De Gabrielle Vialla dans Famille chrétienne :
Le féminisme rejette l’autorité masculine. Pourtant chez saint Paul, l’époux est le chef de la femme (Ep 5, 23), dans l’Église le curé est le chef de la paroisse, l’évêque le chef du diocèse, le pape etc. Cette autorité de l’homme fait réagir, à juste titre, nos cœurs et nos intelligences de femmes, parce que nous avons connu des autorités arbitraires, abusives. Nous assistons aussi à des attitudes masculines condescendantes ou démagogiques face à la femme : c’est tout autant méprisant. Nous percevons que l’autorité masculine, si elle est juste, ne peut se concevoir sans que l’homme considère pleinement la femme et sa vocation.
L’homme n’est pas appelé à vivre seul, ni à décider sans tenir compte de la femme. Au contraire, il décide en fonction de celle qui lui est confiée. Saint Joseph est un magnifique exemple de cette juste autorité, capable de recevoir le féminin, de s’adapter à lui. Dans l’évangile, suite aux demandes de l’ange, lorsque Joseph décide, on n’entend aucun murmure. Silence éloquent de l’évangile si on le compare à l’autorité de Zacharie, mise à mal parce que lui n’a pas su accueillir avec gratitude, avec émerveillement ce que Dieu faisait pour lui, en passant par sa femme Élisabeth.
En réalité l’autorité de Joseph est tellement naturelle qu’on oublie de la contempler. On note souvent son humilité et son obéissance, mais quelle admirable autorité sans fanfaronnade ! Joseph est celui qui fait grandir, c’est le même sens que le mot latin auctor qui a donné autorité.
On retrouve cette autorité de Joseph dans la phrase de Marie « Ton père et moi nous te cherchions », lors du recouvrement de Jésus au Temple. À croire certains commentateurs, ce serait Marie, tellement « supérieure », qui ferait ainsi attention à l’amour propre de Joseph. Je n’adhère pas à cela. Cela sonne faux. Les mères de familles peuvent tester : il n’est possible de dire à son enfant « Papa et moi avons décidé… » que si la communication entre mari et femme sur le sujet donné est réelle et qu’elle a abouti à un même sentiment, une décision conjointe, si possible synthétisée par l’homme, mais qui découle presque comme une évidence ! Psychologie féminine oblige, j’ajouterai qu’il ne faut pas de dissension sur un autre sujet non plus. Entre Marie et Joseph c’est harmonieux : l’autorité de Joseph n’est pas fictive, elle est permise par son humilité, c’est un service d’amour. Nous avons là une petite lumière sur ce que Joseph est pour Marie. Les femmes ont besoin de faire l’expérience de cette juste autorité masculine. La Vierge Marie s’appuie sur cette autorité avec gratitude. Ainsi dans l’épreuve, la fragilité, l’adversité, qu’il est bon, pour la femme, de savoir que l’autorité masculine viendra à son secours ! Je souhaite à chacune de vivre l’expérience de cette assurance, de cette sécurité donnée par l’autorité d’un père, un époux, qui n’a pas démissionné. Cette parfaite autorité douce et humble, qui ne fait jamais défaut – mais que si souvent nous rejetons – c’est celle du Christ, chef du corps qui est l’Église. Sans Lui, l’Église ne peut rien faire. Nous ne pouvons rien faire ! Comme femme, je reconnais que j’ai besoin de cette autorité douce, humble, magnifique du Christ dans ma vie, et je peux, à cette école et à celle de Marie, apprendre ce qu’Il attend de moi en retour.