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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Ordonnées à leur finalité de glorifier Dieu, les œuvres musicales prennent tout leur sens

Henri de Villiers, directeur de la Schola Sainte Cécile, chœur de fidèles de la paroisse Saint-Eugène de Paris – où la liturgie traditionnelle se déploie depuis 1985 aux côtés de la liturgie moderne –, présente le très riche programme musical que la Schola chantera lors du prochain pèlerinage international Summorum Pontificum à Rome, du 22 au 25 octobre 2015.

Le programme de polyphonie sera original : la Schola profitera des multiples tribunes présentes dans les églises romaines pour donner des œuvres à plusieurs chœurs, selon la technique ancienne dite des cori spezzati, des "chœurs brisés" : les choristes sont disposés dans plusieurs tribunes et se répondent – parfois de façon très dynamique, générant des effets acoustiques éblouissants. Cet usage des "cori spezzati" fut très florissant à Rome de la Renaissance à la fin du XVIIIème siècle.

Henri de Villiers explique :

"nous ne chantons que Dieu et que pour Dieu, au travers de la liturgie traditionnelle. Or cette liturgie est exigeante : on ne peut y faire n'importe quoi, et la subjectivité personnelle se doit d'y passer en second plan, car il faut y suivre avant tout le chemin d'une tradition multiséculaire de musique sacrée. La liturgie traditionnelle est exigeante, mais du coup elle devient une véritable école d'excellence, qui nous tire vers le haut et qui nous fait donner le meilleur de nous-même. Voilà pourquoi cette liturgie a engendré au cours de l'Histoire tant de merveilles artistiques, dans le domaine de la musique certes, mais aussi dans ceux des autres arts et en particulier de l'architecture, merveilles dont Rome a été tout particulièrement bien dotée.

Je pense que nos choristes – qui ne sont que de simples paroissiens – sont très sensibles à cet aspect : la générosité de leur investissement personnel est une réponse enthousiaste qui veut être à la hauteur de la beauté inhérente à la liturgie traditionnelle. Dieu est le Souverain Bien et le Souverain Beau – et la liturgie est un avant-goût de sa gloire, une épiphanie, le Ciel sur la terre ! On ne peut donc y souffrir la médiocrité !

Mon travail à la tête de la Schola Sainte Cécile a consisté avant tout à me placer à l'école de la grande tradition de musique sacrée de l'Occident, qui du reste ne peut être comprise en profondeur que par une bonne connaissance des traditions liturgiques et musicales de l'Orient chrétien. Nous avons la joie de replacer les œuvres du grand répertoire occidental de musique sacrée dans le cadre exact pour lequel elles furent créées, alors qu'on ne les entend quasiment plus hélas qu'au concert. Ainsi ordonnées à leur vraie finalité, qui est de glorifier Dieu, ces œuvres prennent pleinement tout leur sens, alors qu'elle sont tragiquement amputées de leur dimension réelle lorsqu'elles sont entendues dans un cadre qui n'est pas celui de la liturgie. Nous ressuscitons des merveilleuses œuvres oubliées qui dorment sur les étagères de nos bibliothèques publiques, et nous montons régulièrement des projets liturgiques originaux, comme aller chanter le rit mozarabe à Tolède ou le rit ambrosien à Milan. Tout cela ne peut être que très motivant pour nos choristes !"

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