Lu sur l'Observatoire du Parlement :
"Les réservations d’hôtels et de trains pour les agents du ministère de l’intérieur ont été centralisées pour faire l’objet d’un marché public. L’argument est de faire des économies par le biais d’achats groupés réalisés par un prestataire unique. L’entreprise qui a remporté le marché public est Carson WagonLits. A l’occasion d’un déplacement, j’ai réalisé une recherche par internet pour connaître au moins les horaires de train et l’emplacement de l’hôtel. J’ai noté les prix. Je suis ensuite passé par la procédure réglementaire. Le prix facturé au ministère par le prestataire a été supérieur à ceux notés sur internet de 30% ! Où est l’économie ? J’ai fait par au service concerné de cet écart de prix. Aucune réponse claire ne m’a été donnée. Je me suis renseigné autour de moi. Les expériences de mes collègues ont confirmé la mienne. Le ministère paye donc tous nos déplacements 30% plus cher que pris individuellement sur le marché !"
Ceci avec l'argent du contribuable.
HB
Pas d’angélisme: Qui touche les pots de vin?
Olivier Saumur
Comparer le prix du billet seulement est focément un peu court et tourne ‘évidemment’ à l’avantage du web.
Dans le prix payé par le ministère il y a aussi une grosse part de service : Carlson Wagon Lit (puisque c’est de cette entreprise qu’il s’agit mais ce pourrait être une autre) fournit un service disponible H24, des opérateurs disponibles en France comme à l’étanger, la possibilité d’acheter tous types de prestatations auprès du même interlocuteur (avion, hotel, voiture, etc…), une facturation unique et centralisée, peut-être des conditions d’annulations ou de modifications de billets que vous n’aurez surement pas sur le web, etc.
Donc qu’il y ait un surcoût lié au service c’est normal.
Par ailleurs, le Ministère a dû travaillé sur Appel d’Offre : que ceux qui pensent pouvoir s’enrichir grassement via la fourniture de services aux Ministères relèvent leurs manches et répondent aux Appels d’offres, ils sont publics.
Bonne chance !
Marie
merci Olivier Saumur : vous recadrez les choses à juste titre.
Il ne faut pas voir des pots de vins partout mais tâcher de regarder “plus loin que le bout de son nez”.
PE
Faut il laisser les personnes prendre leurs responsabilités ou leurs décisions ou confier la gestion de leur vie a des représentants et des planificateurs.
Le ministère de l’intérieur a choisi la seconde solution pour ses réservations de transports et paye 30% plus cher que le marché.
L’erreur ne me semble pas être d’avoir choisi le marché public plutôt qu’internet, mais d’avoir confié à des penseurs en chambre la réflexion sur ce choix. Résultat ils ont choisi une solution qui était peut être la meilleure dans le passé, mais qui ne l’est plus. La confiance dans la prise de responsabilité et l’information des agents aurait été plus profitable. Passer par une grosse structure administrative centralisée comme ce prestataire de transport alourdit aussi le poids mort bureaucratique qui étouffe notre économie.
Explorer la solution chrétienne sociale d’une véritable subsidiarité serait sans doute plus efficace.
lama12
J’ai moi aussi connu, dans le privé, des collègues qui se vantaient de prendre des billets d’avion “low cost”, donc moins chers que ceux fournis par Carson Wagon Lits.
Mais je situerais la question plus en amont:tous les déplacements sont-ils bien justifiés ? Qui signe les ordres de mission ?
Certains “dérapages” au niveau gouvernemental |utilisation d’avions privés, réservation dans des hôtels de luxe] nous ont montré que l’argent du contribuable aurait pu, et du, être épargné.
Robert Marchenoir
“Donc qu’il y ait un surcoût lié au service c’est normal.”
Non. Ce service devrait être offert gratuitement en contrepartie du volume de chiffre d’affaires pratiquement garanti apporté par le ministère de l’Intérieur.
Soit ça, soit ils baissent les prix.
Une fois de plus, cette anecdote montre l’incompétence française (et étatique) en matière économique et commerciale : on fait semblant d’être vertueux (appel d’offres), mais on oublie la moitié du boulot (négocier correctement).
D’autre part, la concurrence en France ne fonctionne pas. L’alignement se fait toujours sur les plus mauvaises conditions, pas sur les meilleures. Et tout le monde trouve ça normal, vendeurs comme acheteurs.
Tant que cette mentalité perdurera, les Français continueront à se plaindre de l’insuffisance de leur “pouvoir d’achat”.
“Fournit un service disponible H24.”
Oui, ça s’appelle le Web, c’est accessible à n’importe qui aujourd’hui. Pas besoin d’être ministre de l’Intérieur. Ce n’est ni un avantage ni une faveur.
“Des opérateurs disponibles en France comme à l’étranger.”
Oooooh, très impressionnant ! Donc je vais avoir une Madame qui va venir physiquement à la porte de mon hôtel dans la jungle amazonienne pour m’apporter les billets (et peut-être plus si affinités) ? C’est ça ? Vous savez que le téléphone a été inventé au XIXème siècle, n’est-ce pas ? Et que la communication téléphonique internationale coûte à peu près zéro aujourd’hui ?
“La possibilité d’acheter tous types de prestatations auprès du même interlocuteur (avion, hotel, voiture, etc…)”
Formidable ! Quel cadeau ! Merci Monsieur Wagons-Lits ! Depuis toujours, l’agence de voyages la plus miteuse dans les pays les plus pauvres du monde propose cela à ses clients. Depuis l’avènement du Web, c’est accessible à n’importe quel érémiste en France (et dans le monde).
