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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Pâques : Dominica Resurrectionis

Pâques : Dominica Resurrectionis

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Les chants la messe du Dimanche de Pâques vont exprimer l’allégresse des nouveaux baptisés, et plus généralement l’action de grâce des rachetés. Cependant, c’est seulement dans le Graduel et l’Alléluia que cette joie va éclater.

De tempore paschali : Le temps pascal s’étend du début de la messe de la vigile pascale jusqu’à none du samedi dans l’octave de la Pentecôte, inclusivement.

Ce temps liturgique comprend :

  1. tempus Paschalis, le temps de Pâques, qui court du début de la messe de la vigile pascale jusqu’à none de la vigile de l’Ascension, inclusivement.
  2. tempus Ascensionis, le temps de l’Ascension, qui commence aux Ires vêpres de l’Ascension et se poursuit jusqu’à none de la vigile de la Pentecôte, inclusivement
  3. octavam Pentecostes, l’octave de Pentecôte, qui part de la messe de la vigile de Pentecôte et va jusqu’à none du samedi suivant, inclusivement

Introït : Resurrexi

L’Introït du Dimanche de Pâques surprend par sa douceur et sa mélodie en demi-teinte. Ici nous sommes au ciel et c’est le Christ ressuscité qui s’adresse à son Père, lui exprimant de manière très intime son bonheur de le retrouver et sa reconnaissance :

Resurrexi et adhuc tecum sum. Posuisti super me manum tuam. Mirabilis facta est scienta tua.
Je suis ressuscité et je suis toujours avec vous. Vous avez mis sur moi votre main, votre sagesse s’est montrée merveilleuse.

Ce texte est formé de trois versets du psaume 138, qui ne se suivent pas dans le psaume et ont été réunis ici. Mais dans le psaume il n’est pas question de résurrection ; il chante la présence universelle de Dieu, toujours auprès de nous, qui connaît toutes choses et qui nous guide. Le début de psaume est chanté comme verset de cet Introït :

Domine probasti me et cognovisti me, tu cognovisti sessionem meam et resurrectionem meam.
Seigneur vous m’éprouvez et vous me connaissez, vous savez quand je me couche et quand je me lève.

Mais en ce Dimanche de Pâques ces paroles doivent être mises dans la bouche du Christ ; Sessionem meam et resurrectionem meam ce n’est plus seulement le coucher et le lever, c’est la mort sur la croix et la résurrection, et le mot resurrexi prend tout son sens. Le mot adhuc (encore, toujours), c’est l’éternité bienheureuse, où le Fils retrouve son Père après avoir accompli sa mission sur la terre, mission dans laquelle la main de Dieu l’a toujours guidé, et où sa sagesse infinie s’est vraiment montrée admirable.

Comme dans tous les chants du temps pascal ce texte est ponctué d’Alléluias à la fin de chaque phrase. La mélodie presque immobile et immatérielle est vraiment céleste. La joie et l’amour qu’elle exprime transcendent tous les sentiments humains.

Graduel Hæc dies

A partir de dimanche prochain, et durant tout le temps pascal, le Graduel sera remplacé par un Alléluia ; il y aura donc à la messe deux Alléluias qui se suivent. Mais en ce dimanche de Pâques et durant toute la semaine, il y a encore un Graduel, dont la première partie est reprise chaque jour ; elle est également chantée à la place de l’hymne à toutes les heures de l’office. C’est vraiment le refrain de la fête de Pâques exprimant la joie inépuisable des chrétiens :

Hæc dies quam fecit Dominus, exultemus et lætemur in ea.
Voici le jour que le Seigneur a fait, passons-le dans la joie et l’allégresse.

Ce texte est un verset du psaume 117, le grand cantique pascal d’action de grâces, dont nous trouvons le début dans la deuxième partie du Graduel :

Confitemini Domino quoniam bonus, quoniam in sæculum misericordia ejus.
Louez le Seigneur car il est bon, car sa miséricorde est éternelle.

La mélodie de ce Graduel est une mélodie type que nous avons déjà souvent rencontrée, et dont les vocalises souples et légères conviennent parfaitement pour exprimer la joie de Pâques. Elle comporte en plus quelques formules particulières, et surtout dans la deuxième partie, sur les mots quoniam bonus, une grande envolée vers l’aigu d’un enthousiasme extraordinaire.

Alléluia : Pascha nostrum

En ce dimanche de Pâques nous retrouvons l’Alléluia, qui avait été supprimé durant le temps de la Septuagésime et du Carême, et remplacé par un Trait.

Le texte du verset de cet Alléluia est très court ; il est tiré de la première Épître de saint Paul aux Corinthiens qu’on lit en ce jour :

Pascha nostrum immolatus est Christus.
Notre agneau pascal qui a été immolé c’est le Christ.

