Extrait de l'homélie de ce matin de Dom Hervé Courau, abbé de Triors :
"Jean Paul II conclut ainsi son encyclique sur la miséricorde en 1980 : Si grande que puisse être la résistance de l'histoire humaine, si marqué le caractère hétérogène de la civilisation contemporaine, si forte enfin la négation de Dieu dans le monde humain, plus grande toutefois doit être la proximité de ce mystère qui, caché depuis les siècles en Dieu, a été ensuite réellement communiqué dans le temps à l'homme par Jésus-Christ (DiM n° 15). Les Pères de l’Église et les formules liturgiques antiques ne parlaient pas autrement ; les apparitions du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial ou à Vilnius font de même ; Ste Faustine a transmis le souhait de Jésus de voir la miséricorde pascale solennisée au Dimanche qui suit Pâques, et cela fut sanctionné par le pontificat, puis par la date de la mort de Jean-Paul II. Dans ce beau sillage où Dieu parle à notre temps, le Pape François veut maintenant que l’homme défiguré de mille façons bénéficie au mieux de la vie reçue par la miséricorde divine telle que Pâques la chante, mors et vita duello.
Mais quel cruel labeur ! Pour l’heure l’actualité est assombrie principalement par la guerre au Proche-Orient, guerre endémique avec ses prolongements sur nos terres et sous nos yeux, mais aussi par le scandale médiatisé concernant le saccage de l’innocence, et cela aussi est un vaste charnier démoniaque.
Le premier danger est lié à l’islamisme et menace d’abord les musulmans de désespoir : comment les aider à sortir de leurs impasses ? Il faudra bien un jour parler enfin des origines du Coran et du dialogue de sourds auquel il a obligé jusqu’à maintenant.
Pour le second point, les évêques en parlent tous désormais comme de la mort et de la vie qui sont en duel depuis les origines. Je cite l’un d’entre eux : Nous sommes plongés dans un monde pornographique et personne n’en sort indemne. Quand l’Église dénonce ce danger, elle est moquée et stigmatisée. C’est pourtant l’effritement de la notion du bien et du mal qui brouille le discernement et fait entrer dans une conception rousseauiste de la conscience humaine : Tout ce que je sens être bien est bien, tout ce que je sens être mal est mal (Jean-Jacques Rousseau, L’Émile). Or, poursuit l’évêque de Montauban, la conscience ne vient pas du ressenti, mais elle est l’union de la volonté, de l’intelligence et de la foi pour faire la vérité sur moi-même et admettre qu’il y a des actes que je ne peux jamais faire, des actes qui sont toujours un mal. Abuser d’enfants, de jeunes, de personnes faibles est alors comme le mal absolu. Ce mal abîme à jamais une créature de Dieu, innocente et confiante dans le prêtre qui utilise son autorité pour parvenir à des fins ignobles proprement diaboliques (le pape parle à ce sujet de messes noires). On comprend alors les réactions de l’opinion publique scandalisée quand surviennent de telles affaires. Mais la société continue de faire l’éloge de toutes les dépravations (Mgr Ginoux, Lettre à ses prêtres).
La pureté morale du clergé est un don de Dieu à solliciter, don nécessaire à l’Église et aux âmes ; sans ce don l’Église, virginité féconde en Marie, est comme stérile en apparence. Mais la grâce veut toujours réparer ce qui a été flétri ; puissent les victimes hâter cette restauration, en devenant les intercesseurs de leurs bourreaux, et ce n’est pas parole en l’air. Dans le même sens, plusieurs évêques parlent désormais de faire dire des messes de réparation, de vivre nos liturgies en esprit de réparation, comme une sorte d’exorcisme faisant sortir le mal caché pour le purifier et faire désirer la vie véritable, mors et vita duello. De façon décisive, comme le dit encore l’encyclique sur la miséricorde (DiM n° 6 §5), la conversion est l’expression la plus concrète de l’œuvre de l’amour et de la présence de la miséricorde dans le monde humain."