“Une facturation unique et centralisée.”
Encore heureux. C’est bien la moindre des choses. Grâce à l’informatique, cela coûte exactement zéro au voyagiste aujourd’hui. Et une facturation unique apporte un énorme avantage au vendeur, encore plus qu’à l’acheteur !
“C’est d’ailleurs , peut-être des conditions d’annulations ou de modifications de billets que vous n’aurez surement pas sur le web.”
Ah. Voilà un avantage concret. Mais celui-là, c’est seulement “peut-être”…
HB
Marie,
Le Ministère de l’Intérieur, indemne de corruption? Peut-être, mais peut-être pas!
Je vais vous décevoir, mais tant pis, il me faut bien vous informer !
Vous dites qu’il ne faut pas voir les pots de vin partout!
Vous avez peut-être raison, mais la corruption est à la base du commerce aujourd’hui.
Quelques exemples vécus:
– J’ai travaillé dans la grande distribution, et j’ai vu qu’elle existait à tous les niveaux: construction des magasins, construction des infrastructures routières, négociations fournisseurs, cadeaux personnels demandés ou offerts.
– J’ai travaillé dans une entreprise familiale et ayant affaire à une administration que la prudence m’interdit de nommer, “on” m’a fait savoir chez quel fournisseur je devais acheter si je voulais avoir l’autorisation d’ouvrir! Allez savoir pourquoi ?
– J’ai un ami maire d’un petit village qui m’a certifié que pour rester clean, il fallait avoir une éthique de fer. Vous imaginez les pressions du maire dans les grandes villes!
– J’ai aussi travaillé dans l’immobilier, c’est le summum: Obligation de payer des repas quotidiens, de remplir des cuves à fioul gracieusement, d’effectuer des travaux astronomiques, de faire des cadeaux de mariage sans mariage, et j’en passe et des meilleurs!
J’ai vu ça de mes yeux, moi seul, alors vous imaginez la réalité en France!
Vous ne saviez donc pas encore que nous vivions dans une république bananière?
Eh oui, adieu le monde des bisounours !
Ah, j’oubliais, la plupart de nos contrats découlaient d’appels d’offre!
Je vous assure que nous les avons tous gagné!
Hasard, compétences? Vous avez le droit d’y croire!
La réalité était que nous savions le prix exact du moins-disant 24h avant le délais limite, ce qui nous permettait de nous placer juste en dessous! Vous devinez bien que ce n’était pas gratuit!
Plus l’entreprise et l’administration sont importantes, plus la corruption l’est !
Mais grande ou petite, elle existe à tous les niveaux.
Le dernier exemple date d’il y a quatre ans.
Ne pensez pas que la France s’est moralisée depuis!
Dernier détail: si je pouvais voir aussi loin que le bout de mon nez, j’y verrais déjà plus loin que beaucoup ;=)
Olivier Saumur
@ Monsieur Marchenoir.
Vous avez quand même une vision un peu binaire et réductrice du marché du voyage :
– d’un côté le web, super efficace, super disponible et super pas cher ;
– de l’autre, des nuls ne sachant pas gérer leurs affaires (le Ministère) ou les outils modernes de l’économie (CWT).
Pour diriger une e-agence de voyage, je peux vous assurer que la réalité est plus complexe que vous ne l’écrivez.
D’ailleurs, étonnament, les entreprises privées, pourtant meilleures gestionnaires de leurs deniers que l’Etat font appel aux mêmes sociétés de voyages d’affaires : la preuve que ces services sont payants mais rentables (car il n’y a pas opposition, bien au contraire).
Je rejoins néanmoins Lama12 lorsqu’il (elle ?) touche du doigt l’utilité et la gestion de certains voyages :
– Planifier un voyage à l’avance est effectivement le meilleur moyen de faire baisser les tarifs. Je ne suis pas sûr que dans son fonctionnement quotidien ce soit la priorité d’un Ministère. Je pense au contraire que l’on y doit réserver et modifier les demandes de déplacements à la dernière minute. Et ceci est extrêmement coûteux.
– Et pour réduire encore les coûts, il convient effectivement de se demander si tel ou tel déplacement est utile, si la présence de tel ou tel collaborateur est indispensable : là est, sans aucun doute, le plus grand réservoir d’économie. Je doute fort, au regard des excès dont la presse se fait écho parfois (uniquement quand l’excès ets vraiment hyper-excessif, sinon…) et connaissant la nature humaine (ne jauge-t-on pas sa puissance politique au nombre de collaborateurs qu’on déplace avec soi ?) que ces économies soient pour demain.
pg
@ Olivier SAUMUR
Vous semblez ignorer que quand on achète en grosses quantités on obtient des rabais, discounts, avantages de trésorerie, etc…. qui permettent de diminuer le prix à l’unité. Le service de réservation centralisée a un coût : mais 30 % de plus ! Dans quelle agence de voyage iriez vous, entre celle qui vous facturerait à + 30 % sa prestation et une autre moins chère, voire proposant des rabais ?
L’Etat une fois de plus est un mauvais gestionnaire. Car l’Appel d’Offre imposait peut-être des conditions telles qu’en effet, le surcoût devenait incontournable ; ou alors la notion de moins disant a été négligée.
Mais apprendre que nos fonctionnaires voyagent à plus 30 % : il y a de quoi se poser des questions.