Le nouveau président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a-t-il participé le 13 juillet 1989 à l’assassinat du leader des Kurdes iraniens, Abdoul Rahman Ghassemlou et de deux autres responsables kurdes réfugiés à Vienne ? C’est la question à laquelle devra répondre la justice autrichienne après la remise par un député des Verts autrichiens, Peter Pilz, de «documents» sur ce triple meurtre. «Un dossier concernant M. Ahmadinejad a été remis fin mai au service de lutte contre le terrorisme, qui l’a transmis au parquet général», a déclaré un porte-parole du ministère autrichien de l’Intérieur.
Secrétaire général du Parti démocratique du Kurdistan d’Iran, Ghassemlou et ses deux collaborateurs assassinés avaient accepté de recevoir une délégation venue secrètement de Téhéran pour entamer des discussions de paix. Cela avait permis aux tueurs d’arriver jusqu’à eux. Le député Pilz affirme s’appuyer sur le témoignage d’un journaliste iranien rencontré le 20 mai à Versailles, qui affirme avoir recueilli les confidences détaillées d’un ancien membre du commando, le général Nasser Taghipoor, décédé il y a trois ans. Celui-ci appartenait au corps des Gardiens de la révolution, où Ahmadinejad a occupé des fonctions importantes. Il a ainsi été pendant sept ans l’un des commandants des brigades des forces spéciales Al-Qods, chargées notamment de l’élimination des opposants à l’étranger. Vendredi, le quotidien tchèque Pravo a publié le témoignage d’un responsable de l’opposition kurde iranienne, Yazdan Panah, accusant le président iranien d’avoir fourni au commando, à Vienne, les armes ayant servi à l’assassinat.
Ces nouvelles accusations s’ajoutent à celles de plusieurs ex-otages américains qui estiment avoir reconnu dans le nouveau président un meneur des étudiants à l’origine de l’assaut et de l’occupation de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran en 1979.