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Ordinations sacerdotales 2024 : c’est encore pire qu’annoncé

Ordinations sacerdotales 2024 : c’est encore pire qu’annoncé

Selon Jean-Pierre Maugendre dans Renaissance catholique :

La presse s’est faite l’écho du léger rebond des ordinations sacerdotales en France pour l’année 2024 : 105 ordinations en 2024, dont 73 prêtres diocésains, alors qu’il n’y en avait eu que 88 en 2023.

Combien de prêtres français ?

Une lecture rapide de ces chiffres pourrait faire croire à une légère progression du nombre de prêtres français. En fait personne n’en sait rien car les prêtres ainsi répertoriés ne sont pas les prêtres français ordonnés mais les prêtres ordonnés « pour exercer leur ministère en France », ce qui n’est pas la même chose. À cet égard le visionnage de la cérémonie d’ordination d’Éric Nziraguseswa dans la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, aux 3/4 vide, le dimanche 30 juin, est très instructif. Manifestement, parmi le clergé présent, une bonne part ne semble pas être d’ascendance bretonne mais plutôt africaine. Il en est sans doute de même d’une bonne partie du clergé ordonné cette année, ce que confirme l’entretien avec Jason Nioka, séminariste du diocèse de Meaux dans le dossier de presse Ordinations presbytérales 2024 de la Conférence des Évêques de France. Si ces chiffres rendent compte de l’évolution de la présence sacerdotale en France – environ 100 ordinations annuelles face à 600/800 décès – ils ne sont donc en rien révélateurs du véritable état de l’Église de France si ce n’est sa capacité à accueillir des vocations venues d’ailleurs.

Le poids des communautés traditionnelles

Dans le même temps les communautés dans lesquelles se célèbre la messe romaine traditionnelle ont procédé à l’ordination de 12 prêtres séculiers français : Fraternité Saint Pie X : 7, Institut du Christ-Roi : 4, Fraternité Saint-Pierre : 1. Notons, dans le prolongement des réflexions précédentes, que le prêtre pris en compte dans les statistiques de la CEF pour l’Institut du Bon Pasteur est, en fait, un Colombien qui exercera son ministère en France. Il faudrait à ces chiffres rajouter les 4 ordinations sacerdotales bloquées par Mgr Touvet chez les Missionnaires de la Miséricorde Divine à Toulon. Une approche sommaire inclinerait à penser que les ordinations sacerdotales selon le rite traditionnel représenteraient entre 15 et 20 % du total des ordinations de prêtres séculiers français : (12/73 = 16 %). Pour les raisons évoquées ci-dessus ce chiffre est certainement sous-évalué avec la remarque complémentaire que les prêtres français de la FSSPX sont ordonnés en Suisse et ceux de la FSSP en Allemagne.

Ce triste tableau n’est pas près de s’embellir quand on observe que le même document nous donne le chiffre de 709 séminaristes en 2024, contre 828 en 2018. Depuis 2 ans d’ailleurs les chiffres d’entrées dans les séminaires diocésains en France ne sont plus disponibles. Ils ne sont certainement pas bons.

Fréjus-Toulon : un diocèse sous tension

Face à ce constat, Jean-Marie Guénois, chroniqueur religieux du Figaro invitait, respectueusement, les évêques de France à tirer les enseignements de ce qui en termes de vocations sacerdotales semble fonctionner soit les 9 ordinations de la Communauté Saint Martin et les 9 ordinations du diocèse de Fréjus-Toulon dirigé jusqu’à une date récente par Mgr Rey. Dans ce diocèse un coadjuteur, Mgr Touvet, a été nommé le 21 novembre dernier à la suite d’une « visite fraternelle » de Mgr Aveline, archevêque de Marseille, et après une suspension des ordinations sacerdotales, par le Saint-Siège, depuis 2022. Ces ordinations ont repris mais exclusivement selon le rite réformé par le concile Vatican II. Or les Missionnaires de la Miséricorde Divine sont une communauté de 34 membres, de droit diocésain au diocèse de Toulon dont les constitutions prévoient la célébration de la messe romaine traditionnelle. Mgr Touvet, conformément aux directives romaines, refuse de procéder à ces ordinations selon la forme traditionnelle du rite romain et d’autoriser la célébration de cette messe par les prêtres une fois qu’ils auraient été ordonnés. Il s’en est justifié lors d’un sermon le 29 juin dernier appelant les séminaristes à ne pas poser de conditions à leur ordination et à cultiver l’esprit d’obéissance et de communion avec le Siège apostolique. Nous sommes confrontés là à un véritable abus de pouvoir de la part de l’autorité. Tout religieux ou membre d’une société de vie apostolique a le droit d’exiger que l’autorité supérieure respecte les constitutions sur lesquelles il a prononcé ses vœux ou pris ses engagements. Les supérieurs ne font pas la vérité, leur office est au service du bien commun. La démonstration reste à faire que le rite réformé de la messe aurait suscité un regain de ferveur, un approfondissement du mystère eucharistique, un flux de conversions. Dans l’attente de cette démonstration rester fidèle aux pédagogies traditionnelles de la foi qui ont sanctifié nos pères est une simple mesure de prudence. À propos de l’obéissance et de la communion avec le Siège apostolique, elles sont, bien sûr, une nécessité de salut. À condition que cette obéissance ne soit pas une obéissance servile mue par l’intérêt, l’ambition ou la faiblesse de caractère mais une obéissance consciente animée et éclairée par le zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. En aucun cas elle ne peut servir d’alibi à une rupture avec la tradition immémoriale de l’Église qui nous relie au Christ lui-même. Rappelons-nous l’admonestation de saint Paul aux Galates : « Si jamais quelqu’un, fût-ce nous-même, fût-ce un ange venu du ciel, vous prêchait un évangile autre que celui que nous avons prêché qu’il soit anathème » (Gal I,8). Quant à l’argument de la communion il est stupéfiant d’observer que les questions liturgiques sont devenues pour beaucoup le seul critère de la communion. On n’a jamais entendu dire que remettraient en cause la communion avec le Saint-Siège les prêtres et les laïcs qui, en vrac ou au choix : ne croient pas en la virginité perpétuelle de Marie, nient l’éternité de l’enfer, récusent le caractère sacrificiel de la messe, contestent le caractère exclusivement masculin du sacerdoce catholique, etc.

L’effet Touvet se fait déjà sentir puisque cette année aucun séminariste n’a rejoint le séminaire diocésain de La Castille en propédeutique. « En même temps » les séminaires où se célèbrent la messe romaine traditionnelle se préparent à une très bonne rentrée 2024 avec de nombreux nouveaux séminaristes. Comme le confiait récemment un évêque de France à un prêtre ami : « 80 % des séminaristes français souhaitent pouvoir célébrer la messe traditionnelle. » Si le propos est sans doute un peu optimiste il est révélateur d’un mouvement de fond contre lequel, tôt ou tard, se briseront les constructions idéologiques des fonctionnaires ecclésiastiques auxquels on a envie de redire, à la suite de Jean Madiran : « Vous êtes des misérables ! »

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