Le pape François sera demain à Strasbourg où il prononcera 2 discours : l'un au Parlement de l'UE, l'autre au Conseil de l'Europe.
Mais comme le note Sandro Magister, ce n'est pas la première fois qu'il s'adresse à l'Europe. Le 3 octobre, le pape a reçu en audience à Rome les participants à l’assemblée plénière du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE – 33 conférences épiscopales d’Europe) qui avait pour thème : “Famille et avenir de l’Europe”. Il a prononcé un discours improvisé. Extraits :
"[…] Que se passe-t-il, aujourd’hui, en Europe ? Qu’y a-t-il dans le cœur de notre mère l’Europe ? Est-ce qu’elle continue à être notre mère l’Europe ou bien est-elle devenue notre grand-mère l’Europe ? Est-elle encore féconde ? Est-elle tombée dans la stérilité ? Est-ce qu’elle ne parvient plus à faire naître de nouvelles vies ? D'autre part, cette Europe a commis quelques péchés. Il faut bien le dire, avec amour : il y a une de ses racines qu’elle n’a pas voulu reconnaître. Voilà pourquoi elle se sent chrétienne sans se sentir chrétienne. Ou alors, elle se sent chrétienne un peu en cachette, mais elle ne veut pas la reconnaître, cette racine européenne.
Aujourd’hui l'Europe est envahie. Est-ce la seconde invasion des barbares ? Je n’en sais rien. Mais ses portes sont ouvertes en premier lieu au profit des travaux. Mais maintenant elle ressent cette "invasion", entre guillemets, de gens qui viennent chercher du travail, qui fuient leur patrie et recherchent la liberté et une vie un peu meilleure. […]
Le cardinal Erdö nous a parlé de l’exclusion des enfants et des personnes âgées. Et ce qu’il a dit est vrai. Mais maintenant on constate également l’exclusion de toute une génération de jeunes. Je ne sais pas si cela concerne seulement l’Europe, ou bien l’Europe et les pays développés, mais on parle de 75 millions d’individus âgés de 25 ans et moins. Cela fait toute une génération. En tant qu’évêques européens, que devons-nous faire pour les jeunes ? Leur donner à manger ? Oui, c’est la première chose. Mais cela ne donne pas de dignité à un jeune, à un être humain. Ce qui donne de la dignité, c’est d’offrir du travail. Et les enfants de cette mère l’Europe, qui est presque une grand-mère aujourd’hui, risquent de perdre leur dignité parce qu’ils n’ont pas de travail et qu’ils ne peuvent pas rapporter de pain à la maison. L'Europe a exclu les enfants. Un peu triomphalement. Je me rappelle que, à l’époque où j’étais étudiant dans un certain pays, les cliniques qui pratiquaient l'avortement s’arrangeaient pour tout envoyer à des unités de fabrication de produits cosmétiques. La beauté du maquillage produite avec le sang des innocents. C’était une raison pour se vanter d’être progressiste : les droits de la femme, la femme qui a droit à son corps.
Aujourd’hui l'Europe est pleine de personnes âgées. Je ne sais pas ce qu’il en est ici, en Italie, je ne veux pas en parler parce que je ne suis pas sûr. Mais que va-t-il se passer lorsque l’État ne pourra pas payer les retraites, parce qu’il n’y aura pas suffisamment de jeunes qui travailleront de manière légale, parce qu’il y a des gens qui travaillent travail au noir, pas toujours, mais… Et les personnes âgées – cela, je l’ai dit à propos de l'Amérique Latine, de mon pays, mais je crois que c’est un problème universel, ou de beaucoup de pays, ou de certains autres continents – les personnes âgées, on se débarrasse d’elles au moyen d’une euthanasie dissimulée. La sécurité sociale rembourse les médicaments jusqu’à un certain point et ensuite il faut se débrouiller !
[…] Je crois que l'Europe a beaucoup de ressources pour aller de l’avant. C’est comme si l’Europe avait aujourd’hui une maladie. Une blessure. Et sa plus grande ressource, c’est la personne de Jésus. Europe, reviens à Jésus ! Reviens à ce Jésus dont tu as dit qu’il n’était pas dans tes racines ! […]"