De Francis Bergeron dans Présent :
Ancien de Libération, socialiste, franc-maçon, « spécialiste de l’extrême droite », Renaud Dely, en prenant la direction de Marianne en 2016, avait poursuivi la gauchisation à marche forcée du magazine Marianne. Après le rachat du titre par un hommes d’affaires tchèque, Dely est parti à France Inter, pour remplacer Apathie dans la matinale. En principe ce créneau horaire, le meilleur de la radio d’Etat, est en effet réservé aux journalistes les plus à gauche. Une sorte de pratique héréditaire. Sous la houlette de Dely, mais aussi de ceux qui l’ont précédé, Marianne a perdu au fil du temps le non-conformisme et la liberté de ton que lui avait insufflé son fondateur, Jean-François Kahn. En avril dernier, Kahn disait d’ailleurs qu’aujourd’hui il ne pourrait plus écrire dans Marianne, s’il n’en avait pas été précisément l’un de ses créateurs, compte tenu de l’orientation très à gauche donnée au magazine. Lors des présidentielles de 2012, un sondage de l’opinion des journalistes de Marianne avait été sans appel : 40% pour Hollande et 32% pour Mélenchon. Bayrou et Dupont-Aignan recueillaient chacun 8% des voix. Et aucun journaliste ne s’était risqué à évoquer un vote en faveur de Marine Le Pen, ni même de Sarkozy.
Après le rachat en avril du titre par Kretinsky, c’est Natacha Polony qui a remplacé Dely. Or Natacha Polony a un profil qui ressemble davantage à celui de Jean-François Kahn ou de Chevènement qu’à celui du très médiocre Dely. Le site d’analyse des médias OJIM publie une intéressante étude sur ce nouveau Marianne. Certes en un mois, il ne faut pas espérer voir un tel journal et ses 45 collaborateurs à plein temps rebasculer de l’extrême gauche au « centrisme révolutionnaire » cher à Jean-François Kahn, mais l’OJIM, en scrupuleux observateur de la presse, semble identifier déjà quelques changements. « On se croirait presque revenu à l’époque du Marianne de la fin des années 90 », note l’OJIM, « quand la presse de la gauche républicaine et laïque était attaquée par le reste de la gauche pour son attachement aux valeurs républicaines. Ce qui suffisait pour la soupçonner du pire ».
L’OJIM remarque que le regard de ce nouveau Marianne sur les médias rejoint ses propres analyses, par exemple dans le numéro du 19 octobre, avec un dossier sur la presse, aux titres significatifs : « La Macronie tyrannise et harcèle », « Les milliardaires rachètent et contrôlent », « Les GAFA censurent et se gavent ». Le site d’étude des médias note d’ailleurs que certains journalistes de L’Express, voire du Monde, commencent à s’inquiéter de ces « territoires perdus de la République ».
L’OJIM note aussi cette formule de Natacha Polony : « Vendue aux grands groupes, discréditée par les “fake news”, supplantée par les Gafam, la presse peine aujourd’hui à démontrer sa pertinence. Au-delà des questions économiques et idéologiques, c’est un des piliers de notre démocratie qui est en jeu. » Remplacez « fake news » par « bobards », et « notre démocratie » par « nos libertés », et vous avez très exactement le regard de Présent ou d’un Jean-Yves Le Gallou, et plus généralement de la réinfosphère sur le paysage médiatique actuel.
Michel
Radio France, finacée par nos impôts, reste donc le dépotoir des journalistes de gauche, trop médiocres pour être engagés ailleurs…