D’Aymeric Pourbaix dans France catholique :
Fixée par le chef de l’État lors de ses vœux aux Français, la feuille de route du nouveau gouvernement se résume en deux mots : le « réarmement civique », qui doit se traduire par le rétablissement de l’autorité. Mais peut-il y avoir un réarmement de la nation sans réaffirmer d’abord ses fondations morales et spirituelles ? Sinon, on est dans l’incantation et la communication, pas dans le réel.
Or, dans le même temps, les mêmes autorités envisagent d’autoriser le suicide assisté et d’inscrire l’avortement dans la Constitution : le 24 janvier prochain débutera à l’Assemblée l’examen du projet de loi sur la constitutionnalisation de l’avortement. Mis à part sept députés courageux et lanceurs d’alerte, notamment sur les risques pour la clause de conscience des médecins, peu se hasardent à s’attaquer à ce totem de la modernité.
Pourtant, cela signifie la poursuite et l’accélération d’une tendance mortifère, définie ainsi par le pape François dans son discours aux diplomates du monde entier, plaidant notamment pour l’interdiction de la GPA : « La diffusion persistante d’une culture de mort, qui, au nom d’une fausse piété, rejette les enfants, les personnes âgées et les malades. »
Pour le Souverain pontife, la recherche de la paix passe donc par des fondements anthropologiques solides. Et ce qui vaut à l’échelle internationale est valable également à l’intérieur d’un pays.
Encore faut-il s’en donner les moyens ! Hubert Védrine, considéré comme expert réaliste des rapports entre puissances, affirme dans Le Figaro que l’Occident n’a plus « la capacité d’imposer ses valeurs ». Faute d’y croire vraiment, ou à force d’en saper les fondements intellectuels et moraux ? Quoi qu’il en soit, cela veut dire que seule la confiance renouvelée et enracinée en ces valeurs constitutives de la civilisation européenne, donc chrétienne, pourra procurer une force suffisante à ce désir de réarmement.
Mobilisation spirituelle
Dans Evangelium vitæ, en 1995, Jean- Paul II avait déjà alerté sur cet obscurcissement des consciences qui conduit à la perte du sens moral : cela commence par l’atténuation du vocabulaire (on parle d’« interruption de grossesse ») pour aboutir à l’inversion complète des valeurs. Au point que désormais, « l’impossibilité morale absolue et grave de la suppression directe de toute vie humaine » défendue par les papes est devenue un bien, et même un droit.
Face à cela, on aimerait que dans l’Église aussi, le réarmement moral gagne tous les esprits, pour soutenir les mouvements qui luttent en faveur de la vie, comme la Marche pour la vie le 21 janvier prochain.
Sans doute faudrait-il également que les pasteurs inscrivent la mobilisation jusque dans sa racine spirituelle. C’est en effet seulement dans la foi dans « l’action créatrice de Dieu », comme le notait Evangelium vitæ, que pourra renaître le désir de vie en Occident.
La défense de la vie biologique s’ancre forcément dans la foi en une vie surnaturelle. Faute de quoi elle demeure un matérialisme.