Avant même sa diffusion aujourd’hui, le magazine « les Infiltrés » suscite des réactions. Il propose ce soir un document choc sur la pédophilie. Or, plusieurs de ces hommes rencontrés par le journaliste ont ensuite été signalés aux autorités.
Laurent Richard, rédacteur en chef des « Infiltrés », s'est fait passer pour « Jessica, 12 ans » sur des messageries réservées aux ados et a été aussitôt contacté par des hommes prompts à multiplier exhibitions et propositions de rendez-vous à caractère sexuel. En caméra cachée, le reporter a pu en rencontrer une dizaine qui pensaient avoir amadoué une fillette. Le journaliste a également infiltré des réseaux d’échanges de fichiers à caractère pédopornographique et recueilli (en caméra cachée) les confidences d’un pédophile québécois déjà condamné à dix ans de prison et récidiviste.
Après un an d'enquête, tous les pédophiles rencontrés ont été dénoncés à la police et ont conduit à 22 arrestations en France et une au Québec. Dominique Pradalié, porte-parole du Syndicat national des journalistes (SNJ) est choqué et rappelle que «la déontologie interdit au journaliste de confondre son rôle avec celui du policier» ! Selon lui, les journalistes doivent donc se taire. Reste à savoir si Dominique Pradalié a critiqué "le silence de l'Eglise"…
Octavius
J’allais le dire. Cette polémique est pour le moins extraordinaire ! Les mêmes qui sont scandalisés du silence d’évèques sont scandalisés de ce que des journalistes aient parlé.
ET si les journalistes avaient enquèté sur des prêtres pédophiles…Qu’est ce qui aurait pris le dessus; l’obligation de protéger les pédophiles ou l’obligation de vouer les prêtres aux gémonies ?
Lama12
Que des journalistes fouillent les poubelles, ou explorent les égouts, pour faire ce qu’ils appellent leur “travail”, c’est leur affaire !
Nous sommes libres de ne pas lire leurs articles, ou regarder leurs émissions.
Je me rappelle le témoignage d’un moine, qui a pris la décision de rentrer au monastère le soir de la mort de Pierre Bérégovoy.Il était photographe de presse, et était monté sur le toit d’un immeuble parisien, pour essayer de photographier Pierre Bérégovoy au Val de Grâce.Durant sa planque, il a compris que le Seigneur n’approuvait pas sa conduite, et l’appelait à son service.
Charette
Les évêques ne sont pas des journalistes !
Ils ont le devoir de faire la lumière sur tous les actes répréhensibles commis dans leur diocèse et qui peuvent tomber sous le coup de la loi.
Quant au journaliste, s’il n’y a pas préméditation de sa part, il a fait son devoir d’être humain, qui est parfois supérieur à la “déontologie” professionnelle. Je pense (peut-être naïvement cher MJ) que s’il y avait réfléchi avant, il aurait plus simplement choisi un autre sujet de reportage.
Casimir
Oui, ils n’en sont plus à une contradiction près!
Lama12, s’ilvousplait, où pouvons nous trouver des renseignements sur ce moine?
marie
Octavius, Lama, Charette, Casimir … sont-ce des speudos masculins ? ………..
C’est un devoir de dénoncer les faits pédophiles !
Les journalistes peuvent et doivent traiter tous les sujets qu’ils désirent !
la Liberté de la presse n’est pas négocialble !
La liberté des enfants de vivre dans un monde libéré de ses pourritures aussi !
Laetitia de M
J’ai envie de dire : mais que fait la police?
Si un journaliste arrive à ce résultat (infiltration, flagrant délit…), alors nos policiers devraient s’y mettre.
Quant à la dénonciation des pédophiles, elle paraît logique pour tout être humain normalement constitué; la tradition des grands reporters, qui enquêtent & informent,l’autorise d’ailleurs, d’autant que nous ne connaissons pas l’identité des personnes présumées, donc le secret professionnel ne saurait être évoqué.
En revanche on aimerait savoir, dans les articles ou les reportages, le lieu de vie et la profession de ces pédophiles, comme pour les prêtres dénoncés : ça aurait au moins le mérite d’être équitable.
croicel
La question que je me pose : pourquoi les policiers ne font pas aussi ce genre d’opération : se faire passer pour une ado pour arrêter les pédophiles ?
Sancenay
on savait depuis Coluche qu’il y avait des “citoyens plus égaux que d’autres” , mais on n’ aurait pas osé penser tout haut que les mêmes pourraient, toute honte bue, revendiquer ostensiblement le droit d’être plus complices que d’autres d’actes de barbarie !
