Extraits d'un article de l'abbé Hervé Benoît dans La Nef (via NDC) :
"Il y a quelque chose de réjouissant à lire et à entendre un peu partout
des catholiques affirmer avec audace (et un peu de relâchement
syntaxique) : "on ne lâche rien …" C'est beau, c'est frais. Seulement,
voilà, comme chacun sait, surtout nous, les Français, nous avons la
mémoire courte, les catholiques français un peu plus que les autres. De
ces déclarations tonitruantes les cimetières sont pleins. Tant de
"Regrets éternels" fleurissent sur les tombes abandonnées. Tant de
champs de bataille ont été désertés par ceux qui promettaient de se
faire tuer sur place plutôt que de capituler.Alors … ? Il faut d'abord saisir les armes spirituelles. D'autres
l'ont dit, mieux que moi. Les pontifes l'ont rappelé et il n'y a guère
de risque que le nouveau nous permette de l'oublier. Deo Gratias !Mais, pour paraphraser le bon sens paysan de sainte Jeanne d'Arc,
Dieu ne donnera la victoire … que si les hommes combattent. En effet,
sur le plan concret, il paraît nécessaire, pour les catholiques, de
passer de la naïveté et de l'infantilisme politiques au monde réel.
Les combats culturels et politiques ne sont jamais gagnés par des
majorités, en vertu de quelque droit divin du plus grand nombre.
Tiennent la barre les minorités agissantes, cohérentes, déterminées et
patientes. Le reste n'est que littérature et vain bavardage (…)Ne nous faisons aucune illusion. Nous ne partons pas pour un guerre
"fraîche et joyeuse". Ce combat durera des années. Il ne vaudra à ceux
qui le mèneront que de la sueur, du sang et des larmes … et peut-être
pire. Personne ne nous fera aucun cadeau. Il ne faudra jamais céder au
jérémiades et aux pleurnicheries. Chaque jour, au boulot, à la maison,
dans la rue, il faudra mettre l'ouvrage sur le métier. Les moyens de
communication contemporain nous favorisent dans cette "guerre
asymétrique". Il n'en reste pas moins que chacun devra payer de sa
personne, faute de quoi nous serons balayés. Qui est prêt à cela dans
nos rangs ?"