Une lectrice du Salon beige nous propose ce texte :
« Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. », Jn, II, 19
Il y a maintenant trois jours, la flèche de notre chère cathédrale s’effondrait dans un immense brasier sous les yeux atterrés des Parisiens, des Français, et même du monde entier. Sous un énorme panache de fumée, des flammes gigantesques jetaient une lueur comme apocalyptique.
« Notre Dame : le coeur de la France en feu. », titre hier Paris-Match. Le coeur de la France, oui, qui a vu tant d’âmes se prosterner devant elle, de Charles Péguy à Paul Claudel ; le coeur de la France, de son histoire, de sa littérature et de sa culture, depuis les rois de France, à Napoléon ou Victor Hugo ; mais aussi le coeur de l’Eglise d’une certaine manière, dont la France est la fille aînée.
On ne peut s’empêcher devant des images si fortes de les trouver symboliques, et elles le sont : la flèche de Notre Dame qui s’écroule en plein choeur, s’est aussi l’Eglise dont le coeur est transpercé par les tourments et les attaques du monde. Mais c’est aussi bien sûr le Coeur Sacré de Jésus, percé de la lance du soldat pour nos péchés.
Trois jours après la mort vient la résurrection. Trois jours après l’incendie vient l’espoir immense de la reconstruction. Car de ce mal indicible Dieu va tirer un bien ô combien plus important. Du Coeur de Jésus transpercé jaillissent l’eau et le Sang, jaillissent des flots de grâce, de miséricorde et de rédemption. De même, de cette cathédrale touchée en plein c(h)oeur la grâce va surabonder, pour l’Eglise, pour la France et pour le monde. Ce n’est pas seulement une église qu’il faut relever, c’est l’Eglise tout entière, voilà ce que Dieu a voulu faire éclater au grand jour en ce début de Semaine Sainte. Cette cathédrale en feu, cette croix géante irradiant au milieu des ténèbres, est un appel à ce que l’Eglise irradie au milieu du monde de par la Lumière de la Révélation qu’elle a reçu du Christ.
Rappelons-nous le sermon prophétique du Cardinal Sarah lors de la messe de clôture du pèlerinage de Pentecôte, à Chartres, l’année dernière :
« Chers pèlerins de France, regardez cette cathédrale, vos ancêtres l’ont construite pour proclamer leur foi. Tout dans son architecture, sa structure, ses vitraux proclame la joie d’être sauvés et aimés par Dieu. Vos ancêtres n’étaient pas parfaits, ils n’étaient pas sans péchés mais ils voulaient laisser la lumière de la foi éclairer leurs ténèbres. Aujourd’hui aussi, toi peuple de France, réveille-toi, choisis la Lumière, renonce aux ténèbres ! »
Blessée mais toujours debout, Notre-Dame est comme la Vierge au pied de la Croix, a rappelé Monseigneur Aupetit. Blessée mais toujours debout, Notre Dame se dresse, immense vaisseau de pierre fendant les flots, comme le fer de lance de la reconquête. Enfin, peut-être, la France va revenir aux promesses de son Baptême. Et les veillées de prière des jeunes place Saint Michel sont une promesse de cette résurrection.
Oui, trois jours après la mort vient la Résurrection, un Bien dépassant ô combien le mal commis. Ce chantier de reconstruction sera le chantier de notre génération, oeuvre de nos mains et de notre foi. A nous d’être dignes de nos ancêtres, de notre peuple de bâtisseurs. Et comme le disait encore le cardinal Sarah :
« L’Occident a été évangélisé par les saints et les martyrs. Vous, jeunes d’aujourd’hui, vous serez les saints et les martyrs que les nations attendent pour une nouvelle évangélisation. Vos patries ont soif du Christ, ne les décevez pas. »