Bruno
Il est intéressant de noter que, pour un même sujet, le traitement médiatique de l’information sera différent en fonction de la personne incriminée.
Dans le cas de la pédophile, par exemple, nous pouvons constater que les médias, des peoples et certains politiques se sont offusqués des accusations, pourtant justifiées, de pédophile contre le ministre de la culture, contre un cinéaste… des message de soutien venant de personnalités politiques de haut rang se sont fait entendre.
En revanche, lorsque ces mêmes actes condamnables sont pratiqués par des prêtres, l’Église a le droit à un déferlement de critiques et condamnations par ces mêmes médias, peoples et politiques.
Octavius
@ Marie, il me semble lire dans votre post une légère contradiction, j’espère me tromper.
J’ai juste dit que certains qui exigent des évèques qu’ils dénoncent les cas de pédophilie exigent que les journalistes ne dénoncent pas les cas de pédophilie dont ils auraient connaissance
Lama12
@ Casimir,
il s’agissait d’un témoignage oral, à la radio.Je n’en ai que le souvenir.Mais il me paraîssait avoir sa place dans un blog catholique, au sujet de la presse.
En effet, ce garçon, qui gagnait sa vie en faisant des clichés de presse, s’est rendu compte sur le toit de l’immeuble sur lequel il se trouvait, du scandale que constituait le fait de photographier un homme sur son lit de mort.
Il pensait à sa vocation, et en a tiré une belle conclusion.
Robert Marchenoir
Les deux situations n’ont rien à voir.
On reproche à juste titre sa passivité à la hiérarchie catholique. Les prêtres coupables étaient sous ses ordres. Il en va de leur responsabilité. C’est leur organisation qui est en cause.
Un journaliste n’a pas à se transformer en policier. La dénonciation de ces pédophiles est ignoble. Le métier d’un journaliste est d’informer le public de façon raisonnablement neutre, en gagnant la confiance de ses sources. Si la confiance de ces dernières est trahie, l’information, nécessaire à une société démocratique, devient impossible.
Toutefois, le journaliste en cause semble avoir commis une faute supplémentaire. On nous parle de caméra cachée. A-t-il même fait état de sa qualité de journaliste ? Rien ne l’indique. Ce genre de reportages avec des méthodes de voyou devient systématique. C’est malsain.
Si le journaliste en question cherche à faire mettre des pédophiles derrière les barreaux, il a la faculté de se présenter au concours de policier. Ou, à la rigueur, de jouer les détectives privés amateurs, puis d’envoyer son dossier à la police. Mais gagner sa vie en étant journaliste, puis en profiter pour dénoncer des gens, est symptômatique de la perte de repères moraux de notre époque.
Notez bien que cette dénonciation n’a été possible que parce que la pédophlie est devenue, dans l’imaginaire collectif, le crime suprême. La réprobation hystérique dont il est l’objet rachète la complaisance généralisée dont bénéficie, de la part des mêmes personnes, tout le reste de la délinquance.
Si l’on approuve cette dénonciation, alors il faut réclamer des journalistes qu’ils dénoncent tous les autres délinquants qu’ils sont amenés à interroger : les trafiquants de drogue, les brûleurs de voitures, les Mesrine, les fumeurs de shit, les cracheurs dans la rue pendant le Ramadan, les immigrés clandestins…
Mais là, bien sûr, s’ils dénonçaient, on agiterait le spectre du pétainisme, ce serait le retour aux zeurléplusombres de notristouâr.
L’hypocrisie est hallucinante.
marie
je rêve : ” la dénonciation de ces pédophiles est ignoble” … non je cauchemarde !!! réveillez-moi ! réveillez-vous ! c’est de l’innocence dont on parle, de l’enfance ! si plus rien n’est sacré même pour un lecteur de Salon Beige “Robert”
tout est perdu.
Lama12
@ Marie
Un vrai journaliste mène son enquète à visage découvert, et se tient prêt à montrer sa carte de presse.
Quand aux dangers que courent les enfants, il est du devoir de leurs parents de les surveiller, et de leur interdire de parler à des inconnus, même (et surtout), s’ils leur paraîssent gentils.
Autrefois, le risque était dans la rue, dans les transports…Internet n’en est qu’un avatar; demain, il y aura autre chose.
marie
Je complète : je croyais qu’il n’y aurait que les pédophiles pour s’indigner d’être dénoncés, apparemment je me trompais, merci Robert de me corriger.
