Les Britanniques proposent un budget de 847 Mds€, en baisse de 24 Mds par rapport à la proposition luxembourgeoise (et la proposition initiale de la Commission était de 1.025 Mds). L’aide aux nouveaux Etats membres est plafonnée à 150 Mds, soit 14 Mds de moins que dans la proposition luxembourgeoise. En contrepartie, ils acceptent une réduction de leur fameux rabais, et ne conditionnent plus le budget à une réforme immédiate de la PAC.
Il n’y a là aucune réelle concession. Les Britanniques savent très bien qu’il leur aurait été strictement impossible d’imposer une réforme de la PAC. Le coup tordu consiste à faire passer le message aux pays de l’Est que c’est la faute de la France (qui refuse toute réforme de la PAC) s’ils ne reçoivent pas tout l’argent qu’ils espéraient. En ce qui concerne le rabais, le gouvernement britannique claironne à l’extérieur qu’il en accepte une baisse importante, mais à son opinion publique il souligne que le rabais va en fait continuer d’augmenter (en raison de l’augmentation globale du budget due à l’élargissement)…
Mais la combine ne passe pas. Le président de la Commission européenne, Barroso, a déclaré que cette proposition était "inacceptable en l’état". Le président du Parlement européen, Borrell, a conseillé aux Etats membres de "ne pas perdre trop de temps sur une proposition qui n’a pas de chance d’aboutir". La France et la Pologne l’ont rejetée. Le Luxembourg et les Pays-Bas sont dubitatifs, l’Allemagne et l’Italie réservent leur réponse… Dix jours avant le sommet censé prendre une décision, il n’y a pas un seul pays pour approuver la proposition britannique.
Comme la présidence luxembourgeoise, la présidence britannique risque de s’achever sur un échec budgétaire. En réalité, depuis l’affaire de la Constitution, l’UE va d’échec en échec. Ce n’est pas une mauvaise nouvelle, juge Yves Daoudal.