Dans Monde & Vie, Olivier Pichon s’interroge sur le bien fondé de la stratégie d’ouverture de Nicolas Sarkozy :
"On croyait en être débarrassé et voilà que Sarkozy invente la cohabitation avec l’opposition minoritaire. […] Mais quelle mouche a donc piqué le nouveau président ? Car l’on peut comprendre une tentative de débauchage par-ci par-là, versée au crédit d’une certaine habileté, mais conduire une politique à cette échelle ce n’est plus de la tactique, c’est du vice. Bien sûr, pourra-t-on se féliciter qu’il profite de l’affaiblissement de l’adversaire et de ses divisions. Mais c’est aussi faire l’aveu implicite qu’il n’y a pas de différence entre la droite et la gauche de gouvernement. Dévitaliser le PS pour revitaliser la gauche est-ce bien raisonnable ? N’est-ce pas finalement aider celui-ci à se débarrasser de ses éléphants, le chemin du cimetière passerait-il par l’Elysée ?
Nous sommes donc dans la situation suivante : ou bien le président joue habilement une partition de neutralisation de l’adversaire pour mener à bien les réformes dont la France a un ardent besoin, ou bien il demeure fasciné par l’astre mort de la gauche qui l’attire dans son orbe irrémédiablement ? […]
Si les mots ont encore un sens, que signifie gouverner quelques jours après avoir préparé un traité qui retire à la France l’essentiel du pouvoir que le président prétend exercer en son nom ? Une cohabitation du troisième type, mais un pouvoir présidentiel de second ordre ?"