D’un lecteur du Salon beige :
Quand nous parlons de politique, très rapidement, nous parlons des personnes de gauche et des personnes de droite. Dans un article paru dans l’Incorrect ou un autre paru dans Les 4 Vérités, à la question « Le clivage gauche-droite a-t-il encore un sens ? » ils répondront que ce clivage existe bel et bien, mais qu’il n’est pas vraiment définissable. Mais en fait, pour répondre constructivement à cette question, il serait peut-être nécessaire de commencer par définir ce qu’est la droite et ce qu’est la gauche… C’est ce que nous allons tenter de faire au travers de cet article.
La notion populaire de gauche et de droite
Pour commencer, tentons de donner des éléments qui définissent ce qu’est la gauche et la droite d’une manière générale, de manière à correspondre à ce qu’en pense le plus grand nombre. En relevant les avis, il est très intéressant de voir que les individus de « gauches » ne donnent pas les mêmes éléments que les individus de « droites ». Déjà ici, la définition diverge…
En effet, pour les personnes se disant plutôt de droite, la « gauche » serait un mouvement politique qui recherche le progrès et l’égalité à tout prix, au-delà des valeurs nationales. Elle serait également incohérente et détachée du réel. Elle n’aurait aucune attache aux valeurs traditionnelles et rejetterait toute idée de frontière par exemple. Quant à la « droite », il s’agirait d’un mouvement politique recherchant plutôt la stabilité et la légitimité de l’autorité. Elle chercherait à préserver de manière traditionnelle la culture du pays, à défendre ses intérêts sur la scène internationale et à promouvoir une France aux valeurs fortes.
Pour ce qui est des personnes se disant de « gauche » (la définition gauche-droite m’a été personnellement donnée par un certain nombre de personnes de gauche. Cette définition n’a en rien été exagérée), la droite serait un mouvement politique qui promeut un individualisme mortifère, où chacun ne pense qu’à lui à travers une surconsommation et une promotion intégrale du système capitaliste. Il promouvrait de ce fait les inégalités salariales, et serait favorable à l’enrichissement démesuré des patrons contre les ouvriers. En revanche, la gauche serait un mouvement politique qui promeut l’égalité de tous, quitte à imposer la redistribution de l’argent de tous patrons. Elle veut favoriser une forme de mondialisme pour qu’aucune culture ne s’impose plus qu’une autre où que ce soit. Et enfin, respecter davantage la planète contre le système actuellement en place.
Il est intéressant de noter que certains éléments des définitions données par les deux groupes ne se contredisent pas forcément. Cependant d’autres se contredisent. Quant à appliquer les définitions selon données par la « droite » ou celles de la « gauche » relève de l’impossibilité totale. Dans les deux cas, il est assez facile de prendre une personnalité quelconque du domaine politique et de la placer à la fois comme étant de droite ou de gauche, en sélectionnant judicieusement les éléments pour le définir.
La question devient donc : comment définir ce qu’est la gauche et la droite de façon à ce que nous puissions déterminer précisément le camp politique de n’importe quelle personnalité ?
Le problème de la définition
Avant de tenter de définir ces deux notions, notons que définir quelque chose correspond au « fait de déterminer les caractéristiques d’un concept, d’un mot, d’un objet, etc., ensemble des propriétés essentielles de quelque chose ». En philosophie, nous disons que la chose EST.
Cependant, les définitions données ci-dessus sont construites sur l’observation des actions menées par les deux groupes politiques. Or l’action, c’est le « fait ou [la] faculté d’agir, de manifester sa volonté, en accomplissant quelque chose ». Dans notre cas, de mettre en mouvement le système politique présent pour le faire changer dans une certaine direction. Or en philosophie, Saint-Thomas d’Aquin décrit : « être en mouvement, c’est tout ensemble Être et n’Être pas ». C’est en effet logique, car comment définir le mouvement autrement, sans être obligé de se fixer à des points de départs ou de fins dépassant de fait le cadre de cette notion.
