Dans La Nef du mois de mars, Christophe Geffroy nous livre un éditorial intitulé "Changer de système ?" :
"(…) Cette logique libérale pousse à la financiarisation de l’économie, c’est-à-dire que les activités financières occupent une part croissante dans l’économie et dans les grandes entreprises. Beaucoup d’entre elles, notamment ce que l’on nomme les multinationales, ne se caractérisent plus par un savoir-faire technique, mais sont devenues d’immenses groupes hétéroclites mus essentiellement par un souci de retour financier à court terme sur investissement. Une branche est achetée ou vendue en fonction de sa rentabilité. Ce n’est plus une logique industrielle et encore moins humaine ou nationale, c’est une logique financière de profit maximum qui ne recule devant aucune délocalisation.
Beaucoup de chrétiens craignent cette critique virulente du néo-libéralisme, car ils pensent que ce système est un moindre mal face à la seule alternative qu’ils envisagent, le socialisme, qui n’a que trop montré ses échecs et dont nous supportons encore les effets – le poids de la bureaucratie et des interventions intempestives de l’État dans des prérogatives qui ne sont pas les siennes (alors qu’il ne remplit plus ou mal celles, régaliennes, qui le justifient). Eh ! oui, c’est bien l’un des paradoxes et des difficultés de l’heure de souffrir à la fois d’un excès de libéralisme et de socialisme – dont on ne dira jamais assez qu’ils sont frères ennemis, « frères » signifiant qu’ils puisent aux mêmes sources philosophiques en réduisant l’homme à un vulgaire homo oeconomicus.Les catholiques, néanmoins, ne devraient pas être surpris par cette analyse, car j’ose dire qu’elle est celle de la doctrine sociale de l’Église pour qui se donne la peine de lire les textes sans lunettes idéologiques : Caritas in veritate (2009), la magistrale encyclique sociale de Benoît XVI, va très précisément dans ce sens. Mais pour le comprendre, il faut bien saisir une distinction rarement faite : le capitalisme financier qui nous gouverne – auquel peu de monde tient vraiment, sauf la toute petite minorité qui en profite – n’est pas la même chose que le principe de la liberté d’initiative – à laquelle nous sommes fondamentalement attachés (…)"
SD - Vintage
Qu’elle est la définition de « capitalisme financier » ?
La minorité qui en profite le plus ce sont toutes les populations occidentales. L’auteur le premier.
Quel système de remplacement propose-t-il ? Je n’en ai jamais vu aucun de viable.
Son discours est extrêmement proche de celui des socialistes. Malheureusement, il confond libéralisme et ultra libéralisme. Dire que les multinationales sont incapables d’apporter du progrès technique ou de la maîtrise technologique est faux : il suffit de voir les progrès faits par ces multinationales par excellence que sont les industries automobiles.
Maintenant, que l’on puisse améliorer le système, cela ne fait aucun doute. Mais évitons de jeter le bébé avec l’eau du bain.
pg
Sans le capitalisme financier développé depuis une cinquantaine d’années avec des excès totalement dévastateurs, les Etats des grandes nations industrialisées n’auraient pas pu financer leur dettes et déficits, politiques de relance par le crédit à bas prix et la manipulation des monnaies, et surtout leur systèmes sociaux et de redistribution. La question est donc à poser à l’envers : ce n’est pas le capitalisme financier qui est à l’origine de ces dérives, mais ce sont les états devenus confiscateurs et socialisants, et qui ont vécu de la dette qu’ils fabriquaient et empruntaient….. sur le marché financier, encouragé par la loi à fabriquer du profit par des montages de plus en plus sophistiqués et complexes, fragiles également, mais dont le monde entier a profité. Et en premier les citoyens consommateurs des pays riches, qui ont vécu au dessus de leurs moyens réels, y compris en refusant de renouveler les générations : ils vont devoir payer, vieillir appauvris et de moins en moins entourés et soutenus par la collectivité en faillite.
Et c’est là où la DSE fournit une des clefs de l’explication : lorsque la société est dépossédée par l’Etat de ses libertés et responsabilités, celui-ci fait ce que sait faire l’Etat, fabriquer du pouvoir par de la contrainte, de l’oppression fiscale, de la dépense et de la dette. Le modèle proposé par la DSE est autre. Mais on ne peut renvoyer capitalisme libéral et socialisme dos à dos : l’étatisme a tourné le dos au libéralisme, et c’est le modèle socialisant keynésien qui a été le modèle des états.
Le libéralisme économique, comme la DSE qui s’en approche grandement par la notion de responsabilité et de libertés concrètes, demande que la société soit autonome de l’Etat. Economiquement, mais aussi familialement, culturellement, etc……
Il est étonnant de voir les catholiques méconnaître à ce point le rôle néfaste de l’Etat, et réclamer plus d’Etat comme les mondialistes et la gauche, pour résoudre les catastrophes que l’Etat socialisant a créé. La DSE propose, comme le libéralisme économique l’a modélisé, la voie de la responsabilité, de l’autonomie des corps sociaux, d’une économie naturelle qui découle de la loi naturelle.