De Jean Rouxel dans Les 4 Vérités :
"Les difficultés médiatico-judiciaires de « l'affaire Fillon » ont masqué, pendant plusieurs semaines, des difficultés politiques qui sont en train d'éclater au grand jour. En matière politique, la première difficulté consistait à réunir le parti LR derrière François Fillon. De toute évidence, cette étape s'est mal passée. La plupart des nominations effectuées ces 3 derniers mois montrent une campagne tournant le dos à celle des primaires. Ainsi a-t-on vu la nomination comme porte-parole de la campagne de Benoist Apparu, ancien porte-parole d'Alain Juppé et chantre du multiculturalisme. Ainsi a-t-on vu la circonscription même de François Fillon, en plein coeur du Paris conservateur, attribuée à l'icône « bobo » Nathalie Kosciusko-Morizet. Ainsi encore avons-nous assisté au limogeage du jeune, talentueux, et surtout « de droite décomplexée », Laurent Wauquiez, à la tête du parti. Tous ces signaux sont assez catastrophiques. Mais le pire est peut-être à venir.
La deuxième étape est, en effet, la recherche d'alliés. Or, il se murmure avec insistance que l'UDI obtiendrait de LR 60 ou 80 circonscriptions, soit un poids au parlement au moins 2 fois plus important qu'aujourd'hui. Ce fut déjà, me semble-t-il, une grave erreur pour LR que de donner autant de régions à l'UDI – cette erreur a, hélas, permis à la gauche de sauver les meubles et d'éviter la déroute annoncée. Si l'erreur est rééditée et amplifiée aux législatives, cela pourrait avoir des conséquences funestes. On comprend facilement, bien sûr, ce qu'il y a derrière ce calcul électoral : l'entourage de François Fillon veut se donner une image « centriste » pour éviter que tous les parlementaires centristes ne rejoignent Emmanuel Macron. Mais la pire façon de s'opposer à Emmanuel Macron est… de lui donner raison. Or, en faisant de l'UDI un partenaire aussi puissant, en donnant des gages en termes de personnalités (en attendant des gages en termes de programme, car les centristes seront logiquement insatiables), François Fillon court après la campagne d'Emmanuel Macron. Il légitime ainsi ce qui n'est, pour l'heure, que du vent et des phrases creuses – abondamment soutenus, il est vrai, par les médias de l'oligarchie, dont François Fillon devra se passer ! Je persiste à dire qu'il faut une union des droites françaises. Mais c'est évidemment une union sur un programme… de droite : défendant la souveraineté française, nos libertés, notre identité… Et non une union dans le politiquement correct cher à Jean-Christophe Lagarde et aux autres dirigeants de l'UDI !"