Les éléments populairement utilisés pour donner sens aux notions de droite et de gauche n’ont donc aucune valeur pour définir le spectre politique, étant contraire à une définition fixée de ce qu’elles sont. En effet, il n’est pas possible de définir quelque chose sur son action pure, ce serait contraire au principe même de vérité.
Définition de la droite et de la gauche
Pour définir ce qu’est la droite et la gauche, partons d’un constat simple et évident sur lequel tout le monde sera d’accord : la droite s’oppose à la gauche. Si nous ne sommes déjà pas d’accord dessus, alors la notion de droite-gauche n’a déjà plus aucun sens.
Comment faire en sorte de dissocier la définition de chacun des deux courants politiques, de leurs actions purement politiques ? La réponse est simple : en les définissant sur leurs bases idéologiques, sur ce qui est à l’origine de leurs actions politiques. Ainsi, toute action politique sera inclus dans la définition même de ce que sont la droite et la gauche. Et toute tentative de récupération politique d’une action serait vaine de la part d’un des deux groupes. En effet, il est tout à fait concevable qu’une action politique puisse appartenir au deux bords « extrêmes » sans qu’elle appartienne aux groupes centraux. Cela n’en fait pas pour autant une action plus de gauche ou plus de droite, et peut très bien naître des deux groupes. Cependant, il est très probable que cette action commune n’aura pas la même base idéologique, et ne sortira pas d’une même volonté. D’où la pertinence de baser la définition sur les fondements philosophiques de chacun des groupes.
En conciliant ces deux constats, il est donc nécessaire de trouver les deux idéologies qui s’opposent le plus. Et en France, il paraît évident que les deux systèmes dont les principes philosophiques s’opposent en tout est le catholicisme d’un côté et le marxisme de l’autre.
Cette opposition se caractérise par un principe premier, qui influe tout le reste du courant philosophique : la vérité. D’un côté le marxisme rejette « tout ordre que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et Dieu tout ensemble » (La révolution, recherche historique, Monseigneur Gaume, 1877). À l’opposé, le catholicisme accepte et cherche l’unique vérité qui est Dieu, et où l’homme est créature de Dieu.
Ainsi, le marxiste rejettera toute forme de vérité qu’il n’a pas lui-même construite, et toute forme de transcendance qui dépasserait l’homme. Dès lors, de manière cohérente, s’il venait à l’homme d’établir quelque chose comme vrai qui le dépasse, il faudra le détruire pour reconstruire autrement. Toujours en recherchant cette même cohérence, la définition des choses ne doit pas être fixée dans ce qu’elles sont, « et les mots eux-mêmes ne seront plus utilisés pour l’être qu’ils désignent, mais pour la force qu’ils dégagent. Une sorte de vertu incantatoire. Sens dynamique, non littéral. » (Marxisme et Révolution, Jean Ousset.). C’est ici que naît cette notion de « Révolution permanente » développé par Marx. Ainsi, « rien n’existe pour elle que le processus ininterrompu du devenir et du transitoire » (Discours d’Engels aux funérailles de Marx), disait Engels. Et Bergson lui-même dira : « Il n’y a pas de choses, il n’y a que des actions » (L’évolution créatrice, Bergson, 1907). En fait, la définition des choses se fait par l’action, se passant ainsi de toute forme de vérité. De plus, pour éviter que l’action n’amène naturellement certains hommes à y déceler une forme de vérité, le marxisme entretient la contradiction de l’action. « D’où la formule de « philosophie de la contradiction » accolée parfois au marxisme » ajoutera Ousset (Marxisme et Révolution, Jean Ousset).
