Patrick Dupond, danseur étoile, 58 ans, se confie dans Paris Match sur sa vie privée et sa compagne Leïla de Rocha, 45 ans, qui lui a redonné le sourire après plusieurs "années noires". Partageant sa vie depuis 2004, il dit lui devoir sa métamorphose.
"Nous nous sommes rencontrés alors que j’étais aussi déçu par moi-même que par les autres, mes soi-disant amis. Je venais de prendre la décision de tout quitter pour me reconstruire au Japon. J’avais déjà acheté mon billet d’avion et ceux de mes chiens, Lola et Newton. Ma valise était prête. Leïla m’a téléphoné la veille du départ. Ancienne sportive de haut niveau [la jeune femme a été championne internationale de basket], elle s’était reconvertie dans la danse sacrée orientale à la suite d’une blessure. Elle dirigeait une école de danse, à Soissons, pour laquelle elle souhaitait me rencontrer. Parce qu’elle a su trouver les mots, j’ai accepté un rendez-vous. L’entrevue devait durer trente minutes. A 3 heures du matin, nous n’arrivions pas à nous quitter. Elle m’a confié m’avoir vu danser pour la première fois à l’âge de 9 ans. C’était à Sisteron, dans “La Belle au bois dormant”."
Patrick Dupond estime avoir vécu une bonne partie de sa vie dans le mensonge.
"Danseur étoile à l’Opéra de Paris, puis directeur du Ballet, où j’ai succédé à Rudolf Noureev, j’ai fait quatorze fois le tour de la planète avec les plus grands créateurs, de Maurice Béjart à Roland Petit en passant par Alvin Ailey. Un rythme et des responsabilités qui m’ont amené à une vie totalement autocentrée, alors que la danse se doit d’être un don aux autres. Des années après mon accident, je me suis demandé : “Au fond, ce mec que tu étais avant, l’aimes-tu ?” La réponse était non.
Que lui reprochiez-vous ?
De vivre dans un mensonge. Une parodie de l’amour. Ça m’arrangeait de me mentir à moi-même. En ce qui me concerne, l’homosexualité a été une erreur. Il faut comprendre qu’une vie de danseur étoile international est incompatible avec une vie de couple, car il est impossible d’être disponible à l’autre. Dix-sept mille personnes vous acclament sur scène mais vous n’avez personne avec qui partager ce moment. Quand je rentrais chez moi, j’étais heureux de retrouver mes animaux mais j’étais seul. Ou seul à deux, ce qui revient au même. Je claquais mon argent, je gâtais mon entourage, j’emmenais ma mère partout, mais je n’étais pas heureux. Avec Noureev, il nous arrivait souvent de parler de la solitude."
Cela fait écho aux propos de Pierre Palmade : "Mon homosexualité, je ne l'aime pas, je suis triste…"