La célèbre journaliste italienne (biographie rapide, photos) est poursuivie par la justice italienne pour diffamation envers l’Islam. Il lui est reproché les diatribes incendiaires de son livre la Force de la Raison, vendu à un million d’exemplaires en Italie. L’ironie, c’est que la poursuite fait suite à la plainte du converti musulman Adel Smith, celui qui voulait faire retirer les crucifix des écoles italiennes. Désavoué par la majorité des musulmans d’Italie, ce dernier est d’ailleurs poursuivi à son tour pour avoir qualifié l’Eglise d’ "organisation criminelle" à la télévision.
Les poursuites contre Fallaci vont-elles la faire taire, comme le demande la manifestante altermondialiste sur la photo ? Non, à en juger d’après cet entretien impénitent qu’elle a accordé au Wall Street Journal, et sur lequel un lecteur a attiré notre attention. Extraits :
– "L’Europe n’est plus l’Europe, c’est l’ ‘Eurabie, une colonie de l’Islam (…). La servilité vis-à-vis des envahisseurs a empoisonné la démocratie, avec des conséquences évidentes pour la liberté de pensée, et pour la conception de la liberté elle-même."
– Sur la crise de la civilisation occidentale : "Je me sens moins seule quand je lis les livres de Ratzinger." (…) "je suis une athée, et si une athée et un pape pensent les mêmes choses, il doit y avoir quelque chose de vrai."
Elle cite un essai du cardinal Ratzinger en 2004, "Si l’Europe se hait elle-même" (texte anglais) : "L’Occident révèle (…) une haine de lui-même qui est étrange et ne peut qu’être considéré que comme pathologique; l’Occident (…) ne s’aime plus; dans sa propre histoire, il ne voit plus maintenant que ce qui est déplorable et destructeur, et n’est plus capable de percevoir ce qui est grand et pur."
On cherchera en vain chez Fallaci des propositions raisonnables et modérées : son charisme est plutôt, comme le Raspail du Camp des Saints, dans l’envolée prophétique. D’où son pessimisme quand le journaliste du Wall Street Journal lui demande une solution à la décadence qu’elle évoque : "Comment osez-vous me demander une solution ? C’est comme demander une solution à Sénèque. Vous vous souvenez de ce qu’il a fait ?" (…) "Il s’est suicidé !"
Espérons que Fallaci n’imitera pas le philosophe stoïcien dans un tel geste, et consacrera plutôt la fin de sa vie (elle souffre d’un grave cancer) à continuer à lire Benoît XVI. Pour découvrir peut-être Celui qui guérit du désespoir temporel…