Article proposé par Paul de Pikkendorf :
Nous voici exaltés par la splendeur des lieux. L’éclat et la blancheur des hauts frontons de pierres hors d’âge qui nous dominent, l’harmonie des bleus, des rouges et des ors d’hier et d’avant-hier, exhumée aujourd’hui par le subtil et patient travail des artisans, tout nous emporte dans un tourbillon de beauté. C’est une somme de concertos de formes justes, de discrètes sonates de fines sculptures, de doux menuets de touches lumineuses cintrées de plomb évoluant au long des heures et des jours, le tout s’accordant en une symphonie baignée de clarté immobile et silencieuse qui porte à élever le regard vers le Ciel. Notre-Dame est un reliquaire qui entretient, de la plus belle manière, le mérite perpétuel d’abriter son Dieu. C’est une orfèvrerie de pierre, de couleurs et de lumière, qui porte à la prière.
Que faut-il voir dans ce retour en grâce d’un fleuron de la grandeur de l’âme chrétienne française ?
Une leçon du passé. Car désormais, au beau milieu d’une post-modernité grise, artificielle, addictive et désenchantée, l’intelligence de la beauté, des arts et des talents du Moyen-Âge éclate au grand jour. Et tout porte à reconnaître que l’on fit il y a 800 ans, en deux siècles d’efforts, ce que nous ne saurions aujourd’hui bâtir, mais que nous savons restaurer parce qu’il reste des savoirs transmis par les filiations.
Il y a fort à penser que nous allons payer la réémergence de ce trésor du passé qui vient bousculer l’orgueil d’une gouvernance égotique adepte du leasing, qui ne pourra s’empêcher de percevoir la nécessité de l’analyse tendancielle, touristique et financière de la fréquentation du lieu, là où nous voyons pour notre part, comme nos aïeux, avec le regard humble du publicain, l’offrande infinie d’un Dieu à ses enfants. Les marchands ont été chassés du Temple, ils n’ont pas besoin d’y revenir, c’est l’Etat promoteur d’une consommation sans cesse inassouvie qui va s’en emparer. Et au beau milieu de ce nouvel orchestre se trouve un petit président qui dans une posture que d’aucun jugerait curieusement christique, a dit un jour : « Ce lieu s’est effondré, je le rebâtirai en cinq ans ». Certes, non pas lui, mais les artisans compagnons eux ont réussi.
Bien sûr, nous voici rassérénés et heureux, cinq ans après les flammes, par la fabuleuse restauration des lieux. Mais, l’admiration devant la grandeur éclatante, ne peut nous empêcher, avec vigilance, de tenter d’y voir clair dans l’ombre qui borde Notre-Dame. Car le remerciement présidentiel, ce vendredi 29 novembre, masquait mal l’arrière-pensée mitigée, politiquement calculatrice, lisible de façon intrigante, sur un visage aussi pâle et soigné que convenu. Nous voici à nouveau préoccupé de ce qui va nous être malicieusement annoncé par ce gouvernant séducteur et diviseur…
Nous voyons déjà se dessiner le style minimaliste de la « startup nation » dans les effets du grand remplacement des riches reliquaires d’or, des meubles de bois précieux, du baptistère patiné par les âges et de l’autel. Ces subtils détails du passé gommons-les ! « Le diable se niche dans les détails, or… il n’existe pas ! » diront les contemporains. Et , une circonspection aussi légitime que vigilante est de mise quant au résultat imposé du « concours de la nouveauté », méprisant l’avis des sages et des amoureux de Notre-Dame, pour les clartés des verrières Sud… celles dont l’exposition au midi inondera la nef de leurs propres jeux de couleurs… Auront-elles le sens et l’harmonie qui portent à la prière et au recueillement ?
De facto, ce réveil des grandeurs subtiles d’un royaume du passé est un peu gênant pour une république qui le disait obscur et ignorant, mais n’empêche pas d’en exploiter cyniquement le potentiel pécuniaire. Ils vont nous faire payer cette grandeur du passé ravivée, les petits champions des musées de la culture à consommer. Nous ne viendrons plus recevoir le corps du Christ sans consentir à l’octroi. Pour recevoir, il faudra donner, sauf à ne pas sortir des limites de flux méthodiquement imposées par le ministère de la culture à ce sage lieu de prières.
Le chrétien, canalisé dans son église, sera alors le nouveau dhimmi de la société des artifices éphémères.
TontonJean
Excellent article; presque tout est bien noté. Il manque une chose: pourquoi l’autel de “l’Eucharistie” a été remplacé par ce bloc informe de pièrre noire? Cela me rappelle qu’en 1789, les “laïcs” de l’époque avaient placé une statue de la déesse “raison” sur l’autel. La Révolution a tout son temps et elle persévère lentement mais sûrement. Satan a tout son temps, pense-t-il, sauf que le Créateur ne le laissera pas aller jusqu’au bout. Avertissons l’Archevêque de Paris, frère….. dont je ne sais pas le nom!
Arwen
Ce nouvel autel me fait penser à une grosse palourde échouée dans le chœur…
Horace
Je n’ai rien compris à cet article, aux phrases trop longues, dont on perd le fil de l’idée.
D’accord pour admettre que l’autel ressemble à une baignoire. Décidément les évêques d”aujourd’hui ignorent tout en matière de modernité et s’extasie trop vite face aux formes étranges. D’accord pour dire que le président tire à lui le mérite qui revient à tous les artisans. Il n’a pas sa place dans la cathédrale.