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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Nous, Latins, respirons-nous vraiment à deux poumons? (Partie 1)

Nous, Latins, respirons-nous vraiment à deux poumons? (Partie 1)

Du P. Daniel-Ange pour le Salon beige:

Quelques événements d’actualité ecclésiale tournent nos yeux vers nos frères des saintes Églises Orientales. En premier lieu : le pèlerinage – très inattendu – du  Pape François en Grèce et dans l’île de Chypre, deux terres éminemment, fondamentalement  orthodoxes.

Récemment, le 7 septembre, le Patriarche œcuménique Bartholomeos Ier était présent sur le podium lors de la messe de clôture du Congrès eucharistique international à Budapest. Et, le 7 octobre, devant un groupe de théologiens orthodoxes et catholiques, il a encouragé à «cultiver une unité enrichie par les différences qui ne cède pas à la tentation d’une uniformité normalisatrice ».

Nous sommes encore tellement débranchés de la dimension orientale de l’Eglise[1]. Autant dans le domaine théologique, spirituel que liturgique. La grande déchirure (schisma) ou fracture au seuil du deuxième millénaire a eu des conséquences dramatiques, entrainant un terrible appauvrissement pour notre tradition occidentale, dont nous ne sommes pas encore remis. Notre Eglise, dans sa dimension latine, en demeure handicapée. Elle ne respire qu’à un seul poumon, c’est-à-dire qu’elle vivote, survit tant bien que mal. Mais elle ne peut que danser d’un pied, ne peut pas courir sans être vite à bout de souffle, encore moins monter en varappe sur une cime. Cela parce que, ne respirant qu’à un seul poumon,  sa mission, sa créativité, son dynamisme en sont lourdement entravés.

 Ces profondes blessures non encore cicatrisées

1. La fracture de 1054. Bien sûr, il y a eu la levée – mutuelle et simultanée – des excommunications en 1964, au Phanar comme à Saint-Pierre Pierre de Rome. Et l’agenouillement de S.Paul VI sur le sol de Sainte-Sophie. Mais qui le sait ?

  1. En 1204, le saccage et massacre sauvage de la cité – sainte entre toutes – de Constantinople, avec viol de Sainte-Sophie et vol des reliques, dont la plus sacrée de toutes : le saint linceul de Jésus. Bien sûr, le Pape avait excommunié les brigands et crié sa condamnation horrifiée, et S.Jean-Paul II demandé pardon à Athènes en 2000. Mais qui le sait ?
  1. En 1439, au Concile de Florence, l‘arrogance romaine a été hyper humiliante pour les Byzantins. Bien sûr, S.Paul VI a baisé les pieds du métropolite délégué du Patriarche de Constantinople, en pleine Sixtine. Mais, qui le sait ?
  1. En 1453, la chute dramatique de Constantinople et l’effondrement de l’empire chrétien d’Orient après 1400 ans d’existence et de rayonnement, sous les hordes djihadistes, suivi des siècles d’oppression et de persécution ottomanes. Cela, parce que, malgré leurs SOS dramatiques et les supplications du Pape, aucun pays d’Occident n’est venu à leur secours. Indifférence que notre silence devant Sainte-Sophie reconvertie en mosquée par Erdogan, a récemment douloureusement réveillée.

Ces quatre tragédies – que l’Occident relègue dans le passé – demeurent des blessures toujours vives et saignantes dans le peuple orthodoxe.

Bien sûr, le 5 janvier 1964 (toujours des dates avec 4 ! Y aura-t-il un événement majeur en 2024 ?), cette étreinte bouleversante entre Paul VI et le Patriarche Athénagoras sur le mont des Oliviers[2], suivie des visitations mutuelles chaque 30 novembre du Pape ou de ses légats à Constantinople, et chaque 29 juin, du Patriarche Œcuménique ou de ses délégués à Rome, toujours si fraternellement et chaleureusement reçus. Il en est résulté : les visitations de Jean-Paul II à chaque patriarcat (hormis Moscou: il faudra attendre la rencontre de Pape François et Patriarche Alexis à… La Havane !). Les fréquentes visitations de patriarches à Rome, les colloques théologiques annuels, etc.

Mais quel impact dans le peuple de Dieu en Orient ?

[1]Symptomatique, ce qui ne semble qu’un détail liturgique, entre tant d’autres : de la Transfiguration (6 août) et de la Croix  glorieuse (14septembre) ne sont dans le rite latin même pas des solennités l’emportant sur le dimanche, alors, qu’en Orient, elles sont précédées des jours d’ « avant-fête » et suivies des « après-fêtes » avec, à la clé, « agrypnie » de toute la nuit.

