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L'Eglise : L'Eglise en France

Musique et liturgie

Quand la droiture militaire s'allie à rigueur liturgique, cela donne une sortie haute en couleurs du Vicaire Général du diocèse aux armées françaises, le père Robert Poinard, dont pourraient s'inspirer nombre de paroisses en France. C'est long mais cela vaut la peine d'être lu : 

Vicaire aux armées "J’ai dû me fâcher tout rouge l’autre jour avec un chef de chœur qui n’avait visiblement, malgré ses années de pratique, aucune idée de ce qu’est la liturgie.

Je me pointe à la sacristie pour célébrer la messe dominicale, le prêtre local étant absent (…) Voilà donc le responsable de la chorale qui m’apporte le programme des chants de la messe afin que je lui donne mon « nihil obstat » car c’est ainsi, chaque dimanche, qu’il procède avec son curé. 

Première surprise : on est en plein mois d’août et le chant d’entrée est un cantique pour le temps de l’avent. L’évangile du jour évoque le thème de l’eucharistie et justement le chant de communion qui figure sur la feuille est habituellement utilisé… comme chant d’entrée en carême ! Décidément on voyage beaucoup dans le temps dans cette paroisse. Je tente de lui expliquer que l’année liturgique, si elle a des couleurs vestimentaires spécifiques pour les ornements des ministres a aussi des couleurs au plan de l’enseignement scripturaire et de la spiritualité. Il en va de même pour les chants qui accompagnent et soutiennent la liturgie. 

Seconde surprise : le brave homme me dit (avec le refrain bien connu « on a toujours fait comme ça dans la paroisse » le toujours remontant comme par hasard aux années post-conciliaires) qu’il dispose d’une liste dans laquelle il pioche allègrement de façon à ce que les cantiques reviennent avec une certaine régularité pour que « les gens ne chantent pas toujours la même chose » mais aussi pour qu’il y ait une « certaine variété » (comme si on était à la télé dans une émission de music-hall). Le choix des chants est donc laissé à la compétence du pifomètre ou au gré des goûts et envies du chef de chœur lequel n’a pas la moindre idée qu’on puisse agir autrement…

Après bien des discussions (…) j’ai tout de même réussi à faire changer les deux chants les plus controversés. Je me suis rendu compte plus tard que parmi ceux que je n’avais pas eu le temps de lire le chant final prônait une théologie tout à fait contestable mais ma lecture de la feuille avait été sans doute un peu trop rapide… Voilà comment on fait chanter n’importe quoi au bon peuple chrétien qui serait tout surpris, s’il se penchait vraiment sur ce qu’il chante, qu’on lui apprenne qu’il proclame, à très haute voix et avec force vocalises, des hérésies patentées ou tout au moins un enseignement assez peu orthodoxe…

J’ai donc pris le temps d’expliquer à ce chef de chœur, à l’issue de la célébration, ce qu’est la musique dans la liturgie : non pas un bouche trou, non pas un simple ornement esthétique, non pas une occupation du temps récupéré sur les moments de silence, mais une participation de l’assemblée à l’action liturgique dont elle est un acteur. Ce fut l’occasion pour moi de m’apercevoir – une fois encore – que sans une formation minimale tout bénévole de bonne volonté pense – et de bonne foi ce qui est pire –  rendre service à l’Eglise sans se douter le moins du monde qu’il est totalement à côté de la plaque. Par exemple qui sait que la lettre qui flanque le titre d’un chant indique son usage ? A pour un chant d’entrée, D pour un chant de communion, E pour un chant d’avent, G pour le carême, et ainsi de suite…

Il existe pourtant en France un centre national de la pastorale liturgique et sacramentelle dont le travail est considérable et qui, dans chaque diocèse, propose des formations régulières d’un grand sérieux. J’ai incité cette personne à s’inscrire à tel ou tel stage de formation pour que cessent ces errements anciens dans lesquels toute une paroisse est entraînée à sa suite.

