Le Pape a autorisé la promulgation du décret reconnaissant les vertus héroïques de Robert Schuman, avec la reconnaissance du martyre de 10 religieuses tuées en Pologne par des soldats soviétiques à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Né le 29 juin 1886 dans la cité luxembourgeoise de Clausen, fils de Jean-Pierre Schuman et d’Eugénie Duren, Robert Schuman baigne dès son plus jeune âge dans la diversité culturelle. Père français de langue maternelle luxembourgeoise, devenu allemand lors de l’annexion d’une partie de la Lorraine ; mère luxembourgeoise, allemande par alliance, Robert Schuman est allemand de naissance. Il étudie dans le Grand-Duché où il apprend la langue française. Son enfance et ses premiers pas dans la vie adulte sont marqués par la mort de ses parents: son père d’abord, en 1900, puis sa mère en 1910. Au cours de ses années d’étude, il rejoint l’association Unitas, formée par des étudiants catholiques et fondée sur trois principes «virtus, scientia, amicitia» (vertu, savoir, amitié). En juin 1912 il obtient un diplôme en droit à Strasbourg et ouvre un cabinet d’avocat à Metz. La même année, il se voit confier par Mgr Benzler, futur évêque de Metz, la charge de président de la Fédération diocésaine des associations de la jeunesse catholique. Il consacre aussi une partie de son temps aux enfants abandonnés et aux délinquants. En 1913, il prend part à l’organisation du 60e Katholikentag, le congrès des catholiques allemands, célébré à Metz cette année-là.
Sa carrière politique débute six ans plus tard, lorsqu’en 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale, il est élu pour la première fois député de la Moselle. Un mandat qu’il consacre à l’intégration législative de l’Alsace et de la Lorraine après leur retour à la France, s’engageant en faveur du Concordat avec le Saint-Siège et dans la défense de la justice sociale. Ses activités sont interrompues par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Bien qu’il ait voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain et qu’il ait été membre du premier gouvernement Pétain, il est arrêté et emprisonné par la Gestapo du 14 septembre 1940 au 12 avril 1941, dans une résidence surveillée à Neustadt. Il parvient à s’échapper le 1er août et reste dans la clandestinité jusqu’à la fin de la guerre, se réfugiant principalement dans des couvents et des monastères. La paix rétablie, il est élu à l’Assemblée constituante en 1945 et 1946, puis est à nouveau élu député et occupe des postes importants au sein du gouvernement français. De juin 1946 à novembre 1947, il est ministre des Finances ; de novembre 1947 à juillet 1948, il est président du Conseil ; de juillet 1948 à janvier 1953, il est ministre des Affaires étrangères ; à partir de 1953, il est garde des Sceaux, référence morale du pays. Il s’engage intensément pour la création d’un système commun de croissance économique et sociale. Robert Schuman a largement contribué à la rédaction de la Déclaration du 9 mai 1950, considérée comme l’acte fondateur de la nouvelle Europe.
Il revient au gouvernement en 1955 en tant que ministre de la Justice jusqu’en 1956. Au cours de ces années, il devient un pèlerin de la paix et de la détente en Europe, collaborant toujours plus étroitement avec Konrad Adenauer et Alcide De Gasperi, avec lesquels il est salué comme «père, apôtre de l’Europe unie, pèlerin, architecte, précurseur de l’unité européenne», ou, comme l’a appelé Paul VI, «pionnier infatigable de l’Europe unie». Les travaux de Schuman, Adenauer et De Gasperi ont abouti au traité de Rome, signé le 25 mars 1957. Un an plus tard, le 19 mars 1958, Robert Schuman, président du Mouvement européen, est élu par acclamation premier président du nouveau Parlement européen.
En 1959, frappé par la maladie, il renonce à ses engagements. Il est nommé président d’honneur de l’Assemblée parlementaire européenne. Il meurt à Scy-Chazelles, en France, le 4 septembre 1963.
L’exercice de la charité envers Dieu et son prochain est resté constant tout au long de sa vie. Il exprimait le plus profond respect pour chacune des personnes qu’il rencontrait, et plus particulièrement les plus humbles. Il nourrissait de l’amour pour les pauvres : aucun de ceux qui frappaient à sa porte ne repartait les mains vides. Au lendemain du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il s’est activement engagé pour garantir l’assistance aux centaines de milliers de personnes déplacées d’Alsace-Lorraine expulsées de leurs territoires, dépossédées de tout. Il a toujours fait preuve de proximité et de grande gentillesse envers les orphelins. Il a apporté un soutien financier aussi à de nombreuses institutions charitables pour les lépreux, les réfugiés et les invalides.