Pourquoi une telle indifférence médiatico-politique en France à l'égard du martyre des Chrétiens d'Orient ? Bertrand Vergely, philosophe et théologien, répond à Atlantico :
"dans le climat antichrétien actuel, dire que des chrétiens se font massacrer en Syrie et en Libye apparaît à toute une partie de l’opinion très antichrétienne comme de la propagande chrétienne. C’est dire ce que l’antichristianisme a réussi à faire. Il est parvenu à nous rendre méchant voire monstrueux. La haine du christianisme est telle que parler d’un chrétien que l’on tue est perçu comme une atteinte à la laïcité. Non seulement être chrétien en France consiste à se taire, mais en plus à devoir se taire quand on tue des chrétiens. Michel Onfray dans son Traité d’athéologie appelait de ses vœux un nettoyage urgent de nos inconscients trop imprégnés, selon lui, par les miasmes du christianisme. Constatons-le : c’est fait. Notre inconscient n’est plus chrétien mais antichrétien."
Interrogé également, le journaliste Sébastien de Courtois, qui anime l'émission "Chrétiens d'Orient" sur France Culture :
"J’ai vu des articles mensongers publiés sur des sites internet réputés pour leurs scoops politiques, dire des bêtises sur l’État islamique, des approximations sur l’histoire des chrétiens d’Orient alors que tout est disponible sur Wikipédia… Je rêve d’une pleine page de Libé en une dénonçant ces mêmes crimes, je leur ai écrit à ce sujet, les réponses sont polies mais rien ne suit. (…)
Les chrétiens qui sont assassinés [et enlevés] dans le Khabour actuellement avaient déjà fui les massacres de Sémel en 1933, en Irak, et avant cela ceux du Hakkâri en 1915 dans le sud-est de la Turquie… Hassaké et Qamishli sont des villes qui ont été construites par des ingénieurs français pendant la période du mandat en Syrie, comme les immenses travaux d’irrigation qui ont permis de les sédentariser pour faire vivre ces familles. Et nous ne sommes pas capables de leurs consacrer une heure d’émission à la télévision ?"