Les obsèques de Monseigneur Vitus Huonder, ancien évêque de Coire, furent un moment inattendu dans nos routines ecclésiales. Un millier de fidèles, venus de Coire, mais aussi attachés à la Fraternité Saint-Pie X, se sont pressés pour manifester leur attachement fidèle au prélat défunt.
La présence de Monseigneur Bonnemain et de Monseigneur Eleganti respectivement actuel évêque de Coire et ancien auxiliaire, marquera t-elle un rapprochement entre les autorités de l’Église et la Fraternité Saint-Pie X ?
La volonté de l’évêque défunt de reposer aux côtés de Monseigneur Lefebvre à Ecône s’inscrit dans une double logique. La première est une logique de continuité : Monseigneur Huonder a pris sa retraite dans une maison, qui est aussi une école, tenue par la Fraternité Saint Pie X, avec l’aval du pape François.
La seconde est un signal adressé aux autorités de la Fraternité et aux autorités romaines. Le voici en résumé : nous devons faire des ponts et l’exclusion est toujours le préambule d’une déchirure. Pour réparer cette déchirure le message envoyé par l’ancien évêque de Coire a été entendu par Monseigneur Fellay, qui a célébré la messe de funérailles. Durant l’homélie, ce dernier a délicatement commenté le choix de Mgr Huonder, rappelant que le pontifex est celui qui fait des ponts. Il a souligné la mission de la Fraternité Saint Pie X qui est d’être, selon lui, un signe de contradiction à comprendre de manière mystique, c’est-à-dire à la lumière du mystère de la Croix qui est la clé de toute fécondité. Il a présenté la Fraternité comme étant gardienne, avec d’autres, de la tradition. Il est donc clair que l’expérience de la tradition n’est pas réduite aux héritiers de Monseigneur Lefebvre.
Sans doute, la Fraternité Saint-Pie X n’est-elle pas la seule à faire cette expérience de la Croix. Sur ce registre, combien d’instituts, d’évêques, de prêtres et même de fidèles aujourd’hui font cette expérience de Gethsemani, du Vendredi Saint, du Samedi Saint…
Pourtant, la solution mystique ne suffit pas pour expliquer les difficultés de l’heure présente. Nous comprenons le souhait de fédérer les troupes lefebvriennes derrière une vision transcendante, c’est d’une certaine façon une manière comme une autre de conjurer d’éventuelles dissensions internes. La solution mystique pourrait être comprise comme une démission, un manque de foi en l’Eglise, une carence dans la réflexion théologique.
Les obsèques de Monseigneur Huonder apparaissent comme un rayon de soleil, un moment providentiel, qui invite chacun a reconsidérer son attachement au mystère de l’Église qui est d’abord un mystère de foi et qui ne peut être vécu en dehors du lien canonique avec le successeur de Pierre.