De Stéphane Buffetaut, élu local et ancien député européen, pour le Salon beige:
Pierre-Jean Chalençon, grand collectionneur de souvenirs napoléoniens, aime à manier la provocation et pas toujours, c’est un euphémisme, de bon goût. Inconnu du grand public, sauf des aficionados de l’émission « affaires conclues », il a défrayé la chronique avec l’affaire du dîner privé organisé dans son hôtel particulier. Il serait possible de considérer que tout ceci est anecdotique si cette affaire ne soulevait pas la question de savoir ce que devrait être une véritable élite et ne révélait pas un état de l’opinion pour le moins inquiétant.
Depuis des semaines, on sait pertinemment bien que fonctionnent à Paris, et dans d’autres grandes villes françaises, des restaurants clandestins. Et pas uniquement dans des quartiers chics. Là où les choses dérapent, c’est que des rumeurs persistantes insinuent que certains proches du pouvoir ou du monde politique et certaines « bonnes consciences » médiatiques les fréquentent régulièrement, si ce n’est assidûment. Quand la France est condamnée à l’enfermement, que de nombreux petits établissements de restauration et d’hôtellerie ne se relèveront pas des confinements à répétition et des fermetures sanitaires (30% selon le syndicat de l’hôtellerie et de la restauration), ceci provoque à juste titre l’indignation. Le « faites de ce que je dis et pas ce que je fais » est insupportable pour le grand nombre des citoyens qui respectent tant que bien que mal des contraintes administratives et sanitaires souvent totalement ubuesques. Et chacun a vu passer sur les réseaux les images d’un escadron de gendarmerie entourant une malheureuse famille assise sur une plage, qui avait le malheur d’avoir débouché une bouteille de rosé et peut-être dépassé les dix kilomètres autorisés !
Indignation compréhensible, légitime même, mais, au-delà de l’émotion, qui trop souvent tient lieu de réflexion, il convient de se demander ce qu’est une élite, puisque chroniqueurs et journalistes passent leur temps à nous dire que le fossé ne cesse de s’accroître entre le peuple et « l’élite ». Première réalité, le gouvernement des hommes est toujours le gouvernement du plus grand nombre par le plus petit nombre et l’on peut baptiser le système institutionnel comme l’on veut, monarchie, aristocratie, démocratie, tyrannie c’est toujours la même donnée. La différence vient justement de la qualité de l’existence ou non d’une véritable élite et non pas seulement d’une nomenklatura ou d’une mafia qui confisque le pouvoir.
Il n’est d’élite vraie que du devoir et non seulement du savoir ou de l’avoir. Une élite sert le bien commun, et non celui d’un groupe : membres d’un parti, caste de la fonction publique, riches ou prolétaires. Une vraie élite se caractérise par le sens du devoir, des responsabilités, de l’exemplarité, le souci des plus humbles et des plus fragiles, la recherche de la vérité, c’est-à-dire de l’adéquation de sa pensée politique à la réalité des êtres, des choses, des nations et des rapports de force internationaux.
On est bien loin de la jouissance narcissique du pouvoir, du mépris et de la condescendance pour les plus humbles. Lorsque Monsieur Macron ose opposer ce qui ont réussi et « ceux qui ne sont rien », il revient à la conception de la société dans les temps païens, où la raison du plus fort, du plus habile, du plus intelligent était toujours la meilleure, en elle-même et par elle-même. Or si, effectivement, il y a et il y aura toujours des plus forts, des plus habiles et des plus intelligents, ce qui fait la civilisation, c’est bien que ceux-ci mettent leur force, leur habileté et leur intelligence, non pas à leur seul service, mais encore au service du bien commun, du plus faible et du plus vulnérable. Les propos du Président Macron sont radicalement anti-chrétiens ou a-chrétiens et traduisent bien ce qu’est une société postchrétienne. C’est l’opposition frontale avec l’enseignement du Christ qui nous a été rappelé lors des fêtes de Pâques : « Vous m’appelez « Maître » et « Seigneur », et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns les autres » (Jean 13, 1-15). La souveraineté est d’abord le service et le service du plus petit. Et autre rappel « il y en a des derniers qui seront les premiers, et des premiers qui seront les derniers » (Luc 13, 22-30).
Une vraie élite agit dans et pour le service et avec humilité. La grandeur et la force dont elle doit faire preuve en certaines occasions n’ont de sens que si elles sont au service du bien commun. Combattre l’idée même d’élite est une sottise et mettrait la nation en grand péril mais une véritable élite n’est pas une nomenklatura, c’est tout le contraire. Elle ordonne ses dons, ses talents, son courage, sa force au bien du plus grand nombre. Le désordre d’une société sans transcendance et oublieuse du sens du devoir nous conduit à la barbarie brute. Le XXe siècle, qui a engendré le marxisme léninisme et le national-socialisme, nous l’a enseigné dans le sang et les larmes. Et nous l’avons oublié.
Autre révélation de ce triste fait divers du dîner clandestin de Monsieur Chalençon : le degré de haine et de fureur mal contenues d’une part de la population envers une nomenklatura faussement qualifiée d’élite. En fait une sorte d’état pré-révolutionnaire, alimenté par l’émotion, l’esprit de délation et de vengeance irrationnelle qui furent des éléments forts du délire meurtrier de la révolution française. Cette exaspération furieuse reste contrainte par les mesures sanitaires de restriction des libertés, mais qu’en sera-t-il lorsque celles-ci seront levées et que s’arrêteront les mesures d’aide et de soutien généreusement distribuées à crédit et que l’on pourra mesurer exactement l’ampleur du désastre sociétal et économique ?
