Extrait d'un texte de Philippe Maxence :
"Notre opposition est politique, mais n’est pas électorale
Le
Projet de loi Taubira est par essence un projet politique, non au sens
de son orientation au bien commun de la société, mais au sens moderne et
idéologique du terme, de transformation de la réalité de la vie
sociale. À ce titre, notre contestation est politique, au sens – elle –
où elle veut réordonner la politique au bien commun et qu’elle conteste
radicalement la vision idéologique qui sous-tend le Projet de loi
Taubira. Quand j’écris qu’elle n’est pas électorale, je ne m’immisce pas
dans des questions de modes opératoires. Plus fondamentalement, je veux
souligner que même si cette « loi » est votée, elle n’en gardera pas
moins son caractère illégitime et que le mouvement d’opposition devra
continuer jusqu’à son retrait final. Certes, ce texte aura l’apparence
d’une loi et s’imposera avec toute la force d’une loi. Mais elle ne sera
pas une loi, car elle n’est pas conforme à la nature de l’homme, aux
lois supérieures qui régissent l’humanité et au bien commun de la
société. Ce sera, si l’on veut, une « loi Canada dry ».Notre opposition est politique, mais n’est pas partisane
Le
mouvement qui s’est fait jour à l’occasion de l’opposition au Projet
Taubira est un mouvement qui dépasse très largement les questions de
partis politiques. Mais il faut s’entendre sur cet aspect comme l’a
montré la manifestation du 24 mars. En écrivant que cette contestation
dépasse très largement les partis politiques, je ne veux pas simplement
constater que venant de droite et de gauche certaines personnes
s’opposent au mariage pour tous et se retrouvent ensemble dans cette
opposition. Je ne veux pas simplement dire que ce dépassement provient
justement de cette présence de personnalités ou de militants de droite
et de gauche, côte à côte. Car, là aussi, nous avons un effet déformant.
Si cette opposition n’est pas partisane, c’est qu’elle est le fruit
d’une contestation profonde qui s’est fait jour et qui existe en dehors
des partis politiques. On pourra la nommer, à défaut d’autres termes,
une contestation du pays réel ou une contestation de la société civile.
La forme prise par l’opposition au projet Taubira est, à sa manière, un
reflet du désintérêt des Français pour les partis politiques, désintérêt
manifesté à chaque élection, mais non pour la chose politique. C’est la
manifestation du désintérêt pour la politique, au sens moderne et
idéologique du terme, mais non pour la politique, au sens du souci du
bien commun. Un désintérêt actif et militant.Notre opposition est politique, mais elle est celle de la société civile et doit le rester
Le
corollaire à cet aspect profond est double. Le premier est qu’il faut
refuser une récupération partisane de ce mouvement de la société civile.
Or, nous avons bien vu la tentative faite par certains professionnels
de la politique de se montrer et d’exprimer, parfois avec talent, leur
critique vis-à-vis du mariage pour tous. Certes, ils peuvent jouer un
rôle comme relais au sein des instances institutionnelles en place.
Relais qu’ils peuvent assumer en tant que citoyens élus plutôt qu’en
tant qu’élus appartenant à un parti politique. Mais le mouvement
historique contre le Projet Taubira est celui de la société civile et
doit rester entre ses mains pour faire émerger les élites de celles-ci.
Ce qui conduit à l’autre aspect que je voudrais évoquer.Notre opposition est politique, mais elle dépasse l’opposition à ce gouvernement
Le
Projet Taubira, et plus largement, le gouvernement Hollande et sa
politique, ne constituent, à vrai dire, qu’un révélateur historique d’un
problème de fond, bien plus ancien. Ce problème de fond est celui que
j’appellerai, à défaut d’autres termes plus adéquats, le problème posé
par le système. Aujourd’hui, il ne s’agit plus simplement de s’opposer à
un projet de loi, mais, plus largement et plus fondamentalement, de
s’opposer à ce qui a permis à un tel projet de loi d’arriver sur le
devant de la scène politique. Encore une fois, ce projet sert de
révélateur. Révélateur d’un problème de fond ; révélateur d’une forme
d’action politique hors des structures établies par le système et qui se
sont disqualifiées au fil du temps. Le système est porteur d’une
idéologie qui a permis l’émergence d’un tel projet. Lequel vient à la
suite d’adoption au fil du temps des lois qui vont dans le même sens et
qui ont préparé le terrain à cette négation ultime de la famille. Le
système idéologique sur lequel repose la vie politique du pays repose
fondamentalement sur la négation de la famille. Cette négation s’incarne
dans les lois sur le divorce jusqu’au projet actuel de subversion
radicale de la famille en l’ouvrant aux personnes homosexuelles en
passant par l’avortement et bien d’autres aspects. Le mouvement
historique actuel est justement celui des familles, qui défendent une
vie sociale reposant sur la famille comme sa cellule de base et non sur
le contrat social.Notre opposition est politique, mais elle doit devenir un mouvement de reconstruction
On
peut exprimer ce que je viens de dire sur un mode plus positif. Puisque
le Projet de loi Taubira a servi de révélateur d’un ras-le-bol et d’une
opposition de la société civile à un système profondément anti-famille,
il faut aller au-delà de la simple contestation pour préparer la
reconstruction d’une société fondée sur la famille. Il faut donc non
seulement obtenir le retrait du Projet Taubira, mais il faut profiter du
mouvement né historiquement à cette occasion pour élaborer les moyens
de reconstruire une société à visage humain, fondée sur la famille comme
cellule de base fondamentale et à partir de laquelle peut s’organiser
la vie politique et sociale. Ce qui impliquera une autre vision de
l’organisation politique, une autre vision de l’économie, une autre
vision de la vie locale, régionale, nationale et européenne. Au sens
strict du terme, il s’agit de faire germer une société fondée sur la
culture de vie, à partir du moment où l’on ne limite pas celle-ci aux
questions (fondamentales, nous sommes bien d’accord) de la défense de la
vie à naître ou de la fin de vie naturelle.L’enjeu est d’envergure et nécessitera encore bien des précisions et des réflexions. Mais la question de départ est celle-ci :
–
voulons-nous simplement le retrait d’une mauvaise loi pour continuer à
vivre avec un dispositif général qui permet de mettre en place de tels
projets ?– Ou, au contraire, voulons-nous, à l’occasion du retrait de cette loi,
donner à notre pays une nouvelle impulsion décisive en reconstruisant
une société fondée sur la famille. […]"