À l’extrême opposé, nous avons le catholicisme, une religion qui, par nature même, est contemplative et transcendante. Nous cherchons la Vérité, et ce qui est établi comme vrai l’est pour l’éternité. Cette vérité peut être découverte par l’acte d’intelligence et de volonté de l’homme. La vérité n’est pas faite par l’homme, mais il peut la trouver : elle EST. Cependant, comme le monde terrestre n’est pas parfait, l’homme est amené à agir, non de cette même manière que le marxiste, mais d’une manière chrétienne, avec un but définit : la sainteté. Il reste de fait tout à fait possible que des changements soient apportés à la compréhension que nous avons de la vérité. Contrairement au marxiste, il ne s’agit pas d’une simple envi de changer la vérité, mais d’un apport fait à la compréhension que nous avons de la vérité. De même, le catholique cherchera une certaine cohérence dans ses actes, comme étant le témoin d’une vérité qui le dépasse, et qui le pousse à agir de la sorte.
Nous comprenons à présent pourquoi le marxisme et le catholicisme s’opposent en tout. Ils sont tous les deux sources des fondements philosophiques importants.
Nous pourrions donc très simplement définir la droite comme étant ce qui relève d’une idéologie catholique (sans toute fois être obligé d’être baptisé, mais en adhérant simplement à ces principes philosophiques). Et la gauche comme étant ce qui se construit sur le marxisme.
Cette fois-ci la définition éclaircit le champ politique actuelle, et permet de placer les personnalités dans un spectre politique clair, où il est possible de réfléchir de manière constructive. De cette manière, nous retrouvons une droite défendant des valeurs traditionnelles (la transmission d’une manière d’agir et de penser d’une génération à l’autre, liée par le principe de vérité). Et nous retrouvons la gauche favorisant un progrès et un égalitarisme dont on ne comprend par toujours le but (pour nous personnes de droite).
Notons qu’en plaçant ainsi la définition de gauche et de droite, une grande partie des personnalités gardent leurs places respectives populairement reconnues. Il est intéressant aussi de voir que le discours de Zemmour proclamant « je suis le seul homme de droite » prend ici tout son sens. Il était en effet le seul candidat à n’avoir fait presque aucun compromis dans son programme politique, ni dans ces discours médiatiques. Il est aussi le seul à s’attacher explicitement à ses valeurs et à la vérité (son meeting du Trocadéro était dédié à la défense de la Vérité). Enfin, Macron se retrouve à l’extrême gauche, la définition de la gauche n’étant ici pas attachée à un système économique en particulier). Il s’est en effet lui-même déclaré comme étant un « humaniste », réclamant toujours plus « d’humanisme » lors de son meeting à la présidentielle 2022. Or l’humanisme est un fondement du marxisme en tant que philosophie plaçant l’homme au centre et au-dessus de tout. Ainsi, le mot « humanisme » est moins connoté comme étant de gauche que « marxisme ». De plus, en se réclamant ainsi de ce courant de pensée, il entre dans le cadre restreint des « marxistes conscients » si cher à Marx. Marx considérait deux groupes de marxiste : ceux qui suivait le marxisme sans en avoir conscience, et ceux qui le suivaient de manière pleinement consciente et qui pouvait donc le promouvoir de manière totale. Macron entre ainsi dans cette seconde catégorie.
Définir la droite et la gauche n’a pas de sens
À présent, nous tenons une définition claire et convenable de ce que sont la droite et la gauche, sans avoir trop bouleversé le champ politique tel que perçu actuellement par la majorité.
Le problème : cette définition est fondée sur une réflexion de droite et ne peut convenir aux personnes de gauches. (Notons à partir d’ici que nous retiendrons la définition obtenue précédemment pour définir ce qu’est une personne de gauche ou une personne de droite). En effet, nous définissons ici les deux bords politiques dans une logique chrétienne de recherche de la vérité. Ce qui, de fait, est contraire à la pensée marxiste rejetant toute forme de vérité, et que nous définissons comme étant de gauche. Or le marxiste définit les choses dans leurs actions. Ainsi une personne de gauche ne pourra en aucun cas obtenir la même définition de ce que sont la droite et la gauche. Et inversement.
