« Héros légendaire, guerrier tel qu’on en a connu seulement dans les récits populaires ou sur les images d’Épinal, un héros fait pour le baroud et pour la gloire. » Ainsi les journalistes annonçaient-ils la disparition de l’officier le plus décoré de France, à une époque où tout le monde connaissait le général Monclar (1892-1964), de son vrai nom Raoul Charles Magrin-Vernerey. Héros national, chevalier d’un autre temps qui guerroya partout, tout en restant libre des partis politiques. Raison pour laquelle il disparut de l’Histoire de France.
Entré à Saint-Cyr en 1912, il en sort en 1914 avec la promotion de Montmirail, et le grade de sous-lieutenant. Le 5 août, il rejoint le 60e régiment d'infanterie et termine la guerre avec le grade de capitaine. Il est alors chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de 11 citations, blessé sept fois et réformé avec une invalidité de 90 % : cuisse fracturée par balle, bras droit brisé par l'explosion d'une grenade, deux blessures à la tête imposant deux trépanations, les yeux brûlés par des gaz.
Appelé par les poilus l’As des As, cet officier guerroya toute sa vie, du Maroc au Levant en passant par la victoire de Narvik en 1940, l’Asie et son célèbre bataillon de Corée qui impressionna les forces américaines. Dans ce livre, le lecteur revit le corps à corps des tranchées, les campagnes africaine et tonkinoise du Légionnaire et la seule victoire de 40, jusqu’à l’épopée coréenne.
A partir d’archives inédites, qui font de cet ouvrage un livre quasiment autobiographique, sa fille relate la vie de ce soldat chrétien, stratège, génie militaire, meneur d’hommes vénéré de ses soldats qu’il aimait comme ses enfants. Ce soldat, qui n'a jamais connu la défaite, écrivait :
"Le neutralisme ? Mais il n'existe pas. Ceux qui refuseraient de résister devraient demain se battre sous l'uniforme d'une armée populaire. Les Européens n'ont plus à choisir qu'entre se battre et se rendre. Le désarmement ? A partir du moment où il y a armement, aucun contrôle n'est possible. Il n'y a qu'une seule solution possible : s'unir et être prêts. Croyez un homme qui toute sa vie n'a songé qu'à la paix en faisant la guerre et qui, de toutes ses forces ne veut plus jamais "voir ça" […] L'Europe est menacée de mort spirituelle puisqu'elle perd ses élites. La guerre tue les élites alors qu'elle maintient à l'arrière les pleutres., les resquilleurs, les faux pacifistes, et que chaque retour à la paix marque leur triomphe et la fatigue de la foule dont les oreilles ont été rebattues par les histoires des gens qui se sont battus. Autrement dit, l'élite qui vainc sa peur est tuée par la masse qui tire en aveugle".