Tribune de Marie Chazelas :
La classe politico-médiatique se refuse à nommer l’ennemi et ne combat, au mieux, que « le terrorisme ». Politiciens, philosophes et journalistes se comportent comme si le terrorisme n’était pas simplement une arme dont use l’ennemi dans les pays où il n’est pas (encore) implanté, comme il use, là où le prétendu État islamique a conquis des pans de territoire et veut agrandir son domaine ou le défendre, des chars, des avions, des snipers et des drones, ou encore du massacre des civils et de leur utilisation comme boucliers humains. La terreur que l’ennemi fait régner dans certaines zones de nos pays européens où les partisans du djihad ont imposé leur pouvoir, enfermant les femmes dans leurs maisons ou dans la prison de tissu qu’est le voile intégral et interdisant l’accès de ces quartiers aux forces de l’ordre, mais aussi aux pompiers et même aux médecins est une autre de ces armes. Le terrorisme n’est pas l’ennemi, mais une des armes de l’ennemi islamiste.
Mais il n’est pas correct de le dire : il faut faire semblant de croire que les terroristes sont tous des « loups solitaires » (même quand des liens évidents apparaissent entre eux) ou des déments, et que l’idéologie islamiste n’a rien à voir avec leurs actes, si fort qu’ils aient crié « Allah Akbar ! » ou « Mort aux Juifs ! » « Mort aux Croisés (les Chrétiens) ».
Quiconque met cette doctrine en doute est un affreux « islamophobe », un « fasciste », un ennemi du « vivre ensemble ».
Certains, pourtant, secouent le joug de cette doxa politico-médiatique. On voit des Juifs qui affirment tranquillement que quand un Merah tue des petits enfants dans une école juive, quand un Coulibaly attaque les clients d’un Hyper-Casher ou quand un voisin de 27 ans, d’origine malienne, récemment radicalisé en prison, torture et tue une Juive (Sarah Halimi) parce que Juive, il s’agit bel et bien d’antisémitisme, que cet antisémitisme, qui a éliminé les Juifs de nombreux pays musulmans, est consubstantiel à l’islamisme et que la tolérance, l’amour du « vivre ensemble » ne sauraient les obliger à le taire.
Je me demande pourtant pourquoi si peu de chrétiens osent en faire autant. Pourtant, la persécution des chrétiens par l’État islamique n’est pas moindre que la persécution des Juifs et c’est le même verset du Coran (S. I, v. 7) qui condamne les uns et les autres. Les martyrs chrétiens se comptent par centaines et milliers, ceux qui n’ont pas été tués (souvent dans d’atroces tortures) ont dû fuir sans rien emporter, pas même de nourriture ou le moindre argent ; ils sont des centaines de milliers réfugiés dans des régions voisines, au Liban ou en Europe, tandis qu’il ne reste presque plus de chrétiens dans des pays où pourtant leurs ancêtres vivaient des siècles avant que Mahomet entreprenne ses sanglantes conquêtes.
Pourquoi tant de membres du clergé, tant de chrétiens se sont-ils persuadés que la tolérance, la bienveillance, la miséricorde, exigeaient qu’on couvre les crimes musulmans du manteau de Noé et qu’on fasse semblant de croire qu’ils n’existent pas et que, à part quelques brebis égarées, les islamistes sont de doux agneaux, adeptes d’une religion d’amour et de paix ?
Réveillons-nous et reconnaissons l’ennemi pour ce qu’il est : un ramassis d’implacables assassins sadiques et racistes, antisémites, antichrétiens. Et, pas plus que les intellectuels, Juifs pour la plupart, qui dénoncent le silence autour de l’assassinat de Sarah Halimi, nous n’avons le droit de nous taire devant le sort réservé aux Chrétiens par les islamistes.
Les musulmans qui ne partagent pas les vues de ceux-ci devraient prendre la parole haut et fort pour dénoncer leurs actions. Il est vrai que la peur les taraude : selon une étude de l’Institut Montaigne, datant déjà d’une vingtaine de mois, la moitié des jeunes musulmans de 15 à 25 ans vivant en France partagent les opinions antisémites et antichrétiennes des islamistes.
Même s’ils continuent à se taire prudemment, nous n’avons, nous chrétiens ou héritiers de la civilisation chrétienne de l’Europe, pas le droit de nous taire.