Laetitia de M
@ Robert : il n’y a aucune déontologie, à ma connaissance, qui ne se soumette pas au devoir d’assistance à personne en danger. Par exemple, si un journaliste bien encarté est témoin au cours d’un reportage sur quelqu’un, d’un accident provoqué par cette personne, il doit poser sa caméra, secourir les victimes & relever le numéro de la plaque d’immatriculation (à fournir à la police si besoin) ou donner le nom du responsable, comme tout citoyen.
Dans le cas de rdv avec des pédophiles, pas trop effrayés d’être vus avec des enfants & suite à leur interview justificatoire et scandaleuse, le citoyen a pris le pas sur le journaliste chez cet homme : on ne va pas s’en plaindre quand il s’agit d’enfants à défendre. C’est toute la marge entre la déontologie et la conscience!
Sancenay
à Robert Marchenoir,
si je comprends bien il vaut mieux protéger les pédophiles et leur complices que les enfants victimes: c’est bien cet ordre inversé qui serait “hallucinant” si il devait être tenu pour respectable.
Robert Marchenoir
Bien, bien. Donc, les journalistes qui font une enquête sur les pédophiles doivent dénoncer les pédophiles à la police.
Mais qui d’autre doivent-ils dénoncer ? Et à qui ? Doivent-ils dénoncer les fraudeurs du fisc quand ils font une enquête sur les impôts ? Non ? Mais pourquoi ? C’est mal, de frauder le fisc. Et puis c’est illégal.
Alors qui va en décider ? Le journaliste, suivant ses opinions politiques ? S’il est de gauche, il va dénoncer ? S’il est de droite, il va s’abstenir ?
Un journaliste fait un reportage sur un champ de bataille. Il prend connaissance d’une opération imminente. Cette opération va, vraisemblablement, faire des morts. C’est mal, de tuer des gens. Il y a du sang, les blessés souffrent atrocement, ils agonisent avec leurs tripes à côté d’eux.
Notre journaliste va-t-il prévenir le camp d’en face ? Alors que s’il ne le fait pas, il sait que des gens vont mourir ? (Je vous laisse imaginer ce que sa propre vie pourrait valoir s’il informait l’ennemi.)
Le sentimentalisme qui conduit à de pareils jugements fait bon marché du droit, de la liberté et de la responsabilité.
Quand un policier enquête sur de possibles infractions, il est tenu par des règles de procédure rigoureuses ; il est contrôlé par le parquet ; il doit demander l’autorisation d’agir à la justice à différentes étapes. Tout cela est essentiel pour garantir les droits des éventuels accusés.
Quelles sont les obligations comparables auxquelles le journaliste-dénonciateur se soumet ? Aucune. Il prend sur lui de jouer les justiciers amateurs. Il se donne le beau rôle, sans respecter aucune des contraintes imposées par la loi à la police pour protéger les citoyens.
Vous avez déjà oublié Outreau ? Les suicides consécutifs à de fausses accusations de pédophilie ? On vous dit qu’un journaliste a dénoncé des pédophiles, et vous le croyez sur parole ? Et d’abord, en quoi sont-ils “pédophiles”, ceux qu’il a dénoncés ? Qu’en savez-vous ?
Le journaliste s’est fait passer pour une fille de 12 ans. Il a donc commencé par mentir, par tromper. Que nous dit-on ? Il aurait dénoncé des gens qui “avaient l’intention” de commettre des actes pédophiles. C’est quoi, une “intention” ? De simples fantasmes exprimés par écrit sur Internet, envers une fausse petite fille qui est en réalité un barbu bedonnant ?
Quand des justiciers auto-proclamés commencent à tendre des pièges à autrui pour provoquer des infractions, on rentre sur un terrain extrêmement délicat. Je ne suis pas sûr du tout que la police elle-même puisse légalement se livrer à ce genre de choses, même si c’est courant aux Etats-Unis. En tous cas, c’est extrêmement contestable sur le plan de la liberté et de la justice.
Que je sache, le journaliste incriminé n’a pas allégué avoir été en présence d’une agression sexuelle en train de se commettre sur la personne d’un enfant.
Un type dénonce des gens à la police pour augmenter les recettes publicitaires de sa chaîne et booster sa carrière, et vous pensez sérieusement que cela n’est pas extrêmement dangereux pour votre liberté à vous ?
