«Pourquoi ? C’est la question qu’on pose devant le mal, le malheur, la malédiction, l’injustice, la souffrance… C’est la question de Job sur son tas de fumier. Celle de Camus devant la mort de l’enfant innocent. Celle des apôtres aussi devant l’aveugle de naissance : « Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ». « Melius sic esse quem non esse » (« il vaut mieux être ainsi que de ne pas être »), disait saint Thomas d’Aquin à propos des enfants mal venus, expliquant que l’être, quel qu’il soit, est préférable au néant et que l’homme n’a pas le droit d’en disposer à son gré. Parce que la vie humaine, don absolu, n’est pas une bulle de savon qui crève et qu’on peut crever entre deux néants : elle vient de plus loin et va plus loin que son sujet terrestre. C’est dans le temps une âme immortelle devant un Dieu éternel. Pressentant plus ou moins bien cela, les (vraies) civilisations se sont toujours efforcées de respecter la vie des plus faibles et des plus vulnérables.
On connaît la réponse de Jésus à ses disciples : « Cet homme n’a point péché, ses parents non plus, mais c’est pour qu’en lui soient manifestées les œuvres de Dieu. » »
Extrait du Livre noir de la culture de mort, de Rémi Fontaine, pp.75-76. Ce livre sera en vente lors de la manifestation du 20.