Philippe Maxence revient sur l’ouvrage de la journaliste Elisabeth Lévy paru en mars dernier, Le Premier pouvoir. Inventaire après liquidation (en référence l’émission du même nom, supprimée par France Culture), pour s’interroger sur les liens entre pouvoir et médias :
"[La réponse] est suggérée par la journaliste quand elle écrit :
«le ‘pouvoir’ médiatique est un pouvoir sans visage. Et, c’est une première dans l’histoire de l’humanité, ce pouvoir à vocation planétaire, s’exerce non pas par la coercition, mais par la séduction. Nous sommes tous les acteurs consentants d’un étrange Truman show. Sauf qu’il n’y a personne derrière la caméra. Big brother is watching you – rien de nouveau. Sauf que, comme disait Flaubert, Big brother c’est moi ».
La remarque est importante. S’il y a un système politico-médiatico-idéologique, il n’est peut-être plus adéquat de le distinguer du reste de la société. Il y a eu une sorte de fusion, à force d’influence et d’imprégnation lente. La distinction chère aux maurrassiens – le pays réel et le pays légal ; le pays réel contre le pays légal – est facteur d’espérance, mais rend-t-elle compte de la réalité à l’heure des émissions de téléréalité ? Pour une minorité, certainement. Mais peut-on réduire le pays réel à cette minorité ? Rien n’est moins sûr. Si tous ceux qui dénonçaient les méfaits de la télévision, le mauvais travail des journalistes […] éteignaient leur poste de télévision, la nuit paradoxalement se verrait mieux. Le noir du soir retrouverait de sa consistance sans la petite lucarne lumineuse qui brille dans tous les foyers. Pourtant, personne n’a perçu cette révolte du pays réel. Ce dernier continue de lire la presse qu’il dénonce ou de regarder la télévision qui l’insupporte. Cette révolution silencieuse et pacifique n’a jamais vu le jour. Elle semble même impossible. On ne vit pas en dehors du monde. On ne s’exclut pas de la réalité. Nous estimons tous que ce que nous renvoie le monde médiatique est la réalité. Le pays réel a fusionné avec le pays légal."
C’est plutôt vrai. D’où l’intérêt de faire entendre la voix de la minorité restante, ce qui est l’une des ambitions de ce Salon. En faites-vous la promotion ?… A propos de salon, la même Elisabeth Lévy anime le site Causeur, qui se définit comme un "Salon de réflexions", "salon où l’on cause"…