Il y a plusieurs unités de police et de gendarmerie spécialisées dans la traque de la pédophilie sur Internet, la surveillance des forums, etc. Ce type n’a rien fait que les enquêteurs spécialisés ne sont en mesure de faire et ne font quotidiennement.
Mais si eux se rendent coupables du moindre dérapage au regard de la justice, ils devront en répondre devant leur hiérarchie. Le journaliste ne bénéficie pas de cet encadrement. Son rédacteur en chef le dirige et le sanctionne suivant des normes journalistiques. Il n’est pas officier de police judiciaire. Il ignore tout du code de procédure pénale.
Autant envoyer des joueurs de ping-pong participer à une coupe du monde de foot.
Bien entendu, j’espère que les personnes qui, ici soutiennent ce journaliste, en soutiendraient d’autres si, par exemple, ils s’avisaient d’infiltrer un séminaire, puis de faire des avances homosexuelles aux autres séminaristes, histoire d’en piéger un ou deux en caméra cachée.
Après, il ne devrait pas être bien difficile de leur proposer des images pédérastiques… puis de les dénoncer à la télé… voire à la police… (à condition que la consultation d’images pédérastiques par un adulte soit un délit… vous m’excuserez de ne pas connaître la réponse…). Alors, toujours d’accord pour ce type de dénonciation, aussi ?
Laetitia de M
@ Robert : vous globalisez la dénonciation par les journalistes, y compris en amalgamant la guerre, qui soit dit en passant est une action menée par l’Etat, et non une illégalité, comme l’est la pédophilie. Il devient donc difficile de répondre.
Ensuite, comme argument, vous dénoncez le manque de déontologie de ces mêmes journalistes, qui, selon vous, affabuleraient plus souvent qu’à leur tour & prendraient au piège n’importe qui avec leurs méthodes de cow-boy. Si ce métier est si peu cadré, pourquoi attaquer une action menée pour une fois dans le bon sens, alors que vous citez moultes excès dans le mauvais sens?
Enfin, si par son métier le journaliste n’a aucune limite légale (c’est exagéré de votre part, mais bon), comme citoyen il en a. Dénoncer un pédophile (ou quelqu’un qui se complairait à passer pour tel, pour respecter la présomption d’innocence) parait logique. On peut même imaginer que la Police l’y ait persuadé, à la vue de ce reportage… Laissons la procédure se dérouler, qui seule prouvera la pédophilie de ces personnes.
Que l’information ait pris une place disproportionnée de nos jours, je suis d’accord avec vous. Mais aucune loi contraignante (et il y en a déjà beaucoup!) ne saurait remplacer la conscience de chacun. L’interdiction légale de dénoncer ou l’obligation serait 2 mauvaises choses, 2 excès, qui feraient plus de dégâts que de bien. Il faut bien finalement se reposer sur le discernement de chacun.
D’autant que beaucoup de nos lois sont tellement imparfaites qu’elles poussent plus au putsch qu’à la soumission (ex : l’assistance à personne en danger qui oblige les médecins urgentistes à réanimer des morts, puis à les débrancher une fois le coeur redémarré). On voit bien que la conscience, voire le réalisme, résoudrait mieux certains cas que la Loi.
C’est typiquement le choix de l’Eglise quand elle choisit ou pas la dénonciation ou le jugement civil.
Ce journaliste a choisi de dénoncer, vous lui prêtez des intentions mercantiles, il y a peut-être autre chose. La complaisance de ces pairs aux pédophiles célèbres, ainsi que leur réaction outrée dans ce cas, me pousse à laisser le bénéfice du doute au premier plutôt qu’aux seconds, sans approuver globalement la dénonciation. Ne transformons pas un cas précis en généralité!
Et, avant de nous inquiéter des rumeurs possibles sur l’Eglise (la rumeur est le nouveau martyre de nos prêtres), pensons aux enfants victimes, et maintenant même victimes consentantes, de ces pédophiles.
Noel
Depuis 1992, le secret professionel ne vaut pas dans les cas d’abus sur mineurs. Légalement, ces journalistes devaient donc dénoncer les faits. C’est en vertu de la même loi que Mgr Pican a été condamné en 2001.
Robert Marchenoir
“Soupçonné d’être pédophile, il aurait été tué par ses voisins”
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/04/08/01016-20100408ARTFIG00718-soupconne-d-etre-pedophile-il-aurait-ete-tue-par-ses-voisins-.php
Voilà pourquoi il est monstrueux qu’un journaliste se vante de dénoncer les pédophiles qu’il interroge pour ses enquêtes.