On cite souvent saint Augustin qui a écrit : « celui qui chante prie deux fois ». Encore faut-il être conscient de ce que l’on chante pour que la musique soit bien le vecteur d’une prière authentiquement chrétienne et non pas une manière de passer le temps ou d’agrémenter une cérémonie. Il y a du pain sur la planche…"

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15 commentaires

  1. Comme quoi, si on appliquait le Concile Vatican II, bien des erreurs seraient évitées. Voici 2 paragraphes de Sacrosanctum Concilium :
    54. Usage de la langue du pays (Chapitre II : LE MYSTÈRE DE L’EUCHARISTIE)
    On pourra donner la place qui convient à la langue du pays dans les messes célébrées avec concours de peuple, surtout pour les lectures et la “prière commune”, et, selon les conditions locales, aussi dans les parties qui reviennent au peuple, conformément à l’article 36 de la présente Constitution.
    On veillera cependant à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble en langue latine aussi les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent.
    Mais si quelque part un emploi plus large de la langue du pays dans la messe semble opportun, on observera ce qui est prescrit à l’article 40 de la présente Constitution.
    116. Le chant grégorien (Chapitre VI : LA MUSIQUE SACRÉE)
    L’Église reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place.
    Or, en grégorien, le Graduale Romanum (de 1961 ou 1974 selon la forme) permet de savoir que chanter pour chaque Messe !
    Et si le répertoire grégorien présente nettement moins de pièces que le répertoire des cantiques modernes, le Graduel est largement plus varié et approprié que la pratique des paroisses françaises.

  2. Excellente anecdote que celle du Père POINARD.
    Cependant le problème de la liturgie dans les paroisses ne vient pas tant de l’absence de formation liturgique des chefs de choeur ou des chorales bénévoles, que de l’ignorance crasse d’au moins deux générations de prêtres dans ce domaine pourtant essentiel. Et cela continue actuellement : beaucoup de jeunes prêtres (”génération J-P II” ), très attachés à Rome et au Pape, plutôt compréhensifs vis à vis de la tradition, sont catastrophiques en matière liturgique, et laissent faire ou font eux-mêmes n’importe quoi.
    Cela freine considérablement la réforme de la réforme, car par ailleurs ces prêtres semblent en rupture avec les excès conciliaires : mais ils n’ont pas reçu la formation nécessaire pour parvenir à comprendre ce qu’est la liturgie catholique.

  3. Les chorales “tradis” ne sont pas exemptes de ce travers.De la bonne volonté , mais souvent inadaptation.Exemple: Cantiques de “remplissage” à la sainte vierge à l’offertoire ou pendant la communion.Pas de temps de répit…La liturgie, c’est la charité en acte, donc en ordre…Excellent rappel de ce prêtre.Merci

  4. Le Père Poinard est bien sympathique… mais il ferait mieux de s’occuper de gérer le diocèse aux armées (en particulier on peut penser au calamiteux dossier de St-Cyr Coëtquidan où un général a réussi avec la lâche complicité de l’évêché aux armées, à virer l’aumônier qui avait mis en place le motu proprio Summorum pontificum)… Alors, la poutre ou la paille ?

  5. Boris à raison,
    combien de foi ai-je entendu des “catholiques” crier au retour en arrière et hurler qu’on assassinait le concile alors qu’on ne faisait qu’appliquer ses prescriptions !
    Et comme dit PG, combien de prêtres n’ont jamais pris connaissance des prescriptions du concile qui déclare notamment que personne, même prêtre, n’a le droit d’en changer un mot…
    Qui sait que le gloria est une hymne, devant être chanté entière et ne pas être transformé en chant à refrain, ainsi que le Credo, qui sait qu’on se lève à la prière sur les offrandes…etc…etc

  6. Il est dur, ce prêtre ! car pour trouver des chants adaptés d’entrée, d’offertoire, de communion, connus par la plupart et que le chef de choeur n’est pas le seul à chanter… eh ben faut se lever de bonne heure ! Et j’ai beau le faire, je me retrouve le + souvent à chanter tout seul…
    D’où effectivement la tendance à passer des chants connus même s’ils ne sont pas tout à fait adaptés à la couleur liturgique…
    Et quand on veut sortir de la messe des Anges, alors là, c’est pire ! A croire que le commun ne connaît qu’un seul ton !
    Bref, ne soyez pas trop durs avec les chefs de choeur, y zont bien du mérite !

