Editorial d’Aymeric Pourbaix dans France catholique :
On s’inquiète, à juste titre, de l’augmentation du nombre d’actes antichrétiens en France – deux par jour en moyenne en 2023 –, et, parmi eux, des incendies d’église comme dernièrement à Saint-Omer. Certes, tous ne sont pas d’origine criminelle : 14 sur 26 le sont, pour les six premiers mois de 2024, selon l’Observatoire du patrimoine religieux. Mais leur accumulation et les images poignantes qui les accompagnent créent un sentiment d’abandon de notre héritage, « une angoisse identitaire », selon les mots de la sénatrice Valérie Boyer…
Pourtant, qui se soucie d’autres incendies bien plus ravageurs encore, ceux qui se produisent dans les âmes du fait de la volonté de faire table rase du passé, de nier la loi naturelle, et surtout, de fermer l’accès à la source divine de la connaissance, de l’amour et de la beauté ? Faudra-t-il un jour classer cela sous le registre du « patrimoine immatériel » pour qu’il soit protégé ?
La France n’est pas le seul pays concerné par ces attaques. En Grande-Bretagne, où selon la loi, les écoles financées par l’État sont tenues au respect des « traditions religieuses (…) principalement chrétiennes », le gouvernement travailliste s’est vu récemment reprocher de marginaliser l’importance de l’éducation religieuse, au nom d’une prétendue « non-discrimination »…
Non-discrimination. Neutralité. Ce sont les mêmes arguments fallacieux et relativistes qui prévalent en France, dans l’enseignement comme à Pau récemment, dans les médias ou en politique, pour disqualifier d’emblée toute parole ou volonté de transmettre la foi catholique.
Or le catéchisme ne peut pas être juste un saupoudrage, un vague supplément d’âme sur une morale tout humaine – ce qui n’est déjà pas si mal, pourrait-on dire. Sauf que l’enjeu n’est pas du ressort du moralisme, mais du salut. Et de la formation des âmes dans cet objectif. Pie XI, dans son encyclique Divini illius Magistri – L’éducation chrétienne des enfants (1929) –, dénonçait déjà « le naturalisme pédagogique qui (…) tend à amoindrir l’action surnaturelle du christianisme dans la formation de la jeunesse ».
C’est d’ailleurs l’une des failles de l’éducation dite « positive », qui commence à être remise en cause pour l’absence de limites qu’elle impose à l’enfant : son oubli du péché originel, et dont le seul remède est la Croix. Éduquer, faire grandir, implique de renoncer à un christianisme trop facile, dans l’air du temps.
Enseignement explicite de la foi
C’est pourquoi, affirmait récemment un curé à ses paroissiens, l’enseignement de la foi doit se faire de manière « explicite », et non par des « discours inconsistants ». Ainsi y exhortait saint Paul, enjoignant son disciple Timothée d’« interdire à certains de dévier dans leur enseignement, ou de s’attacher à des récits mythologiques » (1 Tm 1, 3-4).
Il s’agit donc, pour ce bon prêtre, de verser dans les âmes « de bonnes semences, c’est-à-dire la Lumière de la foi et non pas nos opinions ou de pseudo-connaissances ». Mais pour cela, ajoutait-il finement, il ne faut pas douter soi-même « de la valeur de notre foi reçue à notre baptême, de sa puissance et de sa cohérence interne » ! La soif des jeunes est immense, il suffit de voir la hausse du nombre de catéchumènes. À nous d’être à la hauteur !