En fait, la manière même dont on choisit de définir ces deux notions contient l’idéologie même à laquelle nous adhérons.
Donc, la droite et la gauche ne pourront JAMAIS s’accorder sur ce qu’ils sont, car les fondements philosophiques mêmes et la manière même de penser sont divergentes par nature. La gauche ne pourra jamais accepter que temporairement cette définition qui vient d’être faite, et la droite ne pourra jamais accepter la définition venant de la gauche.
Le principe de droite et de gauche n’a ainsi jamais eu de sens, car personne ne pourra jamais s’accorder sur ce qu’ils sont.
Seul le débat d’idée compte et peut permettre d’apporter des solutions à notre monde ! Cette notion de « droite » et de « gauche » empêche toute émergence d’idées et tout débat constructif. Il est temps de dépasser ce cadre-là !
Définition d’extrême
Ajoutons que le mot « extrême » n’a plus de sens non plus dans sa manière d’être utilisé ces dernières décennies. Nous ne savons plus trop aujourd’hui si ce mot veut dire que la personne va au fond de ces idées ou s’il veut les imposer sans réflexion, par la force… Il s’agit peut-être d’un mélange des deux. Tentons de définir succinctement ce qu’est un mouvement extrémiste, sans pour autant devoir le fixer à des groupes dont les fondements idéologiques sont forts, permettant ainsi de définir quelqu’un du « centre » comme extrémiste. Pour cela, nous nous baserons sur les études psychologiques menées après la guerre, et vulgarisées par le groupe « Horizon Gull » à travers sa série « les autoritaires ».
Ces études ont montré que l’extrémisme dans le domaine politique relève de trois caractères : le conventionnalisme (fait de se conformer au groupe sans directive particulièrement explicite) ; l’agressivité autoritaire (fait d’imposer les lois par la force plutôt que le débat d’idée) ; et la soumission à l’autorité (fait pour le peuple de se soumettre sans remise en question aux directives non légitime de la hiérarchie). Nous remarquerons que ces trois caractéristiques relève du manque de débat constructif d’idée, rejetant aussi toute forme de différence par la force plutôt que par la confrontation d’idée réaliste et logique.
Conclusion
Pour éviter de tomber dans un régime extrémiste, nous pouvons voir qu’il est important de faire croître le débat d’idée de manière constructive et attentive.
La notion de droite-gauche a une tendance dangereuse de fermer le débat à ces deux seules notions, qui de fait ne sont pas définissables de manière consensuelle. De cette manière les individus ne sont jamais complètement libres d’écouter les personnalités dont les idées seraient du bord opposé. Ces deux notions sont donc un vrai parasite à la construction d’idée et à la formation de l’opinion.
La notion de « Sealioning » («Consiste à importuner des gens par des demandes insistantes d’arguments ou bien des questions répétées, tout en maintenant une apparence de courtoisie et de sincérité») née en 2014 en est d’ailleurs un indicateur important. L’existence même de ce mot prouve que le débat d’idée est en train de perdre du terrain, et que le monde s’enfonce dans un totalitarisme profond, probablement inégalé dans l’histoire.
C’est aujourd’hui une urgence capitale que de reprendre de vraies discussions entre les personnes de différents spectres politiques, en acceptant de dépasser enfin la notion liberticide de gauche et de droite.
Xavier L.
incongru
très difficile de concilier des gens qui n’ont pas la même définition de ce qu’ils sont, mais est-ce nouveau ? vouloir classer les idées, ou les actions, à droite ou à gauche relève du journalisme, essentiellement, qui accole un adjectif droite (Div Droite, par ex ) ou gauche à la suite de “maire” (exemple) : n’est-ce pas contre la démocratie ? l’élu ne l’est-il pas de tous ? c’est un sectarisme qui a beaucoup progressé, et qui ne facilite pas la clarté des idées, de même que l’absence de lecture de professions de foi avant les élections : qui les lit, et en tire profit ? n’écoute-t-on pas plutôt les média ? ne pas s’étonner, ensuite, des dérives qui ont étés cultivées par les gouvernements dont Jospin a déclaré le côté factice à propos de JMLP ; ceci est le résultat des enseignements marxistes de la fin de la guerre, et on peut dire que Staline peut être satisfait (le Vatican, combien de divisions?)