Ici c’est la mélodie qui est reine et qui exprime la joie de Pâques avec exubérance. On notera toutefois un contraste entre l’Alléluia lui-même, qui reste encore grave et assez retenu, et le verset, surtout la grande vocalise du mot immolatus qui s’élève et plane dans les hauteurs avec une légèreté presque immatérielle.

Séquence : Victimæ paschali

À la fin du verset Pascha nostrum de l’Alléluia du dimanche de Pâques, on ne reprend pas le mot Alléluia comme d’habitude après le verset, car il est suivi d’une Séquence. C’est une des cinq séquences qui ont été conservées dans la liturgie romaine parmi toutes celles qui avaient été composées au Moyen-Âge.

Celle-ci date probablement du XIe siècle ; elle est entièrement syllabique et relativement courte puisqu’elle ne comporte que huit strophes. Le texte est une profession de foi en la résurrection au milieu de laquelle s’insère un petit dialogue très vivant entre les apôtres et Marie-Madeleine, et la mélodie en souligne parfaitement toutes les inflexions :

Victimæ paschali laudes immolent Christiani. Agnus redemit oves : Christus innocens Patri reconciliavit peccatores.
Mors et vita duello conflixere mirando : dux vitæ mortuus regnat vivus.
Dic nobis Maria, quid vidisti in via ?
Sepulcrum Christi viventis, et gloriam vidi resurgentis : Angelicos testes, sudarium, et vestes. Surrexit Christus spes mea : præcedet suos in Galilæam.
Scimus Christum surrexisse a mortuis vere : tu nobis, victor Rex, miserere
.
À la victime pascale les chrétiens offrent leur louange. L’Agneau a racheté les brebis : Le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec son père.
La mort et la vie se sont affrontées en un duel fantastique : le maître de la vie est mort, mais vivant il règne.
Dis-nous, Marie, qu’as-tu vu en chemin ?
J’ai vu le sépulcre du Christ vivant et la gloire du Ressuscité. – Les Anges ses témoins, le suaire et les linges. – Il est ressuscité le Christ, mon espérance : il précède les siens en Galilée.
Nous croyons que le Christ est vraiment ressuscité des morts, et vous roi victorieux ayez pitié de nous.

Offertoire : Terra tremuit

Après les débordements de joie du Graduel et de l’Alléluia, nous retrouvons dans l’Offertoire du dimanche de Pâques l’ambiance calme et contemplative de l’Introït. Et pourtant le texte est grandiose : il est tiré du psaume 75, qui est un chant d’action de grâces après une grande victoire due à l’action divine :

Terra tremuit et quievit dum resurgeret in judicio Deus.
La terre a tremblé, puis s’est tenue en repos lorsque Dieu s’est levé pour le jugement.

Dans le psaume, la terre c’est le pays et tous ses habitants, les peuples qui voulaient asservir le peuple d’Israël. Ils ont tremblé devant l’intervention divine puis se sont tenus en repos définitivement vaincus. En ce jour de Pâques il faut y voir également une allusion au tremblement de terre du vendredi saint, au repos du samedi saint, et à la résurrection qui a entraîné le jugement et la défaite définitive de l’ennemi infernal.

Dans les deux premières phrases, la mélodie part du grave et s’élève en un crescendo plein de mouvement, avant de redescendre d’une façon calme et paisible tout en restant dans une ambiance de joie intérieure et mystique. La troisième phrase est un Alléluia. Comme nous l’avons remarqué à l’Introït, les chants de ce jour sont ponctués d’Alléluias, mais ils sont généralement courts. Celui-ci au contraire est assez long ; il se déroule avec souplesse et sans grands intervalles, comme une vision extatique qui ne veut pas finir.

Communion Pascha nostrum

Nous retrouvons dans la Communion du dimanche de Pâques, le texte de saint Paul d’où était tiré le verset de l’Alléluia, mais ici la citation est plus longue :

Pascha nostrum immolatus est Christus : itaque epulemur in azimis sinceritatis et veritatis.
Notre agneau pascal qui a été immolé, c’est le Christ : aussi festoyons avec les azymes de la sincérité et de la vérité.

Dans le contexte, saint Paul oppose ces azymes, c’est-à-dire ces pains sans levain, de sincérité et de vérité, au vieux levain de malice et de fourberie. C’est le symbole de la vie nouvelle à laquelle nous sommes nés dans la fontaine baptismale, rejetant toutes les œuvres mauvaises dont nous avons été lavés par le sang de l’agneau. C’est cette joie et cette pureté de nouveau-né qu’exprime la mélodie d’une simplicité, d’une fraîcheur et d’une légèreté délicieuses.

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