  7. PS : et pour trouver un bon site de chants sur internet, complet… ben c’est pire !

  8. Le problème évoqué n’est pas le seul. Un autre, tout aussi prégnant, est la niaiserie des musiques de certains chants (celles “composées” par Jo Akepsimas et autres du même genre). C’est terrible, parce que cela ridiculise la Messe, aux oreilles de ceux qui ont une certaine culture musicale. Je suis personnellement atterré par l’inculture généralisée du clergé, à tous les niveaux.
    Et le pire arrive dans les cathédrales avec maîtrises, qui alternent musiques sublimes et niaises (un motet de Campra et un cantique à la Mireille Mathieu, par exemple).
    On a alors à subir non seulement le ridicule et le niais dans la maison de Dieu, mais aussi une sorte de douche écossaise musicale qui vous met au supplice.

  9. vive la messe latine et grégorienne….
    Ce qu’offre le grégorien en plus c’est que non seulement le texte est adapté au temps liturgique mais que la mélodie et sa modalité a une couleur et un ethos qui fait vivre véritablement le cycle liturgique. N’est il pas magnifique que l’on retrouve quelques lignes mélodiques identiques dans la liturgie pascale et dans la liturgie des défunts par exemple. C’est très signifiant mais cela passe à des kilomètres au dessus des oreilles du brave troupeau. C’est dommage ! et les tradis tombent dans les mêmes ornières… modernistes sans le savoir…..

  10. Est-ce qu’il pouvait se fâcher “tout rouge”? Quelle est la couleur liturgique en ce moment?

  11. La question de la cohérence entre la liturgie et la musique est importante. Celle de l’habit et de la fonction l’est aussi, mon Père.

  12. Ravi de savoir que le monsieur en photo est vicaire aux armées françaises …n’a-t-il pas mieux à faire d’autre que d’aller balayer dans une pauvre paroisse de France avec ses remarques absurdes ? ne ferait-il pas mieux de s’occuper des affaires fumeuses et lamentables du diocèse aux armées ??? n’a-t-il pas avec son évéque mis à la porte les meilleurs de ses aumoniers militaires génération B XVI lorsqu’ils proposent le Motu Proprio???

  13. Beau commentaire que celui du Père Poinard. Trop beau… Pour avoir vécu 6 mois particulièrement difficiles pour ma paroisse grâce à lui et ses amis “parisiens”, je me rends compte que crier “Seigneur! Seigneur!” n’est pas que le lot des scribes et pharisiens dont nous parle Jésus… Bon! Ces nouveaux scribes disent “Chef!Chef!”. Ce n’est pas grave: prions pour eux

  14. D’accord avec Arthur, les autres sont vraiment durs… Sortez de vos tanières, il y a de tout dans l’Eglise, et notamment tout un tas de gens qui sont très touchés par des chants que vous trouveriez gnan-gnan, mais chez eux ça réveille la foi et l’espérance. Il y a des messes de mariage composées essentiellement de non-chrétiens qui sortent (pour une fois) enthousiasmés de la messe où pour chanter Dieu les amis des mariés se servent de leur moyen d’expression, guitare ou tambourin… Il y a un début à chaque chemin. Personnellement,je n’aurais pas eu Akepsimas à la messe dans mes années aolescentes que je n’y serais jamais retournée. Donc, merci Akepsimas, et que le purs se souviennent que le monde est multiple et que chacun fait de son mieux.

  15. il est mignon avec ses petits combats, mais ce prêtre (qui aurait pu fournir une photo de lui “en prêtre” pour montrer son attachement à Rome) peut il s’occuper professionnellement de son diocèse aux Armées plutôt qu’aller s’occuper des chansonnettes des autres ?

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