D'Haussy
J’ai une autre définition de la droite si Zemmour est l’incarnation de celle-ci : la compromission.
https://video.lefigaro.fr/figaro/video/avortement-mariage-pour-tous-eric-zemmour-precise-son-programme/
Meltoisan
Si vous deviez voter demain, pour quel candidat crédible ayant une petite chance d’être élu voteriez-vous ?
Question subsidiaire : Préfèreriez-vous par votre attitude encourager le statu quo pour des décennies ? Ou préférez-vous une révolution ?
D'Haussy
Vaincre ou mourir.
Augusto 03
Je trouve cette négation du clivage Droite/Gauche un peu simpliste.Le clivage Droite/Gauche a été créé en France durant la Révolution,et cette division politique a servi de modèle dans le monde entier.Il est non seulement une réalité historique,fondé deux philosophies différentes de l’humain et de la politique,mais également un élément indispensable de notre système politique,et même de toute démocratie et ce,à plus d’un titre(besoin d’une alternative,d’un débat fondé sur des opinions opposées…).Selon moi,le véritable souci n’est pas d’abolir ce dualisme,mais de changer l’angle de vue que nous avons de notre(pauvre)démocratie et de l’évolution de la politique depuis près de deux siècles:Depuis bien trop longtemps(pour ne pas dire toujours)nous partons du postulat(y compris une grande partie de la Droite conservatrice)que,depuis 1789 c’est le peuple qui a pris le pouvoir en lieu et place de la tyrannie.Or comme le dit très justement Platon dans »La République»,celui qui accède et exerce le pouvoir n’est pas celui qui est le plusieurs juste,mais bien celui qui est le plus fort.Or la Révolution Française n’est rien d’autre que le remplacement de l’aristocratie et des valeurs traditionnelles et spirituelles qu’elle défendait,par la bourgeoisie et ses «valeurs»matérielles et matérialistes,et c’est cette inclusion(terme à la mode !)bourgeoise qui déforme véritablement la notion du clivage Droite/Gauche.Toute l’Histoire de France depuis 1789 ne fait que suivre finalement le fil rouge bourgeois et libéral,de la trahison de Louis XVI par son cousin durant les événements dramatiques du XIIIè Siècle à Mai 68,de Robespierre à Emmanuel Macron,dont l’avènement n’est somme toute que l’aboutissement de la Révolution et du grand rêve de faire réunir sous une même entité la bourgeoisie de Droite et la bourgeoisie de Gauche,la Droite orléaniste et Saint-Simonienne et la Gauche caviaro-marxiste.La première par intérêt,la seconde par idéologie.Ainsi,si vraiment comme le pensent 99% des français la construction politique depuis près de deux siècles s’était établie purement et simplement par rapport au petit peuple et pour le petit peuple,nous n’aurions pas ce mélange des genres et le sentiment que ce clivage n’existe pas.Or la bourgeoisie en phagocytant d’un côté les valeurs de la Droite et de l’autre celles de la Gauche,a finalement introduit le doute dans les consciences quand aux valeurs intrinsèques de chacune de ces tendances,jusqu’à finalement offrir le sentiment qu’elles se mélangent alors qu’elles sont totalement antagonistes,il suffit d’ailleurs de considérer leurs origines respectives pour le remarquer.Ce qui est amusant,c’est de voir que c’est la bourgeoisie libérale qui par ses excès a permis la naissance et l’essor du marxisme,et qu’aujourd’hui ces deux mouvements se retrouvent,au point de se confondre:Cohn-Bendit et Bayrou,Schiappa et Le Maire,Macron et Sarkozy,hier ennemis ou adversaires,aujourd’hui main dans la main…ça fait rêver.
colcombet
Si nous avions des représentants dignes de ce nom aux LR qui ne soient plus prêts à se compromettre avec Macron, ils n’auraient qu’un objectif , plutôt que garder leur mandat de député : combattre la macronie. Et pour cela ils voteraient aussi la motion de censure , ce qui compte tenu des voix de la NUPES et du RN, ferai tomber ce gouvernement incompétent et menteur.
Augusto 03
Quand à Éric Zemmour»seul véritable candidat de Droite»(!):comme le dit un lecteur plus haut,il semblerait que lui aussi se mélange les pinceaux sur le clivage Droite/Gauche,car il ne me semble pas que ne pas revenir sur le mariage pour tous ou l’IVG,rester dans l’UE,la CEDH,l’Euro,Schengen soient des postures très«droitières»et conformes aux valeurs humaines et souverainistes et nationales de la Droite.Quand au soutien à la réforme des retraites de Macron,et son résultat qui est d’expédier des millions de personnes au travail deux ans supplémentaires,pour toucher des retraites de misère,quand bien même celles-ci pourront en bénéficier,je ne crois pas que ce soit une attitude très chrétienne,le Christ ayant plus l’habitude de soulager les douleurs de ses disciples que de les achever.Mais peut-être Zemmour à t-il plus souvent lu la Torah ou Le Figaro que les Évangiles.
lefleuriste
La notion de « gauche-droite » permet d’escamoter la notion de régime de gouvernement.
Droite = monarchie
Gauche = république
Gauche molle = républicains dit « de droite » FN, RN, R !, LR
Gauche dure = républicains dit « de gauche » PS, EELV, LFI, PCF
Extrémiste = Marianne, Louis-Marie Turreau, Satan, le Christ, L’archange Saint-Michel, La Vierge Marie.
Ce sont toujours les extrêmes qui font avancer le monde. Le principe du centriste, c’est d’être versatile c’est-à-dire sans opinion propre. La plèbe étant le centre mou politique, la démocratie est une aberration (ce n’est pas au troupeau de diriger le berger).
Garde67
La distinction gauche-droite n’a de sens que si l’on se situe dans la République.
Je livre, ici, un extrait de “la Note sur la suppression générale des partis politiques” rédigée par Simone Weil en 1940 :
“L’usage même des mots de démocratie et de république oblige à examiner avec une attention extrême les deux problèmes que voici :
1 – Comment donner en fait aux hommes qui composent le peuple de France la possibilité d’exprimer parfois un jugement sur les grands problèmes de la vie publique ?
2 – Comment empêcher, au moment où le peuple est interrogé, qu’il circule à travers lui aucune espèce de passion collective ?
Si on ne pense pas à ces deux points, il est inutile de parler de légitimité républicaine.
Des solutions ne sont pas faciles à concevoir. Mais il est évident, après examen attentif, que toute solution impliquerait d’abord la suppression des partis politiques.
Pour apprécier les partis politiques selon le critère de la vérité, de la justice, du bien public, il convient de commencer par en discerner les caractères essentiels.
On peut en énumérer trois :
– Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective.
– Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression
collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres.
– La première fin, et, en dernière analyse, l’unique fin de tout parti politique, est sa propre croissance, et cela, sans aucune limite.
Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration. S’il ne l’est pas en fait, c’est seulement parce que ceux qui l’entourent ne le sont pas moins que lui.
(…/…)
Ainsi la tendance essentielle des partis est totalitaire, non seulement relativement à une nation, mais relativement au globe terrestre. C’est précisément parce que la conception du bien public propre à tel ou tel parti est une fiction, une chose vide, sans réalité, qu’elle
impose la recherche de la puissance totale. Toute réalité implique elle-même une limite. Ce qui n’existe pas du tout n’est jamais limitable.
C’est pour cela qu’il y a affinité, alliance entre le totalitarisme et le mensonge.
(…/…)
Le tempérament révolutionnaire mène à concevoir la totalité. Le tempérament petit-bourgeois mène à s’installer dans l’image d’un progrès lent, continu et sans limites. Mais dans les deux cas, la croissance matérielle du parti devient l’unique critère par rapport
auquel se définissent en toutes choses le bien et le mal. Exactement comme si le parti était un animal à l’engrais, et que l’univers eût été créé pour le faire engraisser.
On ne peut servir Dieu et Mammon. Si on a un critère du bien autre que le bien, on perd la notion du bien.
(…/…)
Les partis sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice.
(…/…)
Quand il y a des partis dans un pays, il en résulte tôt ou tard un état de fait tel qu’il est impossible d’intervenir efficacement dans les affaires publiques sans entrer dans un parti et jouer le jeu. Quiconque s’intéresse à la chose publique désire s’y intéresser efficacement.
Ainsi ceux qui inclinent au souci du bien public, ou renoncent à y penser et se tournent vers autre chose, ou passent par le laminoir des partis. En ce cas aussi, il leur vient des soucis qui excluent celui du bien public.
Les partis sont un merveilleux mécanisme, par la vertu duquel, dans toute l’étendue d’un pays, pas un esprit ne donne son attention à l’effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité.
Il en résulte que – sauf un très petit nombre de coïncidences fortuites – il n’est décidé et exécuté que des mesures contraires au bien public, à la justice et à la vérité.
Si on confiait au diable l’organisation de la vie publique, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux.
(…/…)
On avoue que l’esprit de parti, aveugle, rend sourd à la justice, pousse même d’honnêtes gens à l’acharnement le plus cruel contre des innocents. On l’avoue, mais on ne pense pas à supprimer les organismes qui fabriquent un tel esprit.
Cependant, on interdit les stupéfiants.
Il y a quand même des gens adonnés aux stupéfiants.
Mais il y en aurait davantage si l’État organisait la vente de l’opium et de la cocaïne dans tous les bureaux de tabac, avec affiches de publicité pour encourager les consommateurs.
La conclusion, c’est que l’institution des partis semble bien constituer du mal à peu près sans mélange. Ils sont mauvais dans leur principe, et pratiquement leurs effets sont mauvais.
La suppression des partis serait du bien presque pur. Elle est éminemment légitime en principe et ne paraît susceptible pratiquement que de bons effets.
Les candidats diront aux électeurs, non pas : « J’ai telle étiquette » – ce qui pratiquement n’apprend rigoureusement rien au public sur leur attitude concrète concernant les problèmes concrets – mais : « Je pense telle, telle et telle chose à l’égard de tel, tel, tel grand
problème. »
Les élus s’associeront et se dissocieront selon le jeu naturel et mouvant des affinités. Je peux très bien être en accord avec M. A. sur la colonisation et en désaccord avec lui sur la propriété paysanne ; et inversement pour M. B. Si on parle de colonisation, j’irai, avant la
séance, causer un peu avec M. A. ; si on parle de propriété paysanne, avec M. B.
La cristallisation artificielle en partis coïncidait si peu avec les affinités réelles qu’un député pouvait être en désaccord, pour toutes les attitudes concrètes, avec un collègue de son parti, et en accord avec un homme d’un autre parti.
Combien de fois, en Allemagne, en 1932, un communiste et un nazi, discutant dans la rue, ont été frappés de vertige mental en constatant qu’ils étaient d’accord sur tous les points !”
En résumé, il nous faut nous libérer de l’asservissement des partis politiques qui ne sont source que de contradictions, de mensonges et donc fatalement de corruption. Le clivage “gauche-droite” n’est qu’une imposture servant à distraire les gens des vrais enjeux de notre civilisation.