des missions très précises…
Elle est morte en 1951. Mais on rouvre son cercueil en 1957. Pour quelle raison ?
Elle est morte le 3 février 1951 d’une hémorragie cérébrale foudroyante, en quelques instants. Quand on meurt d’une hémorragie interne, le corps se décompose assez vite. Surtout quand il s’agit d’une hémorragie cérébrale. Il y a donc une rapide décomposition du corps et les sœurs ont été obligées de procéder à la mise en bière et de fermer le cercueil. Les obsèques ont eu lieu le 8 février. Elle a été enterrée dans un terrain marécageux.
Et en 1955, un procès, en vue de sa béatification, est ouvert. Dans l’Église catholique, la procédure fait qu’on commence par la reconnaissance du corps. Il faut exhumer la personne concernée. Pour l’identifier. Alors, on ouvre le tombeau. Il est plein d’eau. Puis, on sort le cercueil, on va déposer le corps dans une salle pour l’examiner. Quatre médecins sont présents.
Et, là, c’est la stupéfaction, le corps baigne dans l’eau mais est absolument intact. Et, en particulier, les globes oculaires sont absolument conservés, alors que, après un décès, les yeux, qui sont remplis d’eau, s’effondrent. Il y a incompréhension du corps médical présent. Il n’y a pas d’explication scientifique. Oui, c’est un mystère. Comment expliquer cela ? Et ici, il n’est pas question de subconscient, d’inconscient, d’hallucination ou de projection psychique. C’est même assez déstabilisant.
[…]
Qu’en est-il du dossier de sa béatification ? Que se passe-t-il depuis 2009 et la demande à Rome de l’évêque de Vannes, Monseigneur Centène, pour la levée du « verrou » ?
C’est d’abord grâce à Monseigneur Gourvès que tout s’est déclenché alors qu’il était sans doute un peu foncièrement contre. Le pauvre était chez sa sœur, à Plougastel-Daoulas, et ressent des douleurs. Il prend sa voiture et file vers Vannes ! Hospitalisation immédiate. Il a un infarctus. On lui dit : Monseigneur, il va vous falloir du repos. Il cherche une chambre. À Vannes, à Auray. Il ne reste plus que Malestroit où une chambre vient de se libérer. On le prévient : la chambre donne sur le cimetière.
Et de sa fenêtre, il ne voit peut-être pas un défilé, mais beaucoup de gens qui viennent se recueillir sur la tombe de Mère Yvonne-Aimée. Il est impressionné. Il s’écrie même : Yvonne-Aimée, guéris-moi ! Lorsqu’il est guéri, il laisse sa canne sur la tombe. Or, c’est interdit parce qu’il ne faut pas laisser d’objet de vénération sur sa tombe puisqu’Yvonne-Aimée n’est pas reconnue par l’Église.
Ensuite, il a tout fait pour débloquer le dossier. Il a nommé une commission, une commission historique, une commission théologique, etc. Et ensuite, il est parti en retraite, c’est Monseigneur Centène qui l’a remplacé et le dossier est parti à Rome. Et depuis, nous attendons.
Arwen
« Ô Jésus roi d’amour, j’ai confiance en votre miséricordieuse bonté. »
Cette oraison jaculatoire tout simple, je l’ai conservée depuis mon enfance.
Mère Yvonne-Aimée, priez pour nous!