Dans Présent, Rémi Fontaine estime :
"que le candidat dit de «droite» a montré une nouvelle fois en cette occasion un double visage, qui surpasse celui (déjà légendaire) de Chirac-Janus ! […] Dominique Strauss-Kahn ripostait […] saluant au contraire […] les réformes entreprises après ces événements [mai 68, NDMJ], notamment par des «personnes de droite comme Simone Veil» : «Le remboursement de l’IVG, c’est le produit de 68.» «La seule liberté que Sarkozy aime, c’est la liberté économique, la liberté du plus fort qui écrase le plus faible», a ajouté DSK, sans s’apercevoir qu’il donnait précisément la définition de l’«IVG» : interruption d’un vie gênante.
Réponse de Sarkozy le 1er mai : «La loi sur la contraception a été votée en 1967 par Lucien Neuwirth. On ne peut quand même pas dire qu’une loi votée en 1967 est arrivée grâce aux événements de 1968. C’est quand même incontestable… Et l’interruption volontaire de grossesse, c’est 1974.» […]
[O]n voit comment Sarkozy joue allégrement avec le principe de non-contradiction, conciliant les inconciliables dans une schizophrénie morale des plus inquiétantes, transgressant sans complexe les interdits suprêmement non négociables («il est interdit d’interdire»), les désignant même comme des «carcans qui étouffaient la société française». Bref, il se révèle intrinsèquement, au plan de la morale politique, comme un homme de gauche, un héritier de Mai 68. La société Royal-Sarko, qui ne se réfère plus à aucune transcendance, admet sans problème la solution finale et le tri eugénique pour les embryons (voire les handicapés et les séniles) de «trop», mais elle vote solennellement l’abolition universelle de la peine capitale pour les plus coupables. Nous n’avons pas les mêmes valeurs."
Pierre Harribey
Qu’il y ait une rhétorique typiquement sarkosienne, c’est absolument certain, c’est quelqu’un qui va à la pêche aux voix dans un sens et dans l’autre, afin de ratisser large. Les catholiques ne doivent certes pas être dupes.
Dans tous les cas, on ne peut lui dénier un certain courage. Oui, il en faut du courage pour oser mettre en cause ce que la société massivement considère comme un héritage positif : mai 68.
Pour ce qui est des points non négociables, je pense que Sarkosy n’a pas de formation morale solide. Je ne lui en veux même pas. Mais voir en lui un homme de gauche, cela me semble assez absurde. Lui qui n’a pas une formation philosophique très poussée, je dois dire qu’il puise à la bonne source : Finkielkraut, après avoir été lui-même un soixantehuitard s’aperçoit de tous les méfaits de cette odieuse révolution. Sarkosy s’en inspire, je pense alors qu’il est plutôt sur le bon chemin, même si, en matière de morale, il est loin d’être au bout du chemin.
Je vois difficilement en lui un hériter de mai 68 alors qu’il met en cause ce même mai 68. Mettre Royal et Sarko dans le même panier me paraît considérablement injustifié. L’une est prête à légaliser l’euthanasie, lui essaie de rendre au débat sa complexité en invitant à faire la différence entre laisser mourir et faire mourir. S’il cède à des pressions de groupuscules homosexuels en établissant un contrat en mairie, il distingue nettement celui-ci du mariage, car selon lui cette institution ne doit pas être touchée. Il est évidemment contre l’adoption par des homos alors que sa concurrente y est favorable.
Pour moi, entre Sarkosy et Royal, la différence est de taille.
Une chose est d’en vouloir à Sarkosy dans la mesure où il est responsable du petit score de Le Pen, mais une autre est de choisir le pire en s’abstenant, ce qui revient à donner de l’avance à sa rivale. Je considère qu’il faut user de tous les moyens pour barre la route à une candidate qui risque d’enfoncer la société encore davantage. Parce que je ne veux pas de l’adoption d’enfantrs par les couples homosexuels que je choisis Sarkosy.
Je pense que la défense de la vie a plus d’espoir si on choisit une voie plutôt qu’une autre. Et ne pas choisir du tout par l’abstention revient à favoriser l’effondrement de la société.
[Une nuance tout de même sur l’adoption : Nicolas Sarkozy propose de créer un statut de “beau-parent” pour le “conjoint” homosexuel. Une adoption pour les homos qui ne dit pas son nom. MJ]
Phil
Mai 68 c’est le rejet de l’autorité, de l’institution, du “père” symbolique: oui, je crois aussi qu’il faut un sacré courage à Sarkozy pour dénoncer les dérives entrainées par mai 68: c’est le coeur même de la gauche, celle que nous condamnons, qui est visé!
Pascal G.
@ Pierre Harribey
Il est impossible de croire qu’un homme dit de droite puisse diriger la France sans s’être déjà posé les questions de fonds sur l’anti culture de mort. On le sait par ses collaborateurs, Pompidou avait dit : ”Tant que je serais président, jamais l’avortement ne sera légalisé”. Il venait de la gauche, de normale Sup, mais il était scandalisé par l’idée de légaliser la mort d’enfants, et aussi par les pressions répétées que le G. O. exerçait sur lui. Et depuis sa mort prématurée la droite français est dirigée par des mirobolants de la réforme, qui se font élire sur des idées de modernisation et de remise en ordre ”morale”, et font le contraire en donnant à la gauche la culture et les idées, ainsi que les questions morales dites de société. Et en échouant sur les réformes profondes, y compris économiques : ”Quand l’esprit de jouissance l’emporte sur l’esprit de sacrifice,…..” a dit un chef de l’état français.
Que Sarkozy à la veille d’entrer à l’Elysée, soit encore à ce degré zéro de la pensée sur ces sujets, démontre que rien n’évoluera dans le bon sens. Rien ne démontre non plus qu’il aurait caché ses convistions profondes pour nous les dévoiler brusquement après son élection : espérer cela c’est se bercer -volontairement et bien imprudemment- d’illusions mortifères.
Vous voulez à tout prix voter Sarko pour vous faire du bien à l’âme, vous rassurer, et rassurer vos proches, faites le, mais ne vous donnez pas de raisons déjà contredites par les faits : vous faites un pari électoral et politique. C’est un jeu, mais non un raisonnement froid et dépassionné de la réalité française.
micmac
@ phil
Moi je trouve que Sarko tire des fléchettes en caoutchouc verbal contre l’esprit de mai 68 : quand il était à Bercy, il n’a rien fait pour plus favoriser fiscalement les gens mariés que les concubins. En voilà une belle occasion ratée de lutter contre 68.
En plus il a quasiment aligné fiscalement les pacsés sur les couples mariés.
Chirac dans les années 80 a eu des mots très impressionnants contre mai 68, il a eu le ”bruit et les odeurs”. C’était ”Chirac le fâcho”, comme la gauche l’appelait, ce qui fait penser à l’image que sarko se fait coller par la gauche grâce à qq provocs verbales bien hard. ça n’a pas suivi ensuite……. Tous contre 68, mais les actes ? Où sont les actes ?