Voici un extrait du message du pape François pour la 27e journée du malade, en cette fête de Notre-Dame de Lourdes :
[…] La vie est un don de Dieu, et comme interroge Saint Paul : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Co 4, 7). Précisément parce que c’est un don, l’existence ne peut pas être considérée comme une simple possession ou comme une propriété privée, surtout face aux conquêtes de la médecine et de la biotechnologie qui pourraient amener l’homme à céder à la tentation de la manipulation de l’« arbre de la vie » (cf. Gn 3, 24).
Face à la culture du déchet et de l’indifférence, je tiens à affirmer que le don doit être considéré comme le paradigme capable de défier l’individualisme et la fragmentation sociale contemporaine, pour établir de nouveaux liens et diverses formes de coopération humaine entre les peuples et les cultures. Le dialogue, qui apparaît comme un présupposé du don, ouvre des espaces relationnels de croissance et de développement humain capables de rompre les schémas établis d’exercice du pouvoir de la société. Donner n’est pas l’équivalent de l’action d’offrir car cela ne peut s’employer que s’il s’agit d’un don de soi et cela ne peut pas être réduit au simple transfert d’une propriété ou de quelque objet. Donner se différencie d’offrir précisément parce que cela contient le don de soi et suppose le désir d’établir un lien. Le don est donc avant tout une reconnaissance réciproque, qui constitue le caractère indispensable du lien social. Dans le don, il y a le reflet de l’amour de Dieu, qui culmine dans l’incarnation du Fils Jésus et dans l’effusion de l’Esprit Saint.
Tout homme est pauvre, nécessiteux et indigent. Quand nous naissons, nous avons besoin pour vivre des attentions de nos parents, et de même, à chaque phase et étape de la vie, chacun de nous ne parviendra jamais à se libérer totalement du besoin et de l’aide des autres, il ne réussira jamais à arracher de soi la limite de l’impuissance face à quelqu’un ou quelque chose. C’est aussi une condition qui caractérise notre être de « créature ». La reconnaissance loyale de cette vérité nous invite à rester humbles et à pratiquer courageusement la solidarité, comme vertu indispensable à l’existence.
Cette conscience nous pousse à une pratique responsable et responsabilisante, en vue d’un bien qui est inséparablement personnel et commun. Ce n’est que quand l’homme cesse de se concevoir comme un monde à part, mais comme quelqu’un qui, par nature, est lié à tous les autres, originellement pressentis comme des « frères », qu’une pratique sociale solidaire, imprégnée du sens du bien commun, est possible. Nous ne devons pas craindre de reconnaître que nous sommes pauvres et que nous sommes incapables de nous procurer tout ce dont nous aurions besoin, car seuls et avec nos seules forces, nous ne parvenons pas à vaincre toutes nos limites. Ne craignons pas de le reconnaître, car Dieu lui-même, en Jésus, s’est abaissé (cf. Ph 2, 8) et il se penche sur nous et sur nos pauvretés pour nous aider et nous donner ces biens que seuls nous ne pourrions jamais avoir. […]