Pierre-Etienne Penot, docteur en Histoire contemporaine et chargé de cours à l’ICES, organisait le mois dernier un colloque sur Solidarnosc et l’effondrement du communisme. Il répond L’Homme nouveau sur ce sujet. Extraits :
La Pologne de Solidarnosc a-t-elle encore quelque chose à nous dire aujourd’hui ?
J’insiste sur ce point, il ne s’agit pas d’une histoire froide que l’on observe de loin, quelques décennies plus tard. Nous pouvons, nous devons regarder ce qui s’est passé en Pologne pour mener mieux nos combats actuels face aux nouveaux totalitarismes et fondamentalismes, surtout islamiste. Comme les Polonais face au communisme, nous devrions être capables de nous unir parce que ce qui nous menace est bien plus important que ce qui fait nos différences. La leçon polonaise est celle de l’unité et de la solidarité. […]
On parle de Solidarnosc comme d’une révolte, à minima, voire d’une révolution, deux termes assez étrangers à l’Église catholique qui a pourtant très largement soutenu ce mouvement historique. Comment l’expliquez-vous ?
Il faut mesurer cette dimension fondamentale de l’Église polonaise de l’époque, qui avait un caractère révolutionnaire, transgressif même, pour des raisons historiques qui remontent au XIXe siècle au moins. À cette époque, les catholiques polonais étaient persécutés et la culture du pays était largement menacée mais les églises étaient les derniers lieux où l’on pouvait parler polonais, discuter de politique. Sans l’Église, c’est clair, la Pologne aurait disparu. De la même manière, dès 1945, l’Église a retrouvé ce rôle de gardienne de la culture polonaise, en devenant l’interlocuteur principal de l’État communiste. Adam Michnik expliquait dans L’Église et la gauche, quand Jean-Paul II est venu en Pologne en 1979, que l’Église était un « facteur déstabilisateur » pour le pouvoir en place. Et de fait, les grèves ouvrières se faisaient sous le portrait du pape et le drapeau du Vatican ! Il s’est passé, à cette époque, quelque chose de proprement hallucinant…
Des prêtres, beaucoup de prêtres sont morts à cette époque et j’ai vu, enfant, du sang devant les églises. Sans l’Église, sans la Pologne, l’Europe n’en serait pas là aujourd’hui.
DUPORT
Les polonais ont gardé leur foi.
Les français restent très individualistes, même si les GJ le sont un peu moins, et surtout ont perdu leur foi.
Il sont donc dans les ténèbres et ne peuvent rien apprendre des polonais
Cosaque
Duport ce que vous dîtes est juste mais bien trop catégorique.
Si comme il est dit dans cet article, l’Eglise jouait ce même rôle de catalyseur, tout serait possible comme du temps de Solidarnosc. Il “suffit” que l’Eglise est conscience de son immense rôle social et politique. Il est probable que notre avenir proche va l’y contraindre…
DUPORT
Même si elle jouait son rôle combien l’écouterait ?
L’écrasante majorité ne pratique même plus et les quelques pratiquants n’en font qu’à leur tête ne prenant de l’église que ce qui les arrange…
Les polonais eux ont tous la foi chevillée au corps !
hanc
Il faut aussi dissocier en Pologne, la “Pologne des grandes villes” et en particulier de Varsovie, avec la “Pologne des campagnes”. Mais il est certain que l’image de Jean-Paul II y est extraordinaire, plus parfois par sentiment atavique patriotique que par pratique religieuse.
L’attrait du modèle étatsunien et du monde de la consommation et de la jouissance du temps présent, ont été aussi très forts parmi la jeunesse post 1989. Mais le souvenir du communiste a peut être permis aux jeunes générations de prendre conscience plus vite qu’en France qui est toujours, sauf exception, sous la “dictature intellectuelle et culturelle de gauche”.
Grégoire
C’est intéressant. Notre foi en JC est toujours libératrice. Par contre l’Eglise de France en 2019 n’a RIEN à voir avec l’Eglise de Pologne en 1980 : Les polonais étaient et demeurent FORMES par un catéchisme classique, adapté au monde moderne, et qui tient la route, de 6 à 18 ans. La pratique sacramentelle est très répandue et profonde : Ceux qui s’éloignent de l’Eglise pour les séductions du matérialisme le font en comprenant beaucoup plus facilement ce qu’ils perdent. Les enseignements du pape Saint Jean Paul II ont particulièrement imprégné le clergé et les intellectuels polonais qui sont bien plus vigilants que les nôtres aux signes de totalitarisme.
Maintenant rêvons un peu : Au départ progressif des apparachiks et des pervertis, les derniers évêques français se réveillent, prennent la parole pour mettre en lumière l’état pitoyable de la Cité, les causes morales de cette situation, refusant désormais les compromissions avec le pouvoir : Dans un premier temps la persécution (qui s’avance déjà) s’abat sur les chrétiens, mais la Grâce surabonde et les conversions (aussi radicales que celles de Véronique Levy) se multiplient tandis que le pouvoir se meurt dans ses contradictions et sa corruption… Les musulmans se convertissent en masse et adhèrent au projet de Cité Chrétienne. Le Monde est en ruine, la France renait.
DUPORT
En effet je pense que c’est plutôt du côté des arabes qu’il faut regarder. Si on parvenait à multiplier par 10 le taux actuel de conversions on pourrait assister à une renaissance.
philippe paternot
le clergé catholique devrait ouvrir les yeux et réagir;
au lieu de ne pas prendre parti et surtout de ne rien dire, rien faire! les évêques croient préserver le “vivre ensemble”, ils ne font que se soumettre à la médiocrité ou pire à l’islamisme conquérant