Comme autour de la Mamma chantée par Charles Aznavour ils sont venus, ils sont tous là, aux pieds de Notre-Dame : les avorteurs artisans de la constitutionnalisation de l’avortement, les invertis exposant leur compagnon dans la presse people, tous ceux qui depuis des décennies s’acharnent à détruire l’héritage chrétien immatériel de la France (mœurs, habitudes, institutions) dont la cathédrale Notre-Dame de Paris est le plus bel, et emblématique, témoignage matériel. Y a même Manu, le fils prodige, peut-être un jour prodigue, figé en un sourire quasi permanent de satisfaction de lui-même. Seules quelques rares personnalités (Henri d’Anselme- le héros au sac à dos-, le prince Jean de France, son épouse et son fils) paraissent conscientes de la nature réelle de l’événement et de sa signification alors que la grande masse des participants ne peut qu’être étrangère à un héritage qu’elle est incapable intellectuellement de comprendre et spirituellement de vivre.
Une belle réussite
Cette réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, cinq ans après le drame du 16 avril 2019 aurait dû être un jour de joie et une fête sans mélange. La prouesse technique est incontestable, la beauté du bâtiment restauré à couper le souffle, la compétence et le dévouement des équipes qui ont œuvré à cette restauration, manifestes. Un hommage légitime a été rendu aux pompiers qui ont sauvé l’édifice en proie aux flammes, la Providence ayant permis qu’il n’y ait pas un seul mort à déplorer, aux mécènes qui ont financé la reconstruction, au général Georgelin, maître d’œuvre de ce chantier… pharaonique. Emmanuel Macron s’est livré à un exercice oratoire, empreint de gravité et d’émotion, inhabituel dans sa bouche : une exaltation du roman national de St Louis à Claudel. Roman national qu’il s’acharne chaque jour à déconstruire. Il n’a pas été question d’Europe, cela nous repose ! La preuve a été faite qu’avec une vraie volonté politique il est encore possible, en France, de faire de grandes, et belles, choses.
Un goût amer dans la bouche
D’où vient alors ce sentiment d’incomplétude, voire d’amertume, alors qu’une fois encore les regards du monde entier ont été, pendant quelques heures, tournés vers la France et Notre-Dame ? Tout d’abord, un voile pudique semble avoir été jeté sur les origines du drame. Depuis cinq ans l’enquête piétine. Comme l’observe Didier Rykner, fondateur de la Tribune de l’Art, il semblerait que la responsabilité de l’Etat, propriétaire de la cathédrale depuis les spoliations de la Révolution, soit en cause, par négligence, dans cet accident dans lequel il est trop facile de ne qu’une succession de malchances. Ensuite, la cérémonie elle-même a suscité bien des commentaires. Les vêtements liturgiques portés par les concélébrants (170 évêques, 106 prêtres) et conçus par le styliste Jean-Charles de Castelbajac dans une optique très colorée et arc en ciel ont suscité bien des interrogations : Clin d’œil au défilé de mode ecclésiastique du film de Federico Fellini Roma ? Publicité gratuite pour Google, Liddle ou Uno ? Réminiscences enfantines de Pierrot ou Polichinelle ? Certains ont évoqué le cirque Zavatta. Chacun se perd en conjectures. Ce qui est certain c’est que si cet accoutrement n’était guère en phase avec la solennité des lieux il s’accordait tout à fait à l’ambiance générale de la cérémonie : à la fois digne par sa solennité mais aussi très « laïque » et festive dans son déroulement. Il est loin le temps où la cérémonie de la dédicace d’une église commençait par ces mots : « Terribilis est locus iste, Que ce lieu est redoutable ! C’est la maison de Dieu et la porte du ciel ». Plus qu’à la gravité, à la transcendance, à la verticalité, au recueillement l’heure semblait aux mondanités et aux familiarités entre puissants de ce monde : Brigitte Macron embrassant comme du bon pain le recteur de la cathédrale Mgr Ribadeau Dumas qui l’accueillait à l’entrée de la cathédrale, son mari multipliant sourires et poignées de main, le tout dans un brouhaha qui semblait faire l’impasse sur la présence dans le tabernacle de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, maître de l’univers et juge des vivants et des morts. En ces temps là également le pontife montant ou descendant la nef bénissait la foule qui se prosternait et ne se contentait pas, laïcité oblige ?, d’un petit signe de la main : Bonjour ! Bonjour !
Ils ne savent pas ce qu’ils défont !
Le nonce à Paris, Mgr Migliore, a d’abord lu une lettre du pape, invité mais absent, qui a justement valorisé le travail des artisans et la redécouverte de vérités oubliées qui viennent du passé pour nous aider à redécouvrir le sens de notre histoire nationale. Ensuite le sermon de Mgr Ulrich s’est révélé sans aspérités ni propos qui puissent fâcher quiconque. Plus surprenants ont été les propos de Mgr Lebrun, archevêque de Rouen, à l’issue de la messe, répondant à la question d’un journaliste : « Cela ne me choquerait pas qu’il (Emmanuel Macron) communie ». Est-il incongru de faire remarquer à Mgr de Rouen, qui a pourtant courageusement participé plusieurs fois à la Marche pour La Vie du mois de janvier qu’Emmanuel Macron est l’homme qui a voulu puis fait inscrire l’avortement dans la Constitution. L’Eglise a longtemps proclamé et mis en œuvre l’enseignement selon lequel le soutien à l’avortement était passible d’excommunication et incompatible avec le fait de communier. Il faut convenir que ces dernières années quelques entorses à cette règle, au plus haut niveau, ont été observées. Ainsi en est-il de la communion donnée par le pape François à Nancy Pelosi, partisane affirmée de l’avortement, le 29 juin 2022. Quant à la communion sacramentelle reçue par Brigitte Macron, alors que sa situation conjugale semble confuse au regard de la loi de l’Eglise, sans doute s’agit-il d’une nouvelle mise en œuvre d’Amoris laetitia. Mais existe-t-il encore une doctrine, un enseignement et des lois dans la Sainte Eglise de Dieu, au-delà des appels récurrents à la paix, la joie et…la communion ? Pardonnez leur Seigneur, ils ne savent pas ce qu’ils défont !
Jean-Pierre Maugendre