L’oligarchie qui nous gouverne si mal depuis des années risque d’en payer le prix fort, même si les peuples ont les gouvernements qu’ils méritent. Nous serons dans une situation de tous les dangers d’autant que la nomenklatura politico-administrative qui tient encore les rênes du pouvoir semble ne rien comprendre ni n’avoir rien appris des signes avant-coureurs, tels les gilets jaunes. L’impuissance est partout et l’autorité nulle part. Il nous faudrait alors des hommes et des femmes de force et de tempérament pour éviter que la France ne bascule dans le chaos. Mais les Français auront-ils encore le courage de ce choix ?
DUPORT
“Cette exaspération furieuse reste contrainte par les mesures sanitaires de restriction des libertés, mais qu’en sera-t-il lorsque celles-ci seront levées…” (sic)
Précisément il n’est pas prévu qu’elles soient un jour levées ! C’est devenu un mode de gouvernement pour les racailles mafieuses qui confisquent le pouvoir pour leur jouissance narcissique.
La révolution devra donc aussi faire voler en éclat mesures sanitaires et corps médical dévoyé.
Faliocha
Duport vous m’avez devancée, j’allais écrire exactement la même chose. Leur but n’est pas bien compliqué à comprendre : tenir les mesures d’enfermement jusqu’aux Présidentielles. Repousser celles-ci indéfiniment pour rester au pouvoir, ou (option2) faire voter par Dominion préprogrammé promacronien. Et passez muscade. Et je ne parle pas du génocide prévu par l’intermédiaire du vaccin…
Pitch
Il faut que la France bascule dans le chaos, pour être débarrassée de ces parasites qui font semblant de la gouverner. Sinon on ne s’en sortira jamais.
Vincent
Une mauvaise paix est meilleure qu’une bonne guerre, l’ordre par le chaos n’est pas une solution viable.
Dit autrement, l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Bernard Mitjavile
Bon article qui va au fond des choses, en effet depuis le temps que l’on parle des “élites”, il est temps de savoir de quoi l’on parle.
Pitoune
Très bonne analyse de ce que l’on vit et de ce que l’on devrait avoir.
Le problème est que les dirigeants actuels n’ont que faire du bien commun et ils ne sont que des façades.
Le gain d’une élection n’est plus qu’une affaire de budget et de communication et plus de choix réfléchi.
Les gens votent pour qui ont leur dit de voter comme ils ont peur parce qu’on leur dit d’avoir peur.
Le système censé défendre les intérêts du peuple a été détourné pour être utilisé à ses dépens au profit de castes(x) maléfiques.
En ce sens, la Révolution au sens d’opposition à l’ordre naturel voulu par notre Créateur est en marche forcée et voulue et nos pseudo-élites qui ne sont en fait que les exécutants d’ordres venant de leurs financeurs et de leurs réseaux défendant de intérêts (très) particuliers. Notre système de gouvernance est pourri par la tête. Il suffit de regarder les projets de loi qui se bousculent à la porte de notre législation : euthanasie, avortements, marchandisation de la procréation, …
Quand on compare le traitement infligé à des prêtres dévoués aux autres, simplement parce qu’ils ne portaient pas les masques que les autorités nous disaient totalement inutiles il y a moins d’un an et l’indulgence donnée aux participants à des déjeuners interdits par ceux là même qui y sont, ou à ceux qui font la guerre ouverte aux force de l’ordre, comment ne pas s’en offusquer ?
Il est grand temps que les Français ouvrent les yeux avant qu’il ne soit trop tard.
Merci à Stéphane Buffetaut de nous rappeler les principes qui ont construit la France avant que ceux qui ont pris le pouvoir dans le sang la détruise un peu plus chaque jour.
Ermort
“les peuples ont les gouvernements qu’ils méritent”
Ah…
J’ai toujours trouvé cette phrase débile, et fort injuste.
Les gens qui vivent sous dictature apprécieraient le mépris de ce slogan, à n’en pas douter. Corée du Nord… les gens ont-ils mérité le fou furieux qui les opprime? Etc.
Reine Tak
Comment ne pas être d’accord avec chacun des commentaires parus plus haut ?
La révolte viendra et elle sera peut-être sanglante car associée à une guerre civile où il faudra affronter ceux des quartiers dits sensibles. Quand tout sera à feu et à sang, nos zélites s’enfuiront comme une volée de moineaux vers des cieux plus cléments. Il nous restera alors le goût amer de n’avoir pu traduire en justice tous les traîtres et les collabos qui auront vendu la France.
AFumey
Pour résumer la réflexion proposée, le fil conducteur de toutes les politiques récentes est celui de Calliclès (le troisième personnage du ‘Gorgias’): les ‘forts’ ont parfaitement le droit de laisser libre cours à leurs passions et d’imposer leur volonté aux faibles.
Ce que le christianisme a laborieusement combattu depuis deux millénaires – hors la crise de l’arianisme, adopté majoritairement par les évêques et (difficilement) récusé sur la pression de la masse des fidèles.
La révolution que nous observons est bien un retour au paganisme, le même que celui des totalitarismes du XX-ème, celui combattu par le bienheureux Clemens von Gallen comme ceux d’inspiration marxiste qui ont fait d’innombrables martyrs.