[2] J’ai publié le texte intégral de leur dialogue confidentiel que la RAI  a enregistré par mégarde – dans mon Paul VI, vol II, Un amour qui se donne, Ed. St Paul.

(à suivre)

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4 commentaires

  1. Il ne faut pas oublier dans ces querelles, le rôle fourbe qu’a joué Constantinople pendant les croisades, car elle voulait bénéficier des conquêtes des croisés sans les inconvénients des batailles. On peut donc comprendre la méfiance et le ressentiment des “occidentaux”.
    Par ailleurs c’est surtout depuis VII que l’Eglise Latine a du mal à respirer. En rejetant la richesse de la liturgie tridentine, elle s’est automutilée.

    • D’accord Chouan85. Et malheureusement l’automutilation continue avec la nomination comme administrateur à Paris de Mgr Pontier qui n’avait pas brillé à Marseille dans la défense de la liturgie tridentine! Entendra-t-il mieux que Mgr Aupetit les plaintes des fidèles parisiens brutalement privés de messes par ce dernier?

    • je lis : 7 ème siècle. séparation de patriarcats

  2. Bonsoir,

    Je ne suis pas d’accord avec cet article, que je trouve rempli d’imprécisions et d’omissions :
    Les deux poumons, ce ne sont pas l’Eglise catholique et les autoproclamés orthodoxes ; les deux poumons, c’est l’Occident et l’Orient. L’Eglise catholique a ses deux poumons parfaitement fonctionnels, constitués de l’Eglise latine et des Eglises catholiques orientales.
    La doctrine catholique condamne totalement la théorie dite des Trois branches voulant que la vraie Eglise fondée par le Christ résulte de l’union de l’Eglise catholique et des communautés “orthodoxes” et prétendues réformées (Denzinger, 2885).

    Les excommunications de 1054 n’ont jamais été levées. Jamais. Cela poserait d’ailleurs un grave problème théologique de les lever, puisque peut-on lever l’excommunication jetée sur quelqu’un depuis décédé? Cela a été l’argument utilisé pour rejeter la levée de l’excommunication de Luther. Il n’est pas impossible que ce soit l’argument sous-jacent dans le refus de la levée de l’excommunication de Mgr Lefebvre, alors que les évêques qu’il avait ordonnés voyaient leur excommunication levée. Le texte du 7 décembre 1965 (et non 1964, comme avancé erronément dans cet article) précise bien : “nous voulons éradiquer la sentence d’excommunication alors prononcée de la mémoire de l’Église, et la retirer du milieu d’elle, et nous voulons qu’elle soit recouverte et enterrée dans l’oubli.” (traduction google automatique de : https://www.vatican.va/content/paul-vi/la/apost_letters/documents/hf_p-vi_apl_19651207_ambulate-in-dilectione.html). Il ne s’agit donc pas d’une levée ou d’une annulation, mais simplement d’un oubli volontaire, d’un effacement de la mémoire des hommes.

    Et du côté de l’Orient, qui se souvient du massacre des Latins de 1182, où des dizaines de milliers de Latins de Constantinople furent atrocement massacrés, y compris les femmes et les enfants, les malades couchés sur leur lit ; le légat du Pape fut décapité, et sa tête attachée à la queue d’un chien.

    Qui se souvient du martyre de Saint Josaphat, assassiné par des “orthodoxes”, en haine de la foi?

    Qui se souvient de la liquidation des Eglises grecque -catholique d’Ukraine, de Roumanie, et probablement d’autres que j’ai oubliées, intégrées de force aux communautés dites orthodoxes, avec la saisie de leurs milliers d’églises, jamais rendues malgré les promesses restées lettre morte de Toader Arăpașu , patriarche orthodoxe, au pape Jean-Paul II?

    A chacun de balayer devant sa porte…

    Remarque sur la note 1 : il suffirait de reprendre nos anciennes traditions liturgiques catholiques plutôt qu’aller chercher du côté des “orthodoxes”. Dans le missel de 1962, la Transfiguration, fête fixe du Seigneur de deuxième classe, a préséance sur les dimanches suivant la Pentecôte de deuxième classe. Il est particulièrement curieux d’attirer l’attention des lecteurs sur les façons de faire des “orthodoxes”, alors que nous pourrions aussi et davantage nous intéresser au patrimoine quasi-immémorial de l’Eglise catholique.

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