Cette question paraît osée, mais c’est ainsi qu’un certain nombre de médias interprètent la série de lettres privées qui seront publiées prochainement (Mother Teresa: Come Be My Light" (Mère Teresa: viens, sois ma lumière) et dont le Times vient de publier des extraits. Dans plus de 40 lettres rédigées au cours de 66 années, la religieuse catholique écrit sur "l’obscurité", la "solitude" et la "torture" qu’elle traverse :
"Jésus a un amour tout particulier pour vous. Pour moi, le silence et le vide sont si importants que je regarde et ne vois pas, que j’écoute et n’entends pas".
"Où est ma foi — tout au fond de moi, où il n’y a rien d’autre que le vide et l’obscurité — mon Dieu — que cette souffrance inconnue est douloureuse — je n’ai pas la foi".
"S’il y a un Dieu — s’il vous plaît pardonnez-moi — quand j’essaie de me tourner vers le Paradis — il y a un tel vide coupable…"
"J’appelle, je m’agrippe, j’en veux — et il n’y a personne pour répondre — personne à qui m’accrocher, non, personne — seule".
"Si Dieu n’existe pas — il ne peut pas y avoir d’âme — s’il n’y a pas d’âme alors Jésus — toi non plus tu n’existes pas".
"Si un jour, je deviens une Sainte — je serai sûrement celle des +ténèbres+, je serai continuellement absente du Paradis".
Le Père Brian Kolodiejchuk, qui a compilé les lettres et édite le livre, est membre de la congrégation des Missionnaires de la Charité, fondée par Mère Teresa, et était chargé de la mobilisation pour obtenir sa canonisation. Elle a été béatifiée en 2003. Il a confié au Times :
"Je n’ai jamais lu la vie d’un Saint où le Saint vivait dans une obscurité spirituelle si intense. Personne ne savait qu’elle était aussi tourmentée".
Car il s’agit bien de cela : non d’une absence de Foi, mais du combat spirituel par lequel Dieu éprouve les âmes. "Le sourire", a-t-elle écrit dans une lettre, est "un masque". Soeur Nirmala, qui a pris la succession de la religieuse, estime :
"Je ne pense pas que ça aura un effet quelconque sur le processus de canonisation de mère Teresa. C’est la voie que Dieu a choisie pour la purification et la transformation de son être intérieur […] c’était une part de la vie spirituelle de la mère".