Partager cet article

France : Société

Nous y sommes

Nous y sommes

De Marion Duvauchel, Professeur (retraitée) de philosophie, Fondatrice de la Pteah Barang au Cambodge,  pour Le Salon beige :

Il y a un peu plus d’un demi-siècle, en 1956, le philosophe juif Allemand Günther Anders publiait un ouvrage au titre prophétique, L’obsolescence de l’homme. On lui attribue une citation dont on peut trouver l’historique en suivant le lien suivant Une citation d’Aldous Huxley ou Günther Anders ? NON ! – Mathemathieu. On peut considérer qu’elle appartient à trois auteurs : Anders, Huxley et Serge Carfantan, qui lui a donné sa forme définitive. Quelle que soit la source ultime de ce texte, j’ai pris la liberté de le commenter :

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées ».

Voilà qui est fait. Et même au-delà. On est en train d’enfermer toute une génération dans un problème identitaire totalement chimérique, en leur faisant croire que la liberté consiste en choisir non seulement ce qu’il est convenu d’appeler l’identité sexuelle, mais aussi le corps sexué dans lequel ils veulent grandir.

« Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter ».

Depuis un demi-siècle, on s’est employé en France à imposer des méthodes pédagogiques qui ont montré leur inefficacité, avec la complicité des enseignants que le marquage idéologique à gauche rendait particulièrement favorables à ces nouvelles tendances. On a imposé dans le secondaire et dans le supérieur le modèle anglo-saxon, d’un pragmatisme borné, strictement orienté vers l’adaptation et le conformisme relationnel.

« Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste..… que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif ».

L’accès au savoir, cela s’appelle de bons livres, des bibliographies commentées, des enseignants capables d’initier à des œuvres difficiles, de les situer, de les commenter et de les rendre accessibles. Surtout pas de philosophie en effet, et là où elle est encore enseignée, elle n’est qu’une exégèse déficiente d’intelligence de textes abscons que les lycéens n’ont pas le niveau de langue suffisant pour comprendre fût-ce littéralement. En interdisant grâce à des méthodes ineptes à un grand nombre d’adolescents la maîtrise de la langue, condition nécessaire quoique non suffisante à la pensée, on leur barre l’accès à la culture écrite. On a parallèlement discrédité la filière qui constituait la visibilité de ces savoir-faire typiques de l’exercice de la pensée (la littérature, la philosophie, l’histoire) jusqu’au moment où on a pu  liquider purement et simplement cette filière « littéraire », moment qu’on appellera le « moment Blanquer ».

« On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s’interroger, penser, réfléchit ».

Dans les bus, les quais de gare, partout où on doit attendre, sauf à la poste, on doit supporter des fils musicaux insupportables où dominent la chanson anglo-saxonne et toutes sortes de tapage dont on vante les qualités de métissage.

« On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux ».

Elle est en effet partout, omniprésente. On vous harcèle si vous n’avez pas d’activité sexuelle, la chasteté comme la continence sont devenues inintelligible. Y compris à l’âge où l’on peut espérer que les sens apaisés, on puisse s’occuper de ses petits-enfants, de son jardin, des autres, on vous harcèle sur la question de l’activité sexuelle. Et cet âge, que les sociétés traditionnelles respectent et vénèrent car emblématique de la sagesse acquise par et à travers toute une existence, est déshonoré par toute une presse perverse, pervertie et pervertissante.

BFMTV est l’éclatant hommage quotidien à la divinité Bêtise. Ajoutons-y Koh Lanta et toutes les émissions destinées à montrer de la manière la plus indécente et la plus vulgaire les problèmes de toutes sortes de pauvres gens qui se ridiculisent sans en avoir conscience.

 En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.

Pendant vingt ans toute une génération a été nourrie des « Guignols de l’info », qui tournaient en dérision la vie et les hommes politiques. Jusqu’à ce moment historique où la parodie de François Hollande président, par l’humoriste Canteloup, semblait plus vraie que l’homme réel. Qu’il ait amplement mérité d’être ainsi moqué, aucun doute sur ce point. Mais il convient de rappeler le texte de Blaise Pascal sur les deux grandeurs. Nous serions en droit de mépriser Hollande comme Macron en leurs personnes totalement corrompues. Mais nous sommes tenus de respecter la fonction qu’ils représentent, ou ont représentés, même s’ils l’ont, chacun dans son style propre, déshonorée, déshonorant ainsi le pays, la nation et le peuple qui les ont élus. Quant à la presse, elle a signé ainsi pendant des années et signe encore son inculture et montre le dieu qu’elle vénère : la divinité Bêtise.

Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur (qu’il faudra entretenir) sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions matérielles nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un produit, un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité, son esprit critique est bon socialement, ce qui risquerait de l’éveiller doit être combattu, ridiculisé, étouffé…

Nous y sommes… Et on semble aller jusqu’au point où ceux qui ne partagent pas les discours ambiants pourront se voir exclus du système de santé. Cet homme de masse, on le surveille désormais de près. Tout est disposé, y compris les questionnaires de satisfaction envoyés par les « hautes instances de l’hôpital », supposés contribuer à l’amélioration des structures. Qui croit-on duper ?

« Toute doctrine remettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels ».

C’est ainsi qu’on a lourdement pénalisé une jeune femme qui répond au prénom significatif de Cassandre, au motif qu’elle portait au cours d’une manifestation une pancarte sur lequel le mot « QUI » était inscrit. C’est ainsi qu’on a lourdement sanctionné les têtes de file des gilets jaunes. Pendant ce temps, les vrais terroristes prêchent la guerre sainte dans nos prisons ou s’installent confortablement dans nos asiles psychiatriques, financés par les contribuables.

Oui, nous y sommes…

L’obsolescence programmée n’est pas seulement dans les machines qui font de la planète une immense décharge : elle est désormais programmée pour l’homme. C’est ce qu’on appelle la grande réinitialisation, avec la complicité des masses, qui autrefois s’appelaient des peuples et des nations.

D’aucuns en doute et le pape François semble trouver tout cela fort convenable. Il est temps qu’il ouvre les yeux. Il y a urgence, car c’est l’Église aussi qu’on va reprogrammer avec l’obsolescence intégrée…

Alors, bien sûr, au Canada, une file interminable de camionneurs roulent vers Ottawa pour protester contre les mesures odieuses du gouvernement de Justin Trudeau. Ils défendent évidemment leurs intérêts particuliers, ne rêvons pas, l’idéal de liberté n’est sans doute pas leur motivation première. Mais c’est un début.

La division organisée de la société, en vue de la contrôler et de la pressurer, pourrait bien un jour, se retourner contre ceux qui ont détruit le ciment de la société française : une certaine idée partagée de la France, de son histoire politique, religieuse, littéraire, amoureuse même, une certaine confiance en ses institutions.

La justice est le ciment de la paix : elle s’enracine dans une Loi, la Loi divine bafouée de la plus ignoble manière, dans tous les domaines de la vie : la famille, le mariage, les enfants, l’éducation, l’histoire, le respect du politique.

C’est aussi une loi de l’histoire : quand une société devient trop radicalement mauvaise, elle est rayée de la surface de la terre. Le nouvel empire européen connaîtra le sort de tous les empires : il s’effondrera et ira remplir un chapitre de l’histoire du monde dans ce qui restera de nos manuels ou dans des manuels d’histoire renouvelés.

 

Partager cet article

6 commentaires

  1. Oui un plan de longue date élaboré par ceux qui sont
    ” contre le Christ”
    Les rois du mensonge…….
    Méfiance, méfiance….

  2. Belle synthèse mais l’analyse est connue.
    A quand les propositions de solutions ?
    Nos ‘voisins’ canadiens ont fourni une piste avec leur convoi de camions. Cette opération a forcé l’immature Trudeau à sortir son argumentaire (https://www.francesoir.fr/politique-monde/canada-justin-trudeau-confrontation-conservateurs ) qui mérite d’être étudié afin de le contrer plus aisément.
    Cependant cette opération est lourde et compliquée, et semble inadaptée au caractère français. D’autres suggestions?

  3. Pas mal vu, sauf sur deux points à mon très humble avis :
    – François a les yeux bien ouverts mais ne s’est pas mis sous le bon étendard (hormis les déclarations que tout le monde connait, je pense à la mise au placard du Pape Benoit XVI, au projet Chrislam, à l’Alliance Vatican-Rotschild, à la suppression des anciens rituels, notamment celui du baptême, ….)
    – peut-être suis-je un peu naïf mais je crois les ‘truckers’ un peu moins égoïstes.

    • Pour les truckers, vous avez peut-être raison, je suis sans doute devenue un peu pessimiste, mais ils ont attendu pour réagir des mesures qui les touchent à leur tour.
      Quant au pape, je préfère croire qu’il n’a pas les yeux ouverts. Ou il est plus lourdement responsable encore.

  4. très bel article
    Merci

  5. L’actuel occupant du trône de Pierre est plus que complice de tout cela. Il en est l’un des promoteurs.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services