Gabrielle Cluzel s'insurge contre la récupération médiatique des "petites phrases" du Pape François, montrant que ce qu'a accompli l'Europe jusqu'ici en matière d'immigration, ce n'est pas du tout ce que suggérait le Pape dans ses voeux :
[…] "Selon Le Point, le pape a exhorté lundi l’Europe, lors de ses vœux annuels, à rester accueillante et « un phare d’humanité » en dépit des menaces terroristes.
Oui, et donc ? N’est-il pas ni plus ni moins dans son rôle en recommandant à ses ouailles – car les Européens restent « ses ouailles », même si on en a connu de plus dévotes – de pratiquer la vertu de charité ? Sauf que, s’il doit faire ce rappel, si l’Europe est tentée de descendre la herse et de hisser le pont-levis, au risque de laisser de (vrais) malheureux en carafe, c’est que jusqu’à présent aucun accueil bien compris n’a été mis en œuvre. Juste une vaste pagaille (et je reste polie) qui a conduit au climat de guerre que l’on sait. Et une Europe en guerre se sent légitimement le droit et le devoir de se protéger.
Aucune communauté religieuse ayant vocation à recueillir ne laisse ses portes ouvertes à tous vents, sans plus se préoccuper des pauvres hères qui viennent y trouver refuge. Au contraire, elle veille à entretenir un climat de paix et de quiétude que le réfugié de bonne foi est venu chercher, et ne laisse pas rentrer les brigands que celui-ci avait aux trousses. Si l’asile devient le même champ de bataille que celui qu’il a quitté, le réfugié est le premier floué.
Dans ses vœux, le pape recommande de « trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants ». Est-ce ce que font nos gouvernants ? Non, bien sûr.
Lors de sa visite dans la jungle de Calais, l’ancien chef du département antiterroriste de la police de Londres a confié que s’il était djihadiste, il se cacherait là, car il est très facile d’y passer inaperçu. Il est persuadé que Daech est bien présent dans le camp. Est-ce cet accueil-là, suicidaire et explosif, tel qu’il a été criminellement improvisé par nos gouvernants, que prône l’Église ? Non, bien sûr.
Selon La Croix, le pape a rappelé au cours de ces mêmes vœux que « celui qui est accueilli […] a le devoir de respecter les valeurs, les traditions et les lois de la communauté qui l’héberge ». Est-ce ce qu’exigent nos gouvernants des nouveaux arrivants ? Non, bien sûr.
Le pape en a enfin profité pour dénoncer « la perte d’identité – aussi religieuse – que connaît dramatiquement l’Occident, où elle fait le terreau du fondamentalisme ». Nos gouvernants s’inquiètent-ils de cette perte d’identité « dramatique », notamment religieuse ? Non bien sûr.
Puisqu’ils en sont les premiers ouvriers. Ceux donc qui cultivent, d’après le pape, le terreau du fondamentalisme."