Daniel Dory, géographe et spécialiste des questions de terrorisme, est revenu dans la revue Conflits sur les attentats commis contre la SNCF juste avant les Jeux Olympiques. Extrait :
[…] La revendication a été relayée par le site Reporterre, qui diffuse souvent des positions écologiques contestataires. Mais elle est étonnamment simple et floue dans son argumentaire. Les saboteurs évoquent plusieurs causes, comme l’écologie, le rejet des JO ou encore la critique de la société moderne, mais rien de structuré. Ce contraste entre la complexité technique des actes et la faiblesse idéologique du message est frappant : cela laisse penser que cette mouvance n’a pas de vision politique très claire. […]
En parallèle, des attaques contre des réseaux de fibre optique ont été signalées dans certaines régions. Est-ce que ces événements sont liés ?
Il est très probable qu’ils le soient. Ces sabotages, qui ont touché plusieurs zones comme la vallée du Rhône et certaines régions du Nord, ont visé des infrastructures de communication essentielles. Là encore, on remarque une organisation similaire : les points visés ne sont pas visibles pour le grand public, et les attaquants devaient avoir des connaissances spécifiques pour les repérer. On a donc affaire à des gens qui cherchent à perturber deux systèmes vitaux : le transport ferroviaire et les télécommunications, avec des actions qui demandent de la coordination et de la technicité.
Est-ce un tournant dans la manière dont on perçoit le sabotage ou même le terrorisme en France ?
Oui, nous assistons à une évolution dans la forme et les méthodes du sabotage. Nous ne sommes plus face à des organisations hiérarchiques classiques, mais à de petites cellules autonomes, qui fonctionnent en réseau, sans chef central. Ce modèle de « résistance sans leader » est difficile à anticiper et à déjouer, car il repose sur des liens fluides entre différentes unités qui partagent un but commun, mais opèrent de manière indépendante.