Raphaël Stainville, journaliste au Figaro Magazine et à Valeurs Actuelles, avait effectué il y a quelques annés un pèlerinage à pied de Paris à Jérusalem, qui a fait l’objet d’un premier ouvrage, J’irai prier sur ta tombe… A pied, de Paris à Jérusalem. Traversant la Turquie au cours de ce pèlerinage, il a trouvé dans un monastère le manuscrit d’un missionnaire français, le père Rigal, témoin du massacre des Arméniens en Cilicie en 1909, qui fait l’objet d’un nouvel ouvrage, Pages de sang, dont la sortie est prévue le 1er mars.
Le récit poignant du massacre des chrétiens arméniens par les Turcs ne passe pas sous silence les horreurs :
"Des Arméniens furent cloués en croix sur les planchers, les tables, les portes ; des jeunes filles enlevées, violées ou éventrées à coups de couteau ; des femmes et des enfants écorchés vifs ; d’indicibles crimes perpétrés sur des fillettes de sept ou huit ans. Les bourreaux promenaient des enfants piqués au bout de baïonnettes, jonglaient avec des têtes fraîchement coupées ; sous les yeux des parents ligotés, ils lançaient en l’air de petits enfants et les recevaient à la pointe de leurs coutelas, quand ils ne faisaient pas retomber à terre leur corps tout disloqué.
Aux victimes, on coupait les doigts des pieds et des mains ; on faisait sauter l’oeil droit avec un poignard ; on leur tailladait les oreilles ; on leur sciait le cou jusqu’à la carotide sans la toucher. Puis on les frappait à coups de gourdins hérissés de clous…"
Pourquoi ressortir ces monstruosités que l’on aimerait enfouies dans un passé lointain ? Parce que cette tragédie, poursuit l’auteur, n’est pas passée. Elle est contemporaine :
"[S]i le génocide arménien avait connu plusieurs développements successifs comme autant de crises, la disparition programmée des chrétiens progressait par phases lentes et souvent silencieuses. […] Dans la pratique, les cent mille chrétiens de Turquie continuaient d’être victimes de discrimination et d’injustice, victime d’une "christianophobie" institutionnelle pas si différente que celle qui existe dans d’autres pays plus ostensiblement musulmans. De très nombreux biens immobiliers des différentes communautés chrétiennes avaient été récemment confisqués par l’Etat turc. […] La Turquie chrétienne vit un interminable martyre. […] Les chrétiens sont en sursis."
Alain B.
L’assassinat du Père Santoro il y a deux ans, la tentative de meurtre contre un prêtre français, à Trazbond je crois et dernièrement, l’exécution d’un journaliste arménien à Istanbul en sont les preuves sanglantes et irréfutables. J’attends avec impatience la sortie de ce livre.
Sancenay
j’ai fait connaissance dans les années 90 de réfugiés catholiques turques près de l’ermitage de Saint Colomban au pied des Vosges.Leur langue était la langue du Christ, l’araméeen.Ils avaient été chassés par le PKK qui voulaient les rançonner parce qu’ils étaient chrétiens .Devant leur résistance , ils ont brûlé et détruit leur moulin, les obligeant ainsi à s’exiler.
Ils me disaient , dépités : “français pas comprendre , muslims très méchantes”.
free
Cela rejoint ce qui fut advenu en Vendée avec les Colonnes infernales (en 1794)…un peuple massacré en haine de la foi chrétienne. Personnellement, je ne crois pas que l’entrée de la Turquie en Europe améliorerait l’existance des derniers chrétiens vivant encore en ce pays “laïque”, bien au contraire.
Belenos
J’ai discuté avec une chrétienne turque qui m’a dit tout cela, à savoir qu’ils sont constament persécuté et ce depuis toujours.
jacky
Turquie!
Pays de larmes et de sang pour les chrétiens.
A lire:
Les Chrétientés d’Orient de Bat Ye’or
L’on comprend mieux cette persécution continue
envers les chrétiens.
L’on apprend le “Pourquoi”!
Entre jihad et dhimmitude…
Alain b
A ce sujet, les jeunes Turcs négationistes appelent à manifester dans toute l’Europe le 13, 14 et 15 mars et notamment à Paris pour dénoncer la reconnaissance du génocide Arménien. Affaire à suivre quand on connaît la douceur qu’ils mettent à manifester dans la paix.
Milou
A propos des chrétiens de Turquie, n’oublie pas s’écrivait Odon Vallet dans le Figaro il y a peu : “Depuis plus de quatre mille ans, le territoire de l’actuelle Turquie est le lieu de la rencontre pacifique ou belliqueuse entre un Orient et un Occident qui, tour à tour, s’attirent et se repoussent.
La légende de Troie est le symbole de cette jeune Europe héroïque contre une vieille Asie despotique. Le combat des Grecs contre les Perses fut aussi perçu comme celui de la démocratie contre la tyrannie. Le Levant ou Anatolie, aux contours imprécis, ressemblait, dans l’imaginaire partial des intellectuels hellénisés, à un monde barbare face à une Grèce fragile.
L’hellénisation et la christianisation de l’Anatolie modifient cette perception. Saint Paul, citoyen romain de religion juive et de langue grecque, est né à Tarse en Cilicie, non loin d’Antioche où les chrétiens reçurent leur nom. Les huit premiers conciles oecuméniques eurent lieu dans quatre villes situées dans l’actuelle Turquie : Nicée, Éphèse, Chalcédoine et Constantinople. C’est là que fut défini, en grec, le dogme chrétien, ce que l’Église latine nomme le Credo (« je crois ») et qui fut en réalité le Pisteuomen (« nous croyons ») des évêques. Et c’est encore à Éphèse que saint Paul prêcha et que la Vierge Marie aurait fini ses jours terrestres en compagnie de saint Jean. Mais, devenue Byzance, la très chrétienne Constantinople fut pillée en 1204 par les Croisés latins avec la même violence que la Jérusalem arabe.
Si la Turquie fait partie du Proche-Orient, les Turcs viennent d’Extrême-Orient (du nord-ouest de la Chine) et le turc, langue agglutinante, présente certaines analogies avec le japonais. L’arrivée des Turcs en Méditerranée au XIe siècle et l’islamisation de toute la région ont accru la fascination et la répulsion provoquées, en Europe, par cet appendice de l’Asie : du Grand Turc à la Sublime Porte, entre eunuques et harems, bains turcs et cafés turcs, la magie de l’Orient exerça sur l’Occident son charme trouble. Les repères sont brouillés en cette Istanbul, seule ville au monde à chevaucher deux continents. Pierre Loti y admire des hommes « forts comme des Turcs » qui font peur à bien d’autres et Agatha Christie voit, dans ce haut lieu de l’espionnage, une énigme historique que l’Orient Express rapproche de Londres et de Paris.
Comment la capitale de la chrétienté, Constantinople, est-elle devenue naguère la capitale de l’Islam, Istanbul ? Et Benoît XVI vient-il visiter la première ou la seconde ? Va-t-il voir la basilique Sainte-Sophie ou la mosquée qui l’occupa par une transformation inverse à celle de la cathédrale de Cordoue ? Veut-il contempler la ville du patriarcat (orthodoxe) ou celle du califat (musulman) ? Car entre 1055 et 1918, les dynasties turques, seldjoukide et ottomane, engendrèrent les califes (« successeurs », du moins sur le plan temporel) du Prophète et l’actuel islamisme militant cherche à renouer avec cette difficile unité du monde musulman. Celle-ci s’est effondrée avec la chute des empires centraux quand l’alliance entre l’Allemagne protestante, l’Autriche catholique et la Turquie musulmane fut vaincue par les armées du généralissime Foch.”
Alors, n’oublie pas les chrétiens de Turquie sans qui nous ne serions pas grand chose.
Bertrand
Une petite remarque. Il me semble que Raphaël Stainville ne travaille plus pour le Figaro magazine, mais pour le beaucoup plus sérieux hors-série du Figaro. Et c’est tant mieux.
georges & dragon
heureux jeunes Turcs kémalistes qui peuvent se permettre de manifester dans les pays qui les hébergent pour dire leur refus du Génocide…
quand les jeunes Européens n’ont pas le droit de se pencher sur d’autres chapitres de leur propre histoire dans leurs propres pays…
A quand la disparition de ces lois despotes qui prétendent écrire l’Histoire?
Denis Merlin
Monsieur Odon Valet a une drôle de façon d’écrire l’histoire. Le sac de Constantinople par les croisés n’est pas ce qu’il décrit. Il ne s’agit pas d’une razzia, mais de deux factions chez les Grecs, de trahison ayant abouti à une victoire suivie d’un sac regrettable, certes, mais le sac n’était pas le but des croisés.
Quant à “Et c’est encore à Éphèse que saint Paul prêcha et que la Vierge Marie aurait fini ses jours terrestres en compagnie de saint Jean.” Pourquoi le subjonctif ? et l’expression est un peu ambigüe. C’est pour le moins malheureux.
A l’heure où l’on reproche aux Espagnols la “Reconquista”, l’exposé de Monsieur Valet a le mérite de souligner que le territoire de la Turquie n’est pas turc.
La Turquie doit son existence à la France et à l’Angleterre (guerre de Crimée contre la Russie) 1853-1856 et à l’Allemagne de Bismarck (traité de Berlin 1878).
“Nos péchés ont de longues ombres” disent les Anglais.