Contrairement au discours écologiste dominant, la croissance de la population ne va pas de pair avec un appauvrissement dû à une bataille pour la survie. C’est en tout cas ce que le “Simon Abundance Index“, un modèle de mesure économique démontre.
Le 22 avril dernier, le “Simon Abundance Index” (SAI) 2024 a été publié le jour même de la « Journée de la Terre ». Cet outil mesure le rapport entre les ressources disponibles et la taille de la population. Par « abondance », on entend l’accès économique aux produits recherchés. Cet index a été calculé pour la première fois en 1980, donnant une valeur de référence de 100 – pour être ensuite suivi chaque année. L’objectif de son concepteur, l’économiste et professeur à l’université du Maryland Julian Simon (1932-1998), était de vérifier empiriquement son intuition : si une population augmente, le prix des ressources tend à baisser. Cet énoncé va à rebours de la loi de l’offre et de la demande qui induirait au contraire une hausse des coûts si la demande explose.
Son confrère de l’université de Stanford, le biologiste Paul Ehrlich, s’opposait à cette hypothèse : il était l’un des premiers écologistes à afficher la « surpopulation » comme le principal danger pour le futur de l’humanité. Pour ce dernier, l’augmentation exponentielle du nombre d’habitants de notre planère devait automatiquement engendrer une raréfaction des ressources et une crise économique majeure liée à l’augmentation des prix. Ehrlich était en droite ligne du premier mouvement écologiste qui a institué cette « Journée de la Terre » dès 1970. Ce même groupe dénonçait – avec raison – les dommages subis par notre environnement après deux siècles d’une croissance économique plus forte que jamais dans l’histoire de l’humanité.
Simon et Ehrlich sont tombés d’accord pour faire un pari : si le panier moyen comprenant cinq métaux augmentait entre 1980 et 1990, Ehrlich sortirait vainqueur… Les ressources choisies étaient le chrome, le cuivre, le nickel, l’étain et le tungstène. Pendant cette décennie, la population mondiale s’est accrue de 850 millions de personnes. En parallèle, le panier moyen de ces métaux a baissé de 36 %… Ehrlich s’est donc acquitté de sa dette de bonne grâce. Or, des années plus tard, le risque de la « surpopulation » obsède encore le mouvement écologiste qui s’est radicalisé en un demi-siècle — jusqu’à qualifier les êtres humains de cellules cancéreuses pour notre planète… Notons qu’il réclame aussi parfois l’imposition de lois limitant la consommation d’eau individuelle ou collective, voire interdisant la viande. Alors que de plus en plus d’observateurs s’inquiètent au contraire des conséquences d’un écroulement démographique, les media relaient encore l’idée qu’une chute de la natalité est une bonne chose car « il y a trop de monde sur Terre ».
Marian L. Tupy du Cato Institute a travaillé avec le professeur Gale L. Pooley de l’université de l’Utah pour compléter le SAI. Affinant le champ d’étude, ils ont suivi les 50 produits les plus échangés dans le monde sur la base d’un coût exprimé en temps de travail nécessaire et non en monnaie. Cela permet d’obtenir une vision plus objective de la prospérité d’une population par le suivi de son pouvoir d’achat. Le résultat est sans appel : entre 1980 et 2023, le prix moyen de ces 50 produits s’est écroulé de 70,4 % à l’échelle mondiale. Bien entendu, cette évolution est inégale et largement influencée par le rattrapage économie de la très populeuse Asie. Il n’empêche que pendant ces 43 ans, la population mondiale a augmenté de 80,2 % (de 4,4 à 8 milliards d’individus). Les calculs confirment les observations de Julian Simon faites sur une sélection de métaux : non seulement on n’observe pas d’appauvrissement dans le cadre d’une explosion démographique mais cette dernière est dépassée par la croissance économique.
Les êtres humains ne sont donc pas, selon Tupy, comparables à des sauterelles pillant les ressources disponibles. Nous ne sommes pas juste des consommateurs, mais aussi des créateurs grâce à l’intelligence individuelle et collective. Et cette considération n’exclut en aucun cas la nécessité d’une consommation raisonnée ou d’apprendre d’erreurs passées pour prendre soin de la nature. En effet, le SAI reste un indice économique qui n’induit pas que les ressources terrestres soient infinies. Néanmoins, il permet d’offrir un contrepoids objectif à une vision apocalyptique et anti-humaniste. Cet indice économique doit être par ailleurs interprété avec précaution : la croissance économique spectaculaire observée — dans un contexte de fortes pressions démographiques — a donc permis un enrichissement global et par là, un meilleur accès aux ressources. Mais est-ce là justement le signe d’un modèle fondé sur la surconsommation — une offre pléthorique qui crée de la demande ? Par ailleurs, les signes s’accumulent quant à la probabilité d’un effondrement démographique, a minima en Occident. On peut donc craindre une crise économique mondiale à cause de la corrélation entre population et richesse que semble indiquer le SAI. Un tel scénario confirmerait que la surconsommation n’est pas un modèle pérenne : la correction due à une chute de la population serait d’autant plus forte… Avec moins de cerveaux disponibles pour trouver des solutions.
Thibaud
De toute façon on vers va une dépopulation. La natalité s’effondre partout, même en Afrique noire. On va vers un nouveau Moyen-Âge