Message de soutien des évêques, réunis en Assemblée plénière à Lourdes, aux acteurs de l’Enseignement catholique :
Réunis en Assemblée plénière à Lourdes, les évêques de France vous adressent un message de reconnaissance et de proximité. Nous savons le bien qui se fait dans tant d’établissements à travers notre pays avec créativité éducative et pédagogique, enthousiasme pastoral et un grand souci des jeunes les plus fragiles.
Comme le pape Léon XIV vient de le faire par sa Lettre apostolique « Dessiner de nouvelles cartes d’espérance », à l’occasion des soixante ans de la déclaration du Concile Vatican II sur l’éducation chrétienne, nous saluons votre générosité d’hommes et de femmes engagés jour après jour au service des jeunes, en tant que chefs d’établissement, enseignants, responsables de pastorale, prêtres, religieux et religieuses, éducateurs, encadrants, personnel administratif et de service, membres des directions diocésaines et du secrétariat général, parents et bénévoles impliqués dans la vie des établissements.
Nous n’oublions pas les faits de violence qui ont été révélés il y a quelques mois. Plus que jamais nous nous tenons aux côtés des personnes victimes. Plus que jamais, nous encourageons ceux et celles qui portent un poids de souffrance à parler, en prenant contact avec les cellules d’écoute de nos diocèses, France victimes, la justice. Plus que jamais, nous appelons à une mobilisation de tous au service de la bientraitance de chacun. C’est à une véritable culture du plein respect des jeunes par les adultes et des jeunes entre eux que nous avons tous ensemble à travailler sans relâche.
Nous croyons que la liberté éducative est une chance pour notre pays. L’enseignement public et l’enseignement catholique sont des acteurs complémentaires. Enseignants du public et du privé accomplissent une tâche également indispensable et exigeante. Dans une société fracturée, où la rapidité des évolutions technologiques remet en cause les pratiques pédagogiques, toutes les énergies doivent s’associer au service de la fraternité et de la formation des jeunes. Leur ouvrir un avenir, avec bienveillance et espérance, et les rendre capables de contribuer au bien commun de la société en y déployant leurs talents est une mission magnifique : Merci de l’accomplir !
Nous croyons à une école authentiquement catholique accueillante à tous, où l’enracinement et l’ouverture ne sont pas en tension mais se conjuguent, où la présentation de la foi chrétienne est au service de la véritable liberté spirituelle. Nous faisons nôtre l’appel du pape Léon XIV, lui-même ancien enseignant, à l’occasion du récent jubilé des éducateurs : « je vous invite à faire de ces valeurs – intériorité, unité, amour et joie – les “points cardinaux” de votre mission auprès de vos élèves, en vous rappelant les paroles de Jésus : ‘’chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’’ (Mt 25, 40) ».
Votre mission est belle. Vos évêques sont à vos côtés et prient pour vous et pour ceux et celles dont vous avez la charge. Soyez jour après jour remplis de l’espérance que vous avez à partager, l’espérance qui ne déçoit jamais.
L’assemblée de Lourdes a pu débattre de cette « liberté » sous contraintes dans le contexte du durcissement de la laïcité. Avec, comme principale illustration, les contrôles administratifs, souvent tatillons, dans l’enseignement catholique – 850 établissements contrôlés à ce jour, où le fameux « caractère propre », entendez « chrétien »ou « catholique », est parfois remis en cause.
La passe d’armes récente entre le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique, Guillaume Prévost, un laïc, énarque, et le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Edouard Geffray, n’a pas échappé aux évêques. Le premier avait soutenu en septembre que les enseignants « ont parfaitement le droit de prier avec leurs élèves en classe parce que c’est leur liberté pédagogique et leur liberté de conscience » . Mardi, le ministre a rétorqué : « Lorsque l’État paie un professeur, il le paie pour enseigner. Ça me semble l’évidence. Donc une minute payée par l’État, c’est une minute d’enseignement, ça ne sert pas à autre chose. Et donc je ne vois pas comment sur un temps d’enseignement, on pourrait faire une prière. »
Le lendemain, Guillaume Prévost était à Lourdes pour une rencontre prévue de longue date avec les évêques qui ont élu, au printemps, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, pour suivre le dossier de l’enseignement catholique. Lors d’un rendez-vous avec la presse, ce dernier a reconnu que les inspections administratives récentes dans les établissements catholiques de son diocèse avaient été « assez toniques », voire « excessivement vigoureuses », bien qu’elles aient abouti à des « rapports extrêmement positifs ».
Guillaume Prévost a exposé tous ses projets aux évêques, dont celui de réévaluer la notion de « caractère propre », parce que ce mot est « le terme du législateur ».
« il faut qu’on s’empare de cette notion juridique pour parler du Christ, parce que c’est ça